Brexit : pour ou contre, les politiques français constatent que l'Europe est malade
"Catastrophe", "dislocation de l'Europe", "crise majeure"... La classe politique française reste majoritairement "inquiète" à la veille d'un possible Brexit, mais s'accorde sur le besoin de réformer une Europe malade, les eurosceptiques espérant toujours la rupture.
A J-2 du référendum historique sur le maintien du Royaume Uni dans l'UE, François Hollande a réaffirmé mardi 21 son souhait de voir le "in" l'emporter. "Nous souhaitons que la réponse (...) soit la plus confiante dans l'avenir de l'Europe avec le Royaume-Uni", a-t-il déclaré.
Le chef de l'Etat est resté prudent tout au long de la campagne outre-manche, par souci d’éviter d'être accusé d'ingérence, mais a reçu de vives critiques de l'opposition pour son "absence" de position officielle.
A droite comme à gauche, l'anxiété domine et traverse les familles politiques dans un brouillage des habituels clivages que l’on retrouve souvent sur les grands sujets européens. Beaucoup d'élus craignent les conséquences économiques et financières d’un Brexit. Le ministre de l'Economie Emmanuel Macron a prévenu les Anglais que la France serait "intraitable" en cas de sortie. Le porte-parole du gouvernement, Stéphane Le Foll, a aussi averti mardi qu'il n'y aurait dans ce cas "plus de marché unique" pour la Grande-Bretagne.
De leur côté, les ténors du parti Les Républicains (LR) se relaient pour alerter sur les dangers d'une éventuelle sortie. Ce scénario du "pire" pour l'Europe serait une "catastrophe" pour les Britanniques, avait plaidé Nicolas Sarkozy dans Le Monde. Le Brexit "affaiblirait" une Europe "déjà fragilisée", a renchéri Alain Juppé.
"Quelle que soit la décision du Royaume-Uni, l’Europe est malheureusement d’ores et déjà engagée dans une crise identitaire, culturelle et politique, qui ne fera que s’aggraver", ont pour leur part déploré les députés UDI dans une lettre adressée à l'Elysée.
En face, eurosceptiques et souverainistes se réjouissent de ce référendum et espèrent que la rupture aura lieu. Selon une étude de la fondation allemande Bertelsmann, les Français seraient d'ailleurs, dans l'UE, "les plus enclins à dire au revoir à la Grande-Bretagne".
Car le Brexit pourrait accréditer la thèse, défendue notamment par le Front national, selon laquelle une sortie de l’UE est possible sans provoquer de catastrophe majeure. La présidente du FN Marine Le Pen s’est efforcée de ne pas donner de conseils aux Britanniques, mais voit dans ce débat le signe d'une "dynamique forte" vers un "printemps du souverainisme à travers l'Europe". Elle a réitéré son souhait d'un référendum identique dans chaque pays de l'Union.
Brexit ou pas, le référendum est "une bonne nouvelle" pour les souverainistes, a aussi dit le président de Debout la France, Nicolas Dupont-Aignan, qui "espère" que le "out" l'emporte, afin d'"accélérer la décomposition de l'Union Européenne" actuelle.
A gauche de la gauche, Jean-Luc Mélenchon (PG) juge qu'il n’y a pas "que des inconvénients au Brexit”. Ce débat est un "puissant révélateur de l’impasse totale qu’est devenue l’Union européenne, de l’effacement de la France du débat européen confisqué par Merkel, Cameron et les nationalistes", écrit-il sur son blog.
Dans tous les cas, "il y aura un avant et un après" le référendum britannique, admettent les responsables politiques à l'unisson. Tous sont d'accord: l'Union est malade, rongée par les difficultés économiques et la montée des populismes. Ils divergent en revanche sur les réponses à apporter au problème.
Nicolas Sarkozy, persuadé du besoin de "refonder profondément le projet européen”, a évoqué mardi avec Angela Merkel la "nécessité d'un nouveau traité". M. Sarkozy souhaite notamment recentrer les compétences de l'Europe sur l'économie et quelques politiques prioritaires comme l’agriculture ou l’énergie, les autres sujets devant être rendus à la souveraineté des Etats.
A gauche, les députés socialistes ont eux réclamé un "nouvel élan" pour une Europe "plus solidaire", par la voix de leur porte-parole Hugues Fourage, mettant en avant des propositions du PS concernant notamment "un socle commun de droits sociaux", "un impôt européen sur les multinationales" ou encore "une politique européenne commune en matière de défense et de sécurité".
Optimiste, le président du MoDem François Bayrou pense que l'UE "se débrouillera". "D'une certaine manière, on se trouve devant un obstacle qui nous oblige à définir qui nous sommes, comment nous prenons nos décisions, pourquoi nous laissons le peuple en lisière".
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