Burkini : "La sagesse, c'est aussi de ne pas répondre à la provocation", juge le maire d'Antibes Jean Leonetti
Les arrêtés dits anti-burkini sont "faciles à prendre mais très difficiles à mettre en oeuvre", estime le député-maire Les Républicains d'Antibes, seule grande commune du littoral des Alpes-Maritimes à ne pas avoir pris de décision de ce type.
"Aujourd'hui, qu'est ce que c'est qu'un burkini ? Est-ce qu'on peut avoir quelque chose sur la tête ou pas, est-ce qu'on peut rester sur la plage en étant habillé ?... On n'arrive pas à définir exactement ce qui est de la provocation", explique à l'AFP Jean Leonetti.
"Le caractère ostentatoire (d'une tenue) c'est une appréciation relativement floue. Quand est-ce que c'est ostentatoire et troublant l'ordre public et quand est-ce que ça ne l'est pas... C'est une distinction qui est difficile à faire", ajoute-t-il.
Le maire soulève également le problème de "l'espace" dans lequel s'applique l'interdiction : "si le trouble à l'ordre public existe sur la plage, une tenue similaire qui couvre le corps de la femme n'est-il pas aussi trouble à l'ordre public sur le bitume, ou dans les magasins ?"
A Antibes, relate-t-il, "on a fait une inspection des plages, on a trouvé au bout de trois inspections complètes sur Juan-les-Pins une seule personne avec un voile qui accompagnait un vieux monsieur".
"La police m'a dit qu'il n'y avait pas de manifestation, d'acte de provocation ni de réprobation autour, et qu'il n'y avait pas du tout de trouble à l'ordre public", tandis que les commerçants et les représentants des cultes étaient opposés à la prise d'un arrêté, poursuit-il.
"Je ne m'inscris pas en opposition avec les maires qui ont pris un arrêté si dans leur commune ça a posé des problèmes (...) Si j'avais eu des manifestations de masse, provocantes, j'aurais peut-être réagi" comme eux, affirme-t-il cependant.
D'une manière générale, M. Leonetti estime que "la sagesse, c'est aussi de ne pas répondre à la provocation" : "il y a une grande partie de provocation et de test de la part d'une partie de l'islam qui est radicale et qui cherche (...) à créer un climat de guerre civile". "S'il n'y avait pas ce contexte, les attentats, je pense que le problème de la longueur d'un tissu sur les plages ne serait pas survenu".
"En ne prenant pas d'arrêté, je n'approuve pas" le fait de se voiler à la plage, tient à préciser M. Leonetti. "Je considère que voiler le corps de la femme, c'est une pratique choquante (...) une vision évidemment archaïque".
Mais "j'essaie de regarder comment on peut avancer sur ces sujets" sans "partir du détail". Ces arrêtés traduisent "des tensions dans notre pays qui sont bien plus globales que de savoir dans quelle tenue on doit se baigner".
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