CGT : Philippe Martinez, réélu à la tête du syndicat, charge la loi Travail
Philippe Martinez, réélu à la tête de la CGT au Congrès de Marseille, a immédiatement durci le ton contre le projet de loi travail, ouvrant la porte à une "grève reconductible" à partir du 28 avril.
"Philippe Martinez élu secrétaire général de la CGT", a annoncé vendredi l'organisation syndicale sur son compte twitter, avant l'annonce officielle des résultats au millier de délégués présents au 51e Congrès. Ce plébiscite - 95,4% des voix, il était le seul candidat - a été accueilli par une standing ovation sous les cris de "Tous ensemble, tous ensemble".
Le métallo avait pris la tête de la CGT en février 2015, après la démission contrainte de Thierry Lepaon, poussé à la porte après des révélations sur son train de vie. M. Martinez avait alors été choisi mais son élection était intervenue en dehors du Congrès.
Le bureau, direction resserrée composée de dix personnes dont Philippe Martinez, a aussi été renouvelé vendredi, avec trois nouvelles têtes: Catherine Perret, Pascal Bouvier et David Dugué.
Désormais libre de mettre en place une stratégie pour rassembler ses troupes, M. Martinez a ouvert la voie à un durcissement de la mobilisation contre le projet de réforme du code du travail.
Le 28 avril, au soir de la prochaine journée d'actions, "la question de la reconduction de la grève, nous la poserons, les salariés la poseront et ce sera plus évident à condition d'être nombreux, très nombreux pour les arrêts de travail", a scandé Philippe Martinez, sous une pluie d'applaudissements.
"Martinez a fait le choix de donner la parole à la ligne dure de la CGT. C'était un pari pour ressouder les troupes. Mais on n'a pas parlé des vrais sujets" pendant le Congrès, selon un membre du Comité confédéral national, le "parlement" de la centrale.
Le Congrès, grand-messe organisée tous les trois ans, devait être l'occasion de mettre en place une feuille de route pour les années à venir, notamment discuter de la syndicalisation des jeunes ou des précaires, point faible de la première organisation syndicale française.
Il s'est plutôt révélé une tribune contre la politique "libérale" du gouvernement, "à la solde de la finance", les militants actant le divorce avec François Hollande, pour lequel la confédération avait pourtant appelé à voter en 2012.
Au sortir du Congrès, le défi de Philippe Martinez est grand: concilier les différents courants de la CGT, extrême gauche d'un côté, plus ouvert aux réformes de l'autre.
"Notre ligne, elle est claire, c'est de contester, proposer, rassembler et mobiliser", a-t-il déclaré.
Il doit aussi s'atteler à maintenir le leadership de ce syndicat face à la montée en puissance de la CFDT, qui pourrait lui ravir sa première place lors des élections professionnelles en 2017. Et aussi tourner la page de l'"affaire Lepaon" qui a laissé des traces. Présent à Marseille, Thierry Lepaon a été conspué par une partie des délégués.
Les militants ont aussi tourné le dos à la CFDT lors de ce Congrès, dénonçant la politique de "syndicalisme rassemblé" prôné sous l'ère Bernard Thibault, en raison du soutien du syndicat de Laurent Berger au projet de loi travail.
Perçu comme autoritaire, homme de terrain, Philippe Martinez, 55 ans, a fait toute sa carrière à Renault Boulogne-Billancourt où il est entré en 1982. C'est le premier secrétaire général de la CGT sans carte du PCF.
"Il est carré, autoritaire, originaire d'une fédération solide (métallurgie), il a su rassurer les militants dès son arrivée en tenant un discours très à gauche", témoigne un haut responsable de la confédération.
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