Classement Pisa : le niveau des élèves français “parmi les plus bas jamais mesurés” depuis 2000

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France-Soir
Publié le 06 décembre 2023 - 11:34
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Classement Pisa
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La “baisse inédite” du niveau moyen des élèves est encore plus marquée chez les Français, dont les résultats sont, selon l’OCDE, “parmi les plus bas jamais mesurés”. Vive l'Education nationale !
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FRANCE - L'OCDE a publié mardi 5 décembre 2023 son étude Pisa, qui mesure le niveau des élèves de 15 ans dans plusieurs pays à travers le monde. Selon la nouvelle édition de ce classement, les performances des élèves des 81 pays concernés ont enregistré une “baisse inédite” en sciences, en mathématiques et en compréhension de l’écrit. La France, qui se situe comme en 2018 dans la moyenne des pays de l’OCDE, n’échappe pas à la règle et chute particulièrement en mathématiques. Ses résultats sont parmi les plus bas jamais mesurés depuis 2000. La publication de l’étude Pisa intervient peu avant les annonces du ministre de l’Education nationale, Gabriel Attal, visant à réformer le système éducatif français.

Le classement Pisa (Programme international pour le suivi des acquis des élèves), publié tous les trois ans depuis 2000 par l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), est une étude de référence, très attendue par les gouvernements. Cette nouvelle étude est dévoilée avec une année de retard, en raison de la pandémie de Covid.

Le programme scrute les performances des systèmes éducatifs de près de 100 pays à travers le monde, en mesurant les compétences de leurs élèves en sciences, en mathématiques et en compréhension de l’écrit. Pour 2022, 690 000 adolescents de 81 pays et territoires ont été soumis aux exercices, dont 8 000 Français dans 335 établissements.

Le niveau en France en baisse entre 2018 et 2022

Une fois de plus, c’est l’Asie qui domine les débats. Trois pays et territoires du continent sont en tête du peloton. Singapour s’est hissé ces dernières années à la tête du classement, cédée par les quatre provinces chinoises de Pékin, de Shanghai, de Jiangsu et de Zhejiang. La cité-Etat est suivie de près par le Japon, la Corée du Sud et l’Estonie. La Suisse complète le Top 5, devant le Canada, les Pays-Bas, la Belgique ou encore le Danemark, qui figurent eux dans le Top 10. La domination asiatique est encore plus notable en mathématiques, avec Singapour qui caracole en tête, suivi par Macao (territoire chinois), Taïwan et Hong Kong.

La France se trouve à la 23e place du classement. Comme en 2018, l’Hexagone se maintient dans la moyenne des 36 pays de l’OCDE ayant participé aux épreuves. Le niveau des élèves français dans les trois matières avoisine celui de l’Espagne, de l’Allemagne, de la Hongrie ou encore de la Lituanie. Mais la “baisse inédite” du niveau moyen des élèves est encore plus marquée chez les Français, dont les résultats sont, selon l’OCDE, “parmi les plus bas jamais mesurés”.

Paris totalise autant de points en mathématiques (22e) ainsi qu’en compréhension de l’écrit, c’est-à-dire 474 points, un score inférieur aux 487 points enregistrés en sciences (22e). Le score total est de 474 points en 2022 contre 495 en 2012 avec, à chaque fois, cette légère avance sur la moyenne enregistrée au sein de l’OCDE (494 en 2012 et 472 points en 2022). “Le score moyen de la France est stable entre 2012 et 2018 mais baisse de 21,5 points entre 2018 et 2022”, fait remarquer le ministère de l'Éducation, qui souligne que “cette baisse considérable concerne également la grande majorité des 36 pays de l’OCDE” figurant dans le classement. Seulement neufs pays ont réussi à se stabiliser, comme le Japon et la Corée du Sud, la Turquie, l’Australie, le Chili et la Suisse.

“Aucune variation de la moyenne de l’OCDE au cours des évaluations Pisa consécutives jusqu’en 2018 n’a jamais dépassé 4 points en mathématiques et 5 points en compréhension de l’écrit”, souligne l’organisation dans son rapport. Mais dans le Pisa 2022, la moyenne de l’OCDE a chuté de 15 points en mathématiques et d’environ 10 points en sciences comparé aux résultats de 2018. Le score moyen en sciences est, cependant, resté stable. Les baisses sans précédent en mathématiques et en compréhension de l’écrit mettent en évidence l’onde de choc de la pandémie de Covid-19 qui a touché la plupart des pays”, lit-on.

Mais cette baisse “n’est qu’en partie imputable à la pandémie” puisque la tendance était déjà visible depuis une dizaine d’années. Dans ce cas-là, à quoi ce recul est-il dû ? L’OCDE évoque la crise d’attractivité du métier d'enseignant, le manque de soutien aux enseignants et aux élèves et l'implication des parents, moins forte qu'en 2018. A propos de la France, l’OCDE précise qu’il s’agit de “l’un des pays de l’organisation où le lien entre le statut socio-économique des élèves et la performance qu’ils obtiennent au Pisa est le plus fort”.

Attal annonce ses mesures pour redresser la barre

Les résultats de cette étude confirment celles qui ont déjà alerté sur le recul du niveau des élèves français en mathématiques, comme le rapport “L’État de l’école” du ministère de l’Education. Celui-ci évoquait “une baisse très sensible depuis trente ans du niveau moyen et une augmentation des inégalités” scolaires. “Les scores moyens obtenus diminuent continuellement de génération en génération, depuis celle née en 1976”, lit-on.

Peu après la parution du classement Pisa, le ministre de l’Education nationale Gabriel Attal a annoncé des mesures de son “choc des savoirs”, visant à réformer le système éducatif à l’aide de la “méthode Singapour”. Lors d’une conférence de presse, il a évoqué plusieurs questions, parmi lesquelles le redoublement, l’apprentissage de certaines notions ou encore l’accès au lycée.

A propos du redoublement, il s’est engagé à rédiger un décret pour que ce soit l’équipe pédagogique et pas aux familles, comme c’est le cas actuellement qui décidera si un élève refait son année ou pas. Les enseignants pourront, à la place d’un redoublement, recommander des stages de réussite durant les vacances scolaires, dont sera tributaire le passage à la classe supérieure.

A propos de sa “méthode Singapour”, Gabriel Attal souhaite que l’apprentissage de certaines notions, notamment mathématiques, intervienne plus tôt dans la scolarité. Autre point évoqué : l’accès au lycée. Ce passage sera conditionné par l’obtention du brevet à partir de la prochaine rentrée scolaire 2024-2025. Les élèves qui échoueront à l’examen du brevet devront passer par une classe “prépa lycée” pour rattraper leur retard.

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