Critiqué pour son enquête sur Nicolas Hulot, Ebdo assume et se défend

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Par Séverine ROUBY - Paris (AFP)
Publié le 09 février 2018 - 18:12
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Nicolas Hulot le 30 novembre 2017 dans les bureaux des Nations Unies à Genève
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© Fabrice COFFRINI / AFP/Archives
© Fabrice COFFRINI / AFP/Archives

Le magazine Ebdo défend son enquête sur des accusations de violences sexuelles à l'encontre de Nicolas Hulot alors que l'auteure de la plainte, petite-fille de François Mitterrand, a regretté sa médiatisation.

"L'affaire Nicolas Hulot", titre le cinquième numéro de cet hebdomadaire publié vendredi, dans lequel les journalistes Anne Jouan et Laurent Valdiguié révèlent que le ministre de la Transition écologique a fait l'objet d'une plainte pour viol en 2008, classée sans suite pour cause de prescription, et spéculent sur un cas de harcèlement sexuel d'une ex-collaboratrice, qui dément pourtant dans leurs colonnes.

Dès jeudi, avant la sortie en kiosques du magazine, Nicolas Hulot s'est défendu de rumeurs qu'il a qualifiées d'"ignominieuses" et le Premier ministre, Edouard Philippe, l'a assuré de son "soutien".

Dans la presse, les commentateurs ont majoritairement dénoncé l'"emballement" et le "malaise" lié à cette affaire.

"Les éléments tangibles manquent à ce stade. Fallait-il publier ? On laissera chacun à sa conscience", a commenté le directeur de publication de Libération Laurent Joffrin. "Je ressens la même perplexité que Laurent Joffrin", a abondé sur Twitter l'éditorialiste politique de BFMTV Apolline de Malherbe.

L'auteure de la plainte pour viol, qui n'est pas nommée dans Ebdo mais que d'autres médias ont identifiée comme étant Pascale Mitterrand, petite-fille de François Mitterrand et fille de Gilbert, a regretté par la voix de son avocat Michel Dufranc une "tempête médiatique", à laquelle son nom a été "associé contre son consentement".

"Mais elle parle en même temps ! Elle parle à un journaliste, elle sait très bien à qui elle parle, il n'y a pas de piège. Nous avons décidé de protéger cette source et sa famille, mais tout est très clair et très limpide", s'est défendu sur Europe 1 le co-fondateur d'Ebdo, Patrick de Saint-Exupéry.

Me Dufranc a précisé en soirée sur BFMTV que sa cliente avait accepté de répondre aux journalistes d'Ebdo qui "avaient déjà toutes les informations", "après avoir eu la garantie que son nom n'apparaîtrait pas". Si elle n'avait pas parlé, "il n'est pas exclu de penser que ces journalistes auraient pu relater les faits en n'hésitant pas à faire apparaitre son nom", a-t-il ajouté, notant qu'"elle ne regrette pas d'avoir parlé".

- 'Prendre des risques' -

Pour Patrick de Saint-Exupéry, "il n'y a aucun doute" sur le fait qu'il fallait publier l'enquête. "Nous avons une information recoupée par une source directe et plusieurs témoignages de la famille, qui est confirmée, à savoir : il y a dix ans, une plainte pour viol a été déposée contre Nicolas Hulot", a-t-il détaillé, soulignant qu'une plainte pour viol ce n'était "pas anodin".

"Nous sommes journalistes, nous avons une information confirmée. Si vous ne la mentionnez pas, vous faites quoi? C'est le travail du journaliste de dire. Vous pouvez trouver que c'est dérangeant, bien sûr que c'est dérangeant, mais c'est une information", a-t-il insisté.

"A part une caméra de surveillance, la preuve d'une agression sexuelle n'existe pas. (...) Le journalisme, parfois c'est prendre des risques. On devait écrire cette histoire", a également estimé Anne Jouan sur TMC, assurant avoir été contactée par d'autres femmes pour des faits similaires. Interrogé par l'AFP, Ebdo a indiqué que les deux journalistes poursuivaient leur enquête.

"Dans cette tempête, les interrogations de certains d'entre vous sont légitimes", a toutefois noté le co-fondateur d'Ebdo Laurent Beccaria dans un mail adressé vendredi soir à ses lecteurs, assurant que le magazine avait "pesé le pour et le contre, longuement" avant de publier.

"Le visage d'Ebdo qui apparaît sur la place publique n'est peut-être pas celui dont vous rêviez. Nous en sommes désolés", ajoute-t-il, évoquant des "choix difficiles que parfois il faut faire, quitte à mettre en jeu sa réputation et la vie même du journal".

Côté politique, Nicolas Hulot a reçu le soutien de plusieurs membres du gouvernement dont la ministre de la Santé Agnès Buzyn qui a dénoncé des "insinuations" portées par un tout jeune journal qui "cherche à faire le buzz" afin "d'être connu des Français".

Sur les réseaux sociaux, des internautes tournaient l'affaire en dérision avec le hashtag #Balancetarumeur, qui était parmi les plus tweetés vendredi.

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