"Gilets jaunes" : cartographie d'une France en colère
Qui sont les "gilets jaunes"? Alors que le mouvement dure depuis près d'une semaine, il est encore difficile de définir son identité ou même ses revendications. De nombreux sujets relevant du pouvoir d'achat, des impôts ou des services publics se sont greffés à la contestation initiale sur les prix de l'essence.
Pour tenter de donner un éclairage, le géographe Hervé Le Bras, directeur d'études à l'EHESS (Ecole des hautes études en sciences sociales), s'est penché sur l'aspect géographique de la mobilisation et a livré ses conclusions à L'Obs. Selon lui, la mobilisation (en fonction de la population) est plus importante dans la "diagonale du vide", une bande s'étalant des Ardennes aux Pyrénées particulièrement peu peuplée.
Il en tire deux conclusions, la première étant qu'on ne peut résumer les "gilets jaunes" à l'électorat de droite ou d'extrême droite. "Ça ne veut pas dire qu’il n’y a pas des membres du RN qui ont porté le gilet jaune mais ce n’est pas du tout la géographie de l’électorat RN".
Selon une étude du démographe Hervé Le Bras, les français les plus mobilisés dans le mouvement des #GiletsJaunes habitent dans la « diagonale du vide » (jusqu'à 6% de la population de la #Nièvre était mobilisé, soit 12.000 habitants sur un total de 210.000 !) pic.twitter.com/NKyiz4hRDh
— Picsou73 (@Picsou_73) 21 novembre 2018
Pour Hervé Le Bras, cela montre aussi la différence de revendications qui peut exister au sein du même mouvement. Les habitants de ces zones désertées sont en demande de plus de service public, ce qui suggère plus d'impôts. "Il y a moins de riches dans la diagonale du vide mais il y a aussi moins de pauvres", note le géographe. Ce n'est donc pas le prix de l'essence qui y motive le plus les "gilets jaunes".
A l'inverse, dans les zones urbaines et périurbaines: "Ces gens ne sont pas pauvres mais sont dans des situations très fragiles. Quand un paramètre comme le prix du carburant change, ils n’ont plus de réserve", note Hervé Le Bras. Une différence de besoin qui peut expliquer les revendications hétérogènes du mouvement.
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