GPA, PMA, théorie du genre : que veut encore la Manif pour tous ?
La Famille, la famille, la famille. Difficile Porte Dauphine à Paris d'entendre une phrase qui n'y fait pas référence chez les membres de la Manif pour tous. Le mouvement né de la contestation du Mariage pour tous en 2012 y lançait ce dimanche 16 sa septième manifestation nationale.
"La Manif pour tous entre en campagne pour la famille" , a lancé devant la presse sa présidente Ludovine de la Rochère, en guise de préambule à une diatribe contre "la déstabilisation de la famille" et pour "l'intérêt de l'enfant".
Le mouvement demande toujours l'abrogation de la loi sur le Mariage pour tous. Exigence à laquelle sont venues s'ajouter la contestation du recours à la procréation médicalement assistée pour les couples lesbiens (rebaptisée "PMA sans père"), de la gestation pour autrui (GPA, les mères porteuses) et de l'imposition prétendue de la théorie du genre à l'école. Autant de mesures que chercherait à imposer le gouvernement, du moins selon le mouvement. La guerre de l'information est déclarée. Pour celle des chiffres, les autorités évoquent environ 24.000 manifestants, les organisateurs 200.000.
En effet, la ministre des Familles Laurence Rossignol a déclaré être favorable à la PMA pour les couples lesbiens, mais à titre personnel. En terme de GPA, l'inscription à l’état civil français des enfants nés d’une mère porteuse à l’étranger a remobilisé la Manif pour tous sur la question. Plusieurs slogans dénonce cette "marchandisation" du corps, "esclavage" de la femme et "trafic d'enfants". Cela alors que le gouvernement a régulièrement nié vouloir légiférer sur la question, et qu'autoriser la GPA n'impliquerait pas obligatoirement un échange d'argent.
Mais pour Ludovine de la Rochère: "il y avait forcement ces pratiques derrière la loi Taubira", dès lors qu'un "droit à l'enfant" - terme utilisé par le mouvement mais contesté par les juristes- a été reconnu aux couples de même sexe.
Quant à la fameuse théorie du genre qui a connu une nouvelle polémique suite aux déclarations du pape François, Najat Vallaud-Belkacem a beau marteler qu'elle n'est pas enseignée à l'école, la Manif pour tous martèle, elle, le contraire. A savoir que les manuels scolaires affirment "que nous ne pouvons pas nous déclarer masculin ou féminin".
Les deux camps s'accusent de désinformation. Mais les manifestants venus d'un peu partout en France -et en famille comme l'indique le nombre d'enfants qui brandissent des drapeaux- ont clairement choisi qui croire.
Pierre-Louis, Augustin et Geneviève -18 ans tous les trois- expliquent être venus de Vendée pour "montrer qu'on est présent contre ce qui se passe contre la famille, la matérialisation de l'enfant et le bouleversement du schéma familial".
Même son de cloche pour Françoise, mère de famille orléanaise venue pour que le gouvernement "arrête de nous imposer le genre à l'école, pour l'abrogation du Mariage pour tous". "Priver un enfant de père ou de mère c'est lamentable. Déjà les enfants adoptés passent par la recherche de leur parent. Ça suffit de dire dans les manuels scolaires aux enfants qu'ils peuvent être un garçon ou une fille", argumente-t-elle dans une parfaite reprise des propos de Ludovine de la Rochère.
Face aux démentis du gouvernement sur la GPA ou la théorie du genre, les exemples précis sont plus durs à trouver. Certains manifestants évoquent une volonté de mettre en place ces mesures "insidieusement". "Quand on voit qu'ils veulent donner la nationalité française (la reconnaissance à l'état civil, NDLR) aux enfants nés de la GPA à l'étranger...", lâche une manifestante qui y voit l'arrivée de la gestation pour autrui "à petits pas". Mais la lutte contre le "démantèlement de la cellule familiale", une "idéologie au détriment de la famille comme institution" et la "défense de la famille" restent la principale raison -assez difficile à définir- invoquée à ce déplacement. La famille, la famille, la famille.
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