Guerre d’Algérie : du retour de De Gaulle à l’indépendance (1958-1962)

Auteur(s)
Maxime Macé
Publié le 01 novembre 2014 - 15:52
Mis à jour le 06 novembre 2014 - 17:32
Il y a 60 ans, le 1er novembre 1954, la "Toussaint rouge" marquait le début de la guerre d’Algérie. Seconde partie de l'historique de ce conflit, de 1958 à 1962.

Depuis 1954, la guerre d’Algérie fait rage. Les évènements du 13 mai 1958 ont montré l’impossibilité de la IVe République à faire face à la crise. La fracture se fait de plus en plus dure entre la métropole et l’Algérie.

Rappelé officiellement au pouvoir par le président de la République René Coty, le général de Gaulle est investi à la présidence du Conseil par l'Assemblée nationale le 1er juin 1958. Il sort de sa "traversée du désert" débutée en 1946. Le lendemain, il reçoit les pleins pouvoirs civils et militaires et obtient, le 3 juin, le droit de réviser la Constitution. La guerre d'Algérie est, bien entendu, le principal problème politique qu’il doit gérer à son retour au pouvoir.

Le lendemain de son investiture, il se rend à Alger, lors d’un voyage triomphal, où il prononce son très ambigu "Je vous ai compris" mais également "Vive l’Algérie Française", qui déchaîne l'enthousiasme des foules. Il propose le 1er septembre une "paix des braves" au FLN, qui la refuse catégoriquement.

En septembre 1959, De Gaulle franchit une nouvelle étape en reconnaissant à l'Algérie le droit à l'autodétermination, qu'il définit progressivement en parlant, en 1960, d'"Algérie algérienne" puis de "République algérienne" avant d'aboutir à l'idée d'un "Etat algérien souverain" qui conduira aux accords d'Evian en 1962. Cette décision rend furieux les partisans de l’Algérie française, qui considèrent désormais le Général de Gaulle comme un traître.

Les nouvelles annonces en faveur de l’autodétermination de l’Algérie conduisent les plus fervents défenseurs des colons français à se radicaliser. Cela débouche sur la "semaine des barricades". Le 24 janvier 1960, les leaders activistes partisans de l'Algérie française organisent à Alger des manifestations qui débouchent sur un échange de tirs avec les gendarmes mobiles chargés de les disperser, qui feront 14 victimes. Les insurgés se retranchent dans des réduits symboliques pour obliger l'armée à se prononcer contre la politique de De Gaulle. C’est un échec, ils déposeront finalement les armes le 1er février.

L'opinion métropolitaine condamne cette tentative de putsch et le général de Gaulle, qui a convaincu l'armée de lui rester fidèle, sort grandi de cette nouvelle crise. Le fossé entre Français d'Algérie et ceux de la métropole s'accroît encore.

Le putsch des généraux

Cependant, les Français d’Algérie favorables au maintien du pays dans le giron français ne désarment pas pour autant. L'alerte la plus sérieuse a lieu le 21 avril 1961 lorsque les généraux de réserve Salan, Challe, Jouhaud et Zeller tentent un putsch à Alger et envisagent une opération militaire en métropole, considérant que le président De Gaulle abandonne l'Algérie française.

Les soldats du contingent refusent de suivre les insurgés et De Gaulle, qui s’est attribué les pleins pouvoirs, condamne fermement l’insurrection lors d'une intervention télévisée: "J'ordonne que tous les moyens, je dis: tous les moyens, soient employés pour barrer la route à ces hommes-là". Progressivement, les troupes ayant suivi les putschistes se rendent.

Le 25 avril, Challe se rend, tandis que ses trois acolytes entrent dans la clandestinité. Désormais, les activistes qui luttent contre l'indépendance se retrouvent dans l'Organisation armée secrète (OAS). Entre mai 1961 et juillet 1962, cette organisation terroriste multipliera les attentats à la bombe et les assassinats, sans succès tant l’accession à l’indépendance de l’Algérie est inéluctable.

Le 17 octobre 1961, une manifestation non-violente, rassemblant des Algériens vivant en France et leurs sympathisants, est organisée par le FLN à Paris. Elle donne lieu à une répression sanglante sous la responsabilité du préfet de police Maurice Papon. On dénombre entre 100 et 200 morts.

Les accords d’Evian

Les accords d'Evian sont signés entre le Gouvernement français et le Gouvernement provisoire de la République algérienne (branche politique du FLN), le 18 mars 1962, entraînant le cessez-le-feu dès le lendemain avant d'être approuvés massivement par les Français, le 8 avril 1962 (90% pour le oui au référendum) puis soumis aux Algériens (1er juillet 1962), qui le valident à 99,7%. La France reconnaît la souveraineté de l'Etat algérien, mais conserve un statut privilégié, notamment sur le Sahara et ses ressources pétrolières et en conservant sa base militaire de Mers-el-Kébir. Le 5 juillet, l'Algérie est indépendante.

En contrepartie, la France s'engage à aider économiquement l'Algérie en continuant de réaliser le plan de Constantine de 1958 (attributions de terres, construction de logements, scolarisation…).

L'Algérie, fraîchement indépendante, est en proie aux divisions. Le 25 septembre 1962, Ferhat Abbas, affaibli, proclame la République algérienne démocratique et populaire. Ahmed Ben Bella en est élu le premier président de la République, le 15 septembre 1963.

La fin officielle de la guerre d'Algérie en 1962 ne marque pas pour autant la fin des souffrances de dizaines de milliers d'hommes: en Algérie les Harkis (musulmans engagés dans l'armée française) sont arrêtés ou massacrés, en France les Pieds-Noirs (Français nés en Algérie) sont accueillis comme des parias en métropole. Soixante ans après, dans ces deux communautés, la blessure reste ouverte.

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