Jean Castex rencontre le pape François dans un contexte houleux
Prévue de longue date, cette rencontre entre le Premier ministre et le Pape, lundi 18 octobre à Rome, survient à la suite des révélations du rapport Sauvé sur les abus sexuels dans l’Église de France et la polémique autour du « secret de la confession ».
Le rapport Sauvé au cœur de la rencontre
Ce devait être une rencontre dédiée à la célébration du centenaire du rétablissement des relations diplomatiques entre la France et le Saint-Siège. Elle s’est finalement tenue dans un contexte explosif pour l’Église de France, accablée par les conclusions de la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église (Ciase). Présidée par le haut fonctionnaire Jean-Marc Sauvé, elle décompte 216 000 mineurs agressés par un prêtre ou un religieux en France depuis les années 1950, 330 000 en comptant les agresseurs laïcs en lien avec les institutions de l’Église.
Reçu en audience privée par le souverain pontife, Jean Castex a « évoqué évidemment la situation de l'Église en France, le rapport Sauvé », a-t-il déclaré lors de la conférence de presse qui a suivi la rencontre. "Son discours consiste à dire que c'est courageux de la part de l'Église de France d'avoir fait son travail. Il fait confiance à l'Église de France pour tirer les conclusions. Il se réjouit qu'il n'y ait pas de déni."
Le chef du gouvernement a par ailleurs réaffirmé que « la séparation de l'Église et de l'État, ce n'est en aucun cas la séparation de l'Église et de la loi ».
Faire concilier le secret de la confession avec le droit pénal
Il a aussi été question, durant cette audience, de la brûlante question du « secret de la confession ». Interrogé par FranceInfo suite à la parution du rapport Sauvé, le président de la Conférence des évêques de France (CEF), Emmanuel de Moulins-Beaufort, l’avait jugé « supérieur aux lois de la République ». Face au tollé, il avait finalement rétropédalé et évoqué une « formulation maladroite ».
« Ce n'est pas un scoop : l'Église ne reviendra pas sur le dogme du secret de la confession. Mais, il faut à tout prix trouver les voies et moyens pour concilier cela avec le droit pénal, le droit des victimes, a ajouté le chef du gouvernement, a déclaré Jean Castex. [Le pape] en a tout à fait conscience. C'est un travail au long cours. »
Le pape François a déjà exprimé sa « honte » et sa « douleur » à la suite du rapport Sauvé. Depuis 2013, année de son élection, il a fait de la lutte contre les violences sexuelles – « instrument de Satan » - une des priorités de son pontificat.
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