La prime au détriment du salaire ? les syndicats critiquent le cadeau Macron

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Par Elisabeth ROLLAND, Estelle PEARD - Paris (AFP)
Publié le 22 décembre 2018 - 08:14
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Les syndicats auraient préféré une hausse des salaires plutôt que le versement de la prime exceptionnelle
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© OLIVIER HOSLET / BELGA/AFP
Les syndicats auraient préféré une hausse des salaires plutôt que le versement de la prime exceptionnelle
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Elle sera nette, sans cotisations sociales, ni impôt sur le revenu, mais dans les entreprises, les syndicats auraient préféré une hausse des salaires plutôt que la prime exceptionnelle que le président Emmanuel Macron souhaite voir versée par les employeurs "qui le peuvent".

Les entreprises pourront distribuer cette prime jusqu'au 31 mars. Elle sera totalement exonérée jusqu'au montant maximum de 1.000 euros et réservée aux salariés payés moins de trois fois le Smic (soit 4.563,66 euros bruts en 2019, ou 3.600 euros nets environ). Jusqu'au 31 janvier, l'employeur pourra décider seul de l'accorder. Ensuite, il devra négocier un accord d'entreprise avec les syndicats.

Avant Noël, plusieurs grands groupes privés, comme le leader mondial du luxe LVMH, ou des entreprises publiques, comme la SNCF, ont déjà annoncé le versement de cette prime exceptionnelle.

Les montants varient selon les entreprises - 300 euros aux Galeries Lafayette, 500 chez Veolia, 1.000 au Crédit mutuel ou 1.500 chez Total - et souvent selon les revenus des salariés - chez Essilor, 800 ou 600 euros en fonction du salaire jusqu'à 3.500 euros bruts mensuels.

Mais comme ces centaines de salariés du commerce qui ont manifesté mercredi à Paris, à l'appel de la CGT, les syndicats préféreraient voir des hausses pérennes des salaires sur les fiches de paie, plutôt qu'une prime reçue une seule fois. "On veut vivre dignement de notre travail", résume Amar Lagha, secrétaire général de la CGT commerce.

Chez Michelin aussi, "on demande plus de salaire" pour avoir plus de pouvoir d'achat, indique Michel Chevalier, délégué CGT. Le géant du pneumatique versera en janvier une prime exceptionnelle de 250 à 750 euros à ses salariés français gagnant moins de 34.000 euros annuels.

"Ce n'est pas ça qui va changer les choses", dénonce M. Chevalier. Car "il n'y a pas eu de réelles négociations sur les salaires chez Michelin depuis plusieurs années". D'ailleurs les hausses de salaires obtenues mi-décembre, lors de la dernière négociation annuelle obligatoire (NAO), couvrent à peine l'inflation, reproche-t-il.

- "Rattraper du pouvoir d'achat" -

À la SNCF, "sans augmentation générale des salaires" depuis quatre ans, la prime exceptionnelle "ne répond absolument pas aux problématiques du pouvoir d'achat", regrette Laurent Brun, secrétaire général de la CGT-Cheminots. Le groupe ferroviaire offre dès décembre 400 euros aux salariés touchant jusqu'à 1,5 fois le Smic, 200 euros à ceux recevant entre 1,5 et 2 Smic.

Cette prime "ne garantit pas le rattrapage du pouvoir d'achat des cheminots", déplore Roger Dillenseger, secrétaire général de l'Unsa ferroviaire. Une prime "insuffisante pour redonner du souffle au pouvoir d'achat" mais aussi "au dialogue social", renchérit Sébastien Mariani (CFDT-Cheminots). "On est loin du compte", il faut "une véritable négociation salariale", réclame SUD-Rail.

Autre groupe public de transport, même prime et même constat: à la RATP, ces 400 ou 200 euros sont "loin d'être satisfaisants", critique Thierry Babec, secrétaire général de l'Unsa-RATP. Surtout "au regard de la bonne santé financière de la RATP", affirme Bertrand Hammache (CGT).

Chez Auchan, la CFDT prévient qu'une telle prime "ne doit pas se substituer à la NAO" sur les salaires, ni aux éléments de rémunération "variables de 2019".

Des craintes partagées chez PSA. "On pense que la direction va réfléchir à budget égal, il y a un risque que la prime vienne empiéter sur le complément d'intéressement versé habituellement en avril", s'inquiète Patrick Michel, syndicaliste FO. Lors des négociations prévues début 2019 avec la direction, les syndicats devront "faire comprendre à la direction qu'il faudra aller bien au-delà de ce qu'on a obtenu l'an dernier" avec le supplément d'intéressement, considère Franck Don, de la CFTC.

À La Poste, qui offre 300 ou 200 euros selon les salaires des postiers, "nous avons eu l'engagement que cette somme ne serait pas +retirée+ de l'enveloppe globale" des NAO, indique Stéphane Chevet de la CFDT. Mais, prévient-il, "la CFDT sera très attentive dans les négociations à venir".

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