Les syndicats d'agriculteurs menacent de nouvelles actions

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Par Baptiste PACE, Sofia BOUDERBALA et Marine DO-VALE - AFP
Publié le 13 février 2024 - 19:15
Cet article provient directement de l'AFP (Agence France Presse)
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F. Froger / Z9, pour FranceSoir
F. Froger / Z9, pour FranceSoir

Dix jours après la levée des blocages, Gabriel Attal retrouve mardi à Matignon les représentants de la FNSEA et des Jeunes agriculteurs (JA), qui maintiennent la pression sur l'exécutif à moins de deux semaines du Salon de l'agriculture.

Le Premier ministre reçoit ces syndicats à 16H30, en compagnie du ministre de l'Agriculture Marc Fesneau et de la nouvelle ministre déléguée, Agnès Pannier-Runacher.

Dans la foulée, les présidents de la FNSEA et des JA, Arnaud Rousseau et Arnaud Gaillot, tiendront une conférence de presse à 20H00.

Emmanuel Macron recevra, lui, la Coordination rurale et la Confédération paysanne mercredi, avant la FNSEA et les JA "la semaine prochaine". Comme avant chaque Salon de l'agriculture, qui s'ouvre le 24 février à Paris, a précisé l'Élysée.

Mais le contexte est particulier cette année.

"On comprend que tout ne va pas se faire en trois jours. Mais le président de la République, il ne va pas falloir qu'il arrive seulement avec de beaux discours au Salon de l'agriculture", a prévenu Arnaud Rousseau. Il a dit à l'AFP attendre de Gabriel Attal "un rendez-vous tous les mois" pour "avancer" sur "des cas concrets", estimant que "le rythme" actuel des réponses gouvernementales "n'est pas le bon".

Cette crise du monde agricole, nourrie par une profonde désespérance des campagnes face à l'incapacité de dégager "un revenu décent" et un quotidien corseté par une myriade de normes et contraintes administratives, est la plus grave depuis 30 ans, estime la FNSEA.

Au bout de deux semaines de blocages, les manifestants ont levé le camp début février après trois salves d'annonces du gouvernement, dont plus de 400 millions d'euros de mesures d'urgence. Mais les syndicats n'entendent pas relâcher la pression sur des sujets aussi sensibles que la simplification administrative, l'utilisation des pesticides ou encore l'élevage.

La base reste éruptive, à l'image du coup d'éclat des producteurs de lait indépendants venus mardi matin sur l'esplanade des Invalides à Paris avec une poignée de tracteurs, leur chef de file Adrien Lefevre promettant "d'autres moments forts de mobilisation". Une cinquantaine d'éleveurs se sont eux rassemblés devant Bercy, avec trois brebis, estimant être "les grands oubliés de l'exception agricole" alors que les aides aux éleveurs "concernent surtout les bovins".

"Réunion de courtoisie"

Les agriculteurs sont "prêts à repartir à l'action" si les réponses ne sont "pas au niveau des attentes, qui sont très fortes", a mis en garde le patron de la puissante FNSEA, qui attend des détails concrets sur "le grand plan Elevage" promis par le gouvernement.

Emmanuel Macron "a peur de faire un mauvais salon", du coup il reçoit les agriculteurs "à toute vitesse", a dénoncé le vice-président du Rassemblement national, Sébastien Chenu, sur BFMTV et RMC, accusant l'exécutif d'avoir "menti" pour calmer la colère.

Figure emblématique de la Coordination rurale, 2e syndicat, Serge Bousquet-Cassagne sera au rendez-vous de mercredi à l'Elysée, qu'il qualifie, auprès de l'AFP, de "réunion de courtoisie".

"C'est aujourd'hui que tout se décide, j'espère pas dans la cogestion habituelle depuis 30 ans, c'est-à-dire uniquement le gouvernement, la Fédé (FNSEA) et les JA", a-t-il taclé, affirmant que son syndicat bataillait pour être aussi de la rencontre à Matignon, "comme juge de paix".

La Confédération paysanne est, elle aussi, "choquée" du traitement différencié des syndicats, affirmant que tous ne sont pas reçus dans les préfectures, où s'enchaînent les réunions pour compiler les arrêtés méritant simplification.

Outre le rendez-vous de Matignon, le duo de ministres de l'Agriculture verra "dans la semaine chacune des organisations syndicales", notamment pour évoquer un projet de loi visant à favoriser la transmission d'exploitations et l'installation de nouveaux agriculteurs, selon leur entourage.

Ce texte, reporté pour être enrichi face à la crise, devrait être présenté en Conseil des ministres fin février pour un vote "d'ici" juin, a-t-on ajouté de même source.

Tous les syndicats agricoles attendent un engagement plus fort du gouvernement pour éviter une "concurrence déloyale". Ils veulent voir limitées les importations produites suivant des normes environnementales moins-disantes, notamment pour la viande et le soja sud-américains, les céréales et le sucre ukrainiens.

Jachères

Parmi les sujets sensibles, tant pour les agriculteurs que les défenseurs de l'environnement, figure le suivi des usages de pesticides, remis sur la table lundi.

Huit ONG environnementales ont quitté une réunion du Comité d'orientation stratégique et de suivi du plan Ecophyto avec le gouvernement.

Ce plan, qui vise une réduction de moitié de l'utilisation des pesticides d'ici à 2030 (par rapport à 2015-2017), a été suspendu par Gabriel Attal "le temps de mettre en place un nouvel indicateur". Une décision qui a satisfait les syndicats agricoles majoritaires et consterné les associations environnementales.

Rare motif de satisfaction, la FNSEA a salué mardi l'adoption par la Commission européenne d'une exemption partielle aux obligations de jachères pour 2024, une revendication-clé des récentes manifestations agricoles en Europe.

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