Macron devant le Congrès pour fixer le cap de son quinquennat
C'est le grand discours programmatique de son mandat : Emmanuel Macron monte lundi à la tribune du Congrès, dans le cadre fastueux du château de Versailles, pour fixer les "priorités" de son quinquennat à la veille de la déclaration de politique générale du Premier ministre, ainsi devancé.
Attendu à 15H00, le chef de l'Etat s'adressera pendant près d'une heure aux deux chambres du Parlement réunies, "l'occasion de livrer sa vision du mandat qui s'ouvre, d'évoquer son action, les défis qu'il entend relever mais aussi sa lecture des institutions", explique-t-on à l'Elysée.
Cette adresse solennelle aux parlementaires et, à travers eux, aux Français, a vocation à devenir un "rituel" annuel, "conformément à un engagement de campagne", ajoute l'entourage du président. A l'issue, Emmanuel Macron quittera l'hémicycle pour faire place à un débat sans vote.
Selon le porte-parole du gouvernement Christophe Castaner, il s'agira d'une sorte de "discours sur l'état de l'Union" comme celui prononcé chaque année par le président américain. Au chef de l'Etat, "les grandes orientations", au Premier ministre, leur "mise en oeuvre", a-t-il résumé.
Première expression à large spectre d'un mandat entamé depuis un mois et demi, l'événement sera suivi avec d'autant plus d'attention qu'Emmanuel Macron a déjà fait savoir qu'il ne se prêterait pas à la traditionnelle interview du 14 juillet.
"Sylvain Fort, la plume du président, est à la manœuvre pour l'écriture" de ce discours mais le chef de l'Etat y travaillera "jusqu'au dernier moment", précise-t-on encore.
- Boycott et manifestations -
L'évolution des institutions pourrait représenter un "élément important" du propos présidentiel.
Le président de l'Assemblée nationale, François de Rugy, a ainsi estimé que la réduction envisagée du nombre de parlementaires et l'introduction d'une dose de proportionnelle dans le scrutin législatif "fait partie des grandes orientations qu'il faut fixer tout de suite et dire tout de suite quelles sont les échéances".
"Je crois que le président de la République a l'intention de le faire cet après-midi, de donner une méthode et de redire quels sont ses engagements sur les réformes démocratiques", a-t-il ajouté.
Le choix d'une allocution devant le Congrès fait cependant polémique. Chef de file des députés LR, Christian Jacob a mis en garde contre un "pouvoir sans partage", estimant que ce discours allait "forcément écraser l'intervention du Premier ministre" prévue mardi.
Il s'agit d'une "humiliation totale", a renchéri le député LR Eric Ciotti.
"On a un président +selfie+, qui en fait s'autoproclame et s'autocélèbre. Mais qui malheureusement ne veut plus répondre", a dénoncé le chef de file des députés PS Olivier Faure.
A l'opposé, l'ancien ministre socialiste Jack Lang défend l'idée d'un président "responsable devant le Parlement", allant jusqu'à évoquer une "suppression (du) poste de Premier ministre".
Les 577 députés et 348 sénateurs ont été conviés à Versailles où ils seront placés par ordre alphabétique dans l'hémicycle. Mais certains sièges resteront vacants, ceux des députés du groupe La France insoumise (LFI) et des parlementaires communistes qui ont décidé de boycotter l'événement.
Deux députés UDI, Jean-Christophe Lagarde et Philippe Vigier, avaient pris les devants, le premier dénonçant une "opération de communication".
Emmanuel Macron a "franchi un seuil dans la dimension pharaonique de la monarchie présidentielle" en ravalant son Premier ministre au rang de "collaborateur", a tonné Jean-Luc Mélenchon, président du groupe LFI.
En signe de protestation, les parlementaire communistes manifesteront en début d'après-midi devant la mairie de Versailles, tandis que les "insoumis" sont appelés à se rassembler à 18H00 place de la République à Paris.
Réplique de l'Elysée: Emmanuel Macron se livrera à "un très bel exercice de vitalité démocratique et il est évidemment regrettable que tous n'y participent pas même si chacun fait ses choix en son âme et conscience".
Ancien président du Conseil constitutionnel et de l'Assemblée nationale, Jean-Louis Debré a jugé pour sa part qu'il n'y avait "rien de nouveau" sous la Ve République avec cette initiative, permise par la révision constitutionnelle de 2008.
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