Migrants de Calais : Bertrand réclame la fermeté de l'Etat et de la justice
Au lendemain d'un week-end de tensions à Calais, épicentre de la question migratoire en France, les responsables politiques locaux ont de nouveau exigé ce lundi 25 une réponse ferme de l’État et de la justice.
Celle-ci se penchait au même moment à Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais), à moins de 40 km de là, sur le cas de six migrants et deux militants No Border qui se sont infiltrés sur un ferry après l'invasion du port de Calais (Pas-de-Calais) samedi 23.
L'appel principal est venu de Xavier Bertrand (Les Républicains), tout nouveau président de la région Nord-Pas-de-Calais-Picardie, au sortir d'une "réunion de crise" à Calais avec la maire de la ville portuaire Natacha Bouchart (LR), également vice-présidente de l'exécutif régional, et le patron du port Jean-Marc Puissesseau.
"Il faut la tenue d'un conseil ministériel ou interministériel pour se rendre compte de la souffrance et de tout ce qui se passe à Calais", a lancé M. Bertrand, lors d'une conférence de presse devant le terminal voyageur du port. Il a également invité le président de la République à "venir sur place, pas pour qu’on aille lui expliquer, pour qu’il se rende compte, qu’il entende les responsables économiques, qu’il entende la population de Calais", qui vit un "drame terrible sur tous les plans: humanitaire, économique et social".
"Drame humanitaire", en référence à la situation du bidonville de la "Jungle", où 4.000 personnes vivent dans des conditions précaires, malgré l'ouverture le 11 janvier d'un camp en conteneurs -chauffés et équipés de lits- accueillant 600 migrants, pour une capacité de 1.500.
"Drame économique et social", en raison de l'impact de la crise migratoire sur les entreprises locales: la chute d'activité serait par exemple de 30 à 40% dans la restauration, selon le président des commerçants Frédéric van Gansbeke. Le responsable du port, lui, ne cesse de pointer à la fois l'image dégradée de la ville et les conséquences que les intrusions de migrants font peser sur le trafic fret et passagers.
Quelque 2.000 personnes ont ainsi manifesté dimanche 24 dans le centre-ville à l'appel des socioprofessionnels pour "soutenir les emplois" et réclamer à nouveau un "moratoire fiscal" pour les entreprises de la région. Cette opération faisait suite à une autre manifestation samedi, où 2.000 personnes étaient venues "exprimer leur solidarité" avec les migrants et exiger "des conditions d'accueil dignes".
C'est à l'issue de cette action que, évènement exceptionnel, 50 d'entre eux se sont introduits illégalement à bord du ferry de la compagnie britannique P & O, Spirit of Britain, qu'ils ont bloqué durant trois heures avant d'être délogés dans le calme par la police. Le procès en comparution immédiate de six d'entre eux et de deux militants du collectif No Border a débuté ce lundi après-midi à Boulogne-sur-Mer. Tous sont poursuivis pour "infraction au code des transports" et risquent une amende de 3.750 euros et six mois de prison. L'audience au fond pourrait toutefois être renvoyée: quatre prévenus ont demandé un délai supplémentaire pour préparer leur défense et le procureur Jean-Pierre Valensi a lui aussi également demandé un délai.
En écho à ces tensions, M. Bertrand s'est déclaré ce lundi partisan d'une réponse judiciaire plus forte: "tant qu'il n'y aura pas de peines beaucoup plus lourdes, il n'y aura pas d'aspect dissuasif", a-t-il expliqué, réitérant sa volonté de voir l'armée effectuer "de la dissuasion et de la prévention" autour du camp de la "Jungle". Le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve avait réaffirmé dimanche de son côté la "détermination totale du gouvernement à assurer l'ordre public à Calais".
Mais selon M. Bertrand, une solution ne pourra être trouvée aussi que "si les Anglais prennent leur part de responsabilité". Selon lui, les accords de 2003 du Touquet (instituant la frontière avec la Grande-Bretagne à Calais, NDLR) étaient "obsolètes et dépassés".
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