Au Royaume-Uni, la ministre du Trésor et chargée de la lutte anti-corruption démissionne après des soupçons... de corruption au Bangladesh
Vivre sous deux drapeaux, mais n'en respecter qu'un. Tel est le soupçon qui vise la Secrétaire économique du Trésor britannique, chargée de la lutte anti-corruption, Tulip Saddiq, qui a présenté mardi 14 janvier 2025 sa démission. Depuis deux semaines, la députée travailliste est soupçonnée de ... corruption, mais dans son pays d’origine, à savoir le Bangladesh. Tulip Saddiq aurait financièrement profité de la position de sa tante, à savoir Sheikh Hasina, qui n’est autre que l’ex-Première ministre bangladaise, chassée du pouvoir en août 2024. Résidences à Londres, contrat entre la Russie et le Bengladesh, allocation illégale de terres ... Si la désormais ex-ministre n’a pas enfreint l'éthique gouvernementale selon Londres, la justice bangladaise n’a pas encore rendu son verdict.
Le gendarme de l’éthique ne suffit pas
Une fin d’année houleuse pour Tulip Saddiq. L'affaire a débuté fin décembre 2024, lorsque la commission anticorruption du Bangladesh a annoncé l'ouverture d'une enquête sur un possible détournement de cinq milliards de dollars “via divers comptes bancaires offshore en Malaisie”, impliquant l'ancienne Première ministre Sheikh Hasina et sa famille. Dans un communiqué, la commission anticorruption de ce pays asiatique a précisé enquêter sur “des pratiques de passation douteuses de marchés liées à la construction trop onéreuse” d'une centrale nucléaire financée en grande partie par la Russie.
Le Bangladesh a d’ailleurs annoncé avoir demandé à l’Inde d’extrader Sheikh Hasina, qui s’était réfugiée dans ce pays le 5 août dernier après avoir fui Dacca à la suite d’un mouvement de protestation.
Tulip Siddiq, parlementaire depuis 2015, a d’abord “nié toute implication” dans le détournement de fonds, selon une déclaration du bureau du Premier ministre britannique. Mais la situation s'est aggravée début janvier 2025, lorsque des médias britanniques ont révélé qu’elle vivait dans un appartement londonien donné par un homme d'affaires lié au parti de sa tante. Elle aurait également vécu auparavant dans un autre appartement londonien, donné à sa soeur par un avocat de l’ancien gouvernement bangladais.
Affirmant n’avoir “rien fait de mal”, elle a ainsi demandé la semaine dernière au conseiller indépendant chargé du respect du code d'éthique ministériel, Sir Laurie Magnus, “d'établir les faits”. Le gendarme de l’éthique a estimé que Tulip Siddiq n'a pas enfreint le code ministériel, n’ayant relevé ni des traces de conflit d'intérêt ou d'infraction financière. Mais le conseiller a invité le Premier ministre, Keir Starmer, à considérer cet épisode avant d’attribuer éventuellement de nouvelles responsabilités à l’élue.
La polémique a de nouveau enflé après l’ouverture d’une autre enquête lundi par la justice bangladaise. Celle-ci concerne cette fois une affaire d'appropriation frauduleuse de terres près de Dacca. Tulip Siddiq figure alors dans les documents actuellement examinés par les juges d’instruction.
“Une distraction”
Mardi, face à des appels de plus en plus nombreux à démissionner, la ministre chargée de la lutte contre la corruption a annoncé sa démission. Dans sa lettre à Keir Starmer, elle rappelle qu’après “avoir mené un examen approfondi de la question à ma demande, Sir Laurie a confirmé que je n'ai pas enfreint le Code ministériel (...). Lorsque je suis devenu ministre, j'ai fourni tous les détails concernant mes relations et mes intérêts privés au gouvernement ; après une consultation approfondie avec les responsables, il m'a été conseillé de mentionner dans ma déclaration d'intérêts que ma tante est l'ancienne Première ministre du Bangladesh et de me récuser des affaires concernant ce pays”.
“Cependant, il est clair que continuer dans mon rôle (...) risque de constituer une distraction pour le travail du gouvernement”, poursuit-elle, clôturant sa lettre par des remerciements. Le PM a de son côté exprimé sa “tristesse”, affirmant que la “porte reste ouverte pour elle”.
Il s’agit du deuxième départ ministériel en un mois et demi dans son cabinet, et pour des raisons de transparence et d'éthique une fois de plus. Fin novembre, c’était la ministre des Transports, Louise Haigh, qui quittait son poste après avoir été accusée d'avoir déclaré à tort le vol de son portable professionnel à la police en 2013.
“Il était clair ce week-end que la position du ministre de la lutte contre la corruption était complètement intenable. Pourtant, Keir Starmer a tergiversé et retardé la prise de mesures pour protéger son ami proche, a critiqué la conservatrice Kemi Badenoch dans un post X,
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