Chute de Raqqa : les FDS sécurisent l'ex capitale de l'Etat islamique
Deux jours après la reprise de Raqa aux combattants de l'Etat islamique (EI), la libération officielle de la ville n'a pas encore été prononcée, la menace de "cellules dormantes" et le danger des mines n'ayant pas été écartés pour permettre un retour de la population civile.
Les Forces démocratiques syriennes (FDS), une alliance de combattants arabes et kurdes appuyée par Washington, poursuivent leurs recherches de jihadistes cachés dans les tunnels ou immeubles de cette cité septentrionale.
Elles s'assurent "qu'il n'y a plus de cellules dormantes", a dit mercredi à l'AFP un responsable des FDS, Mustefa Bali: "Après la fin du déminage et la réouverture des principales artères, nous annoncerons la libération officielle de Raqa".
Mais les célébrations ont déjà commencé. Des combattants kurdes, rassemblés autour de l'emblématique rond-point d'Al-Naïm, où l'EI menait ses décapitations et autres atrocités, tiraient en l'air et dansaient au rythme de musiques traditionnelles mercredi.
"Aujourd'hui, après toutes ces années, nous sommes de nouveau ici. Je me rappelle mon enfance et mon adolescence ici. Je suis tellement heureuse que nous puissions connaître de nouveau la liberté", a déclaré à l'AFP une des commandantes de l'opération des FDS, Clara Raqqa.
Un grand drapeau des FDS flottait dans le stade municipal. Malgré quelques explosions au loin, très certainement causées par des mines posées par les jihadistes, des bulldozers s'affairaient aussi à dégager les gravats dans les rues.
- 'Truffée de mines' -
Le porte-parole des FDS a mis en garde contre un retour précipité des dizaines de milliers de civils qui avaient fui en masse la ville bombardée pendant des mois.
Les habitants ne doivent pas "rentrer sans coordination, car (la ville) est truffée de mines", a indiqué M. Bali.
Beaucoup de routes sont encore fermées et aucun civil n'est autorisé à s'y aventurer tant que les opérations de ratissage ne seront pas terminées. A l'entrée de la ville, des hommes tentaient ainsi en vain de convaincre les FDS de les laisser se rendre dans leurs maisons, selon une correspondante de l'AFP sur place.
Tout autour, un paysage de désolation, des destructions à perte de vue, des immeubles en ruines et des rues jonchées de carcasses de voitures.
Quatre mois de combats et de frappes aériennes menées par la coalition internationale antijihadistes conduite par les Etats-Unis ont entièrement défiguré la ville.
Quelque 3.250 personnes ont péri à Raqa -1.130 civils dont 270 enfants et 2.120 combattants des deux bords-, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
"Aujourd'hui, je me souviens de tous les blessés et de tous les morts que j'ai vus à Raqa (...) La ville est libérée, mais la prochaine étape sera encore plus difficile" pour reconstruire, notamment les infrastructures de santé, a souligné Jamila Hami, une volontaire du Croissant-Rouge kurde.
"Ils disent qu'ils veulent reconstruire Raqa. Reconstruire quoi?", déplore Ismaïl Khalil, un combattant des FDS originaire de Raqa. "Même en 20 ans on ne pourra pas reconstruire. Cette ville a été totalement détruite", se lamente-t-il dans une rue ravagée partant du rond-point d'Al-Naïm.
- Le mystère des jihadistes étrangers -
La perte de Raqa, ville emblématique de la terreur imposé par l'EI sur les territoires dont le groupe avait pris le contrôle en Syrie et en Irak en 2014, est un revers majeur pour l'organisation extrémiste, qui voit son "califat" autoproclamé s'écrouler.
Mais le sort des dizaines de jihadistes étrangers qui seraient restés jusqu'à la fin de la bataille demeure un mystère, aucune image les montrant tués ou faits prisonniers n'ayant circulé depuis mardi.
"Certains se sont rendus, d'autres sont morts", a affirmé Talal Sello, un porte-parole des FDS, sans plus de précision.
D'après l'OSDH, les jihadistes étrangers se sont pour la plupart rendus et sont pour certains aux mains des renseignements occidentaux. "Ils ne sont pas visibles car ce sont les services de renseignement qui les détiennent", a dit à l'AFP Rami Abdel Rahmane, directeur de l'Observatoire.
Selon le porte-parole de la coalition internationale, le colonel américain Ryan Dillon, environ 350 jihadistes se sont rendus lors "des dernières 96 heures", dont "quatre étrangers".
En Syrie, le groupe est encore présent, en nombre restreint, dans le centre du pays et dans la périphérie sud de Damas. Son dernier bastion est désormais la province syrienne de Deir Ezzor (est), frontalière de l'Irak.
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