Crise migratoire à la frontière mexicaine : les républicains tentent de destituer le secrétaire d'Etat chargé de l’Immigration

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France-Soir
Publié le 15 février 2024 - 14:02
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Candice Ward / Getty Images via AFP
Alejandro Mayorkas : sous le feu des critiques républicaines concernant sa gestion de la crise migratoire à la frontière mexicaine.
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MONDE - Les tensions liées à l’immigration aux États-Unis montent d’un cran. Les membres républicains de la Chambre des représentants ont lancé, mardi 13 février 2024, une procédure d'impeachment contre le ministre chargé de l’Immigration, Alejandro Mayorkas, accusé d’être, avec Joe Biden, à l’origine de la crise à la frontière mexicaine.

A neuf mois des présidentielles, le nom du prochain locataire de la Maison-Blanche semble suspendu à la question de l’immigration, tant celle-ci s’impose de plus en plus comme le sujet phare de la campagne électorale.

“L'architecte en chef de la catastrophe”

Le bras de fer opposant le gouverneur du Texas, Greg Abbott, soutenu par 25 autres gouverneurs républicains, à la Maison-Blanche et la Cour suprême, a fait monter la tension sur le sujet de plusieurs crans. La plus haute juridiction américaine a décidé, fin janvier, de retirer des kilomètres de fils barbelés, mis en place dans le cadre d’un large programme texan visant à lutter contre l’afflux de migrants. Joe Biden plaide pour une approche qui se veut plus “humaniste”, exhortant les élus républicains à approuver l’accord sénatorial bipartisan pour remédier à la crise (dans le cadre de celui-ci, une enveloppe de 106 milliards, comportant 60 milliards d’aides pour l’Ukraine, 14,1 milliards pour Israël et 20 milliards pour la réforme de la politique migratoire, doit être débloquée). Ce qui est loin d’être une simple formalité. 

Dès l’annonce de cet accord sénatorial début février, Mike Johnson, président républicain de la Chambre des Représentants, avait promis de “vite enterrer” le texte. Donald Trump a lui aussi appelé à s’opposer au texte : "Seul un idiot ou un démocrate de la gauche radicale voterait pour cet horrible projet de loi".

Mardi 13 février, les sénateurs sont toutefois parvenus à se mettre d’accord et le texte a enfin été approuvé. Mais les républicains de la Chambre des représentants ont immédiatement réagi et haussé le ton. Refusant d’adopter ce texte sans qu’il soit modifié, ils ont lancé, le jour même, une procédure de destitution du secrétaire d’État chargé de l’immigration, Alejandro Mayorkas. Une première depuis 150 ans. "C'est l'architecte en chef de la catastrophe", a déclaré Mike Johnson. La dernière inculpation d'un ministre par le Congrès remonte à 1876. Le secrétaire d’Etat à la Guerre William Belknap, accusé de corruption, avait alors démissionné avant la fin de la procédure d’impeachment.

Biden accusé d'avoir laissé les Etats-Unis se faire envahir

Les conservateurs avaient déjà tenté d’inculper Alejandro Mayorkas il y a semaine, mais quelques représentants s’y sont opposés, jugeant la procédure disproportionnée. Une nouvelle tentative a été la bonne et l'impeachment a finalement été adopté à 214 voix contre 213 !

Joe Biden, qui est aussi accusé d’avoir laissé les États-Unis se faire envahir, a immédiatement dénoncé un “acte flagrant de partisanerie inconstitutionnelle qui a pris pour cible un honorable serviteur de l'État. Au lieu d'organiser des mascarades de ce genre, les républicains qui se préoccupent réellement de la frontière devraient demander au Congrès davantage de ressources pour en renforcer la sécurité”, a-t-il expliqué.

Majorkas accuse de son côté les républicains de "gaspiller du temps précieux et l'argent des contribuables" avec cette procédure de destitution. La Constitution des Etats-Unis prévoit que le Congrès peut destituer le président, un secrétaire d’Etat, ou des juges fédéraux, en cas de "trahison, corruption ou autres crimes et délits majeurs".

La procédure se déroule en deux étapes et la destitution d’Alejandro Mayorkas demeure hautement improbable, compte tenu de la majorité démocrate au Sénat. Toutefois, cet impeachment aggrave une situation déjà bien compliquée pour Biden, à neuf mois des présidentielles.

La question migratoire est le terrain sur lequel se déroule le face-à-face à distance entre l’actuel locataire de la Maison-Blanche et Donald Trump. Celui-ci a exposé son plan : “Dès le premier jour après mon élection, au lieu de me battre contre le Texas, je vais travailler main dans la main avec le gouverneur Abbott et les autres Etats de la frontière pour arrêter l'invasion, sceller la frontière, et commencer rapidement la plus grande opération de déportation domestique de l'Histoire”.

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