Espagne : Pedro Sánchez conserve son poste de Premier ministre malgré la controverse sur l'amnistie catalane
MONDE - Le leader du Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE), Pedro Sánchez, a officiellement accepté la présidence du gouvernement, vendredi 17 novembre, au Palais de la Zarzuela en présence du roi Felipe VI.
La séance d'investiture fait suite à la réélection de Pedro Sánchez au Congrès des députés avec une majorité absolue de 179 voix sur 350 sièges. La prise de fonction s'est déroulée dans la salle d'audience, en présence d'une copie de la Constitution, perpétuant ainsi la pratique adoptée lors de ses deux investitures précédentes.
La prochaine étape consistera à former la nouvelle équipe gouvernementale. La porte-parole du gouvernement en fonction, Isabel Rodríguez, a choisi de ne pas divulguer de détails, exprimant sa confiance dans la constitution d'un groupe exceptionnel. De son côté, l'ancien Premier ministre Mariano Rajoy a souligné que les négociations du PSOE avec les partis indépendantistes et la question de la loi d'amnistie ont engendré "la plus grande période de division et de polarisation de l'histoire de l'Espagne”.
Une investiture après deux jours de débats animés
Le Parlement espagnol est profondément divisé depuis les élections nationales espagnoles du 23 juillet dernier. Bien que le Parti populaire, de tendance centre droit, ait remporté le plus grand nombre de voix, il n'a pas réussi à réunir un soutien suffisant pour former un gouvernement, en raison de ses alliances avec le parti d'extrême droite Vox.
Les socialistes, qui ont initialement occupé la deuxième place avec 121 sièges, ont réussi à obtenir le soutien de 179 législateurs grâce à une série de pactes conclus lors des récents débats d'investiture. Une consolidation qui a permis à Pedro Sánchez de triompher lors du scrutin, lui ouvrant la voie à la formation d'un nouveau gouvernement de coalition minoritaire en collaboration avec l'alliance de gauche Sumar.
Ce vote fait suite à près de deux jours de débats animés entre les chefs de parti, principalement centrés sur un accord d'amnistie très controversé en faveur des séparatistes catalans. Pedro Sánchez a accepté cet accord en échange d'un soutien essentiel pour assurer sa réélection en tant que Premier ministre. La question reste maintenant de savoir si le Premier ministre pourra compter sur ce soutien au cours des quatre prochaines années…
Réhabilitation des séparatistes catalans et tensions politiques
L'accord d'amnistie a été signé par le parti socialiste de Pedro Sánchez avec deux partis séparatistes catalans clés totalisant 14 voix. Cette entente pourrait permettre la réhabilitation de centaines de séparatistes catalans aux prises avec des problèmes juridiques liés à la tentative illégale de sécession de la région en 2017, une situation qui a déclenché la plus grande crise en Espagne depuis des décennies.
Cette proposition d'amnistie pourrait avoir des répercussions significatives sur Carles Puigdemont, l'ancien président régional catalan actuellement en fuite et considéré comme l'ennemi public numéro un par de nombreux Espagnols.
Malgré des désaccords persistants, les deux partis catalans et les deux partis basques ont soutenu Pedro Sánchez lors du vote jeudi 16 novembre, tout en soulignant la nécessité pour lui de respecter scrupuleusement les accords économiques et politiques conclus avec chacun d'entre eux.
"Nous nous engageons à respecter scrupuleusement les accords que nous avons conclus. Les négociations, entamées il y a plusieurs mois et toujours en cours, couvrent divers aspects, dont l'investiture de Pedro Sánchez, qui n'est qu'un élément de l'accord que nous avons formellement signé", a déclaré Míriam Nogueras, porte-parole du parti de M. Puigdemont, Junts, lors d'une intervention à la radio catalane RAC1.
La proposition d'amnistie a suscité des critiques de la part du pouvoir judiciaire espagnol, tandis que son examen est en cours au sein de l'Union européenne.
Cette proposition a également été à l'origine de manifestations soutenues par le Parti populaire et Vox, qui accusent Pedro Sánchez de trahir la nation dans le seul but de maintenir son pouvoir. Les manifestations devant le siège du Parti socialiste à Madrid ont pris une tournure agitée la semaine dernière, et de nouveaux incidents ont éclaté dans la nuit de mercredi 15 à jeudi 16 novembre. Des manifestants ont jeté un œuf sur un législateur socialiste avant le débat de jeudi, mais il a été chaleureusement applaudi à son entrée dans l'hémicycle.
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