À contre-courant de la politique de l'UE, la Hongrie obtient un accord pour se faire livrer plus de gaz russe
Alors que l'Union européenne cherche à diminuer sa dépendance au gaz russe, la Hongrie, à rebours de la politique voulue par la Commission, a annoncé un accord avec la Russie qui lui permettra d'augmenter son approvisionnement en gaz en prévision d'un hiver qui ne s'annonce pas sous les meilleurs auspices sur le plan énergétique.
Alors que l'Union européenne tente de se défaire le plus rapidement possible du gaz russe au risque d’encourir des pénuries d’énergie dès cet hiver, la Hongrie, membre de l’UE, emprunte une voie opposée. Aussi, samedi, le ministère hongrois des Affaires étrangères a annoncé la conclusion d'un « accord » qui permettrait à Budapest de se faire livrer plus de gaz russe que les quantités initialement prévues dans le contrat noué avec le géant Gazprom, via le gazoduc Turkstream qui approvisionne la Hongrie en passant par la Serbie.
2,6 millions de mètres cubes supplémentaires chaque jour
« C'est le devoir du gouvernement hongrois d'assurer un approvisionnement sûr en gaz pour le pays, et nous sommes à la hauteur », a soutenu sur Facebook Tamas Menczer, un haut fonctionnaire du ministère, qui a précisé que jusqu'à fin août, 2,6 millions de mètres cubes supplémentaires arriveront quotidiennement par Turkstream. Concernant le mois de novembre, des négociations sont en cours, a-t-il aussi indiqué.
En juillet, le ministre hongrois des Affaires étrangères, Peter Szijjarto, s'était rendu à Moscou pour négocier la livraison de 700 millions de mètres cubes supplémentaires, qui viendraient s'ajouter aux 4,5 milliards livrés chaque année à Budapest avant le conflit en Ukraine.
Dépendant à 85% du gaz russe, la Hongrie est farouchement opposée à toutes sanctions européennes sur l'énergie.
Voir aussi : Sanctions anti-russes: pour Orban, l’UE s’est "tirée une balle dans les poumons"
La Hongrie redoute l’arrivée de la « période de chauffage »
« Si on regarde la situation sur le marché, on voit clairement – que ça nous plaise ou non, qu’on le veuille ou non – que sans les ressources de la Russie, il est impossible d’obtenir 700 millions de mètres cubes supplémentaires de gaz. On peut rêver, on peut se faire des illusions, mais la réalité physique reste la réalité physique. Sans ressources russes, il est tout simplement impossible d’acheter une telle quantité de gaz supplémentaire en Europe », avait déclaré le chef de la diplomatie hongroise lors de sa visite à Moscou, disant redouter l'arrivée de la « période de chauffage ».
« L'Europe doit se préparer à une rupture totale de son approvisionnement en gaz russe. C'est pourquoi les États membres se sont accordés pour réduire de 15% leur demande de gaz entre le 1er août et le 31 mars prochain », avait de son côté expliqué sur Twitter la Commission européenne le 7 août, accusant la Russie d'utiliser le gaz pour faire pression sur l'Europe.
L'Europe doit se préparer à une rupture totale de son approvisionnement en gaz russe.
— Commission européenne 🇪🇺 (@UEFrance) August 7, 2022
C'est pourquoi les États membres se sont accordés pour réduire de 15% leur demande de gaz entre le 1er août & le 31 mars prochain ↓#REPowerEU pic.twitter.com/xbuoObsgm4
Cette annonce hongroise intervient alors qu'un texte de l'Union européenne, entré en vigueur le 5 août dernier, prévoit que chaque Etat membre fasse « tout son possible » pour réduire, entre août 2022 et mars 2023, sa consommation de gaz d'au moins 15% par rapport à la moyenne des cinq dernières années sur la même période.
Voir aussi : Les 27 ministres de l’Energie de l'UE s'accordent sur un plan d’austérité énergétique
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