Immigration illégale : le Polonais Donald Tusk souhaite suspendre partiellement le droit d'asile et promet une “lutte sans merci” à la Commission Européenne
Le rejet de la politique migratoire de l’UE se répand comme une traînée de poudre. Quelques semaines après l’instauration par Berlin du contrôle à ses frontières ou la demande d'Amsterdam d’une clause de non-participation (opt-out) au système européen d’immigration, Varsovie exprime à son tour le souhait de suspendre, partiellement, le droit d’asile pour les migrants en situation illégale. Une volonté exprimée samedi 12 octobre par le Premier ministre du pays, Donald Tusk, qui doit demander l’aval de Bruxelles mais qui promet une “lutte sans merci”.
Le chef du gouvernement polonais intervenait lors d’un rassemblement de son mouvement, Coalition civique. Pendant son intervention, il a annoncé sa volonté de suspendre partiellement le droit d’asile pour les migrants entrants illégalement en Pologne. Son pays, a-t-il affirmé, entend “lutter sans merci” pour “rétablir le contrôle” sur les migrations et “assurer la sécurité” du territoire.
Tusk veut une politique Made In Poland
“Je dis tout haut aujourd'hui que parmi les éléments de la stratégie de migration figurera la suspension territoriale temporaire du droit d'asile”, a expliqué Donald Tusk. Cette stratégie, devant être présentée samedi, le sera finalement aujourd’hui, mardi, devant son gouvernement. Le PM polonais a justifié ce projet par le détournement de ce droit par des pays voisins, accusant ouvertement la Biolorussie ainsi que la Russie.
“Nous savons très bien comment Alexandre Loukachenko, Vladimir Poutine, les passeurs et trafiquants d'êtres humains, utilisent le droit d’asile. La manière dont c’est utilisé va exactement à l'encontre de l'essence du droit d'asile”, a-t-il martelé. Membre de l’OTAN et de l’UE, Varsovie entretient des relations tendues avec Moscou et Minsk, particulièrement après le début de la guerre en Ukraine. La Pologne accuse ces deux pays de recourir aux migrants pour mener une “attaque hybride”, dont le but serait de déstabiliser la région ainsi que l’UE.
Mais la Pologne est opposée, depuis presque 10 ans, aux décisions européennes sur l’immigration. En 2015 déjà, Donald Tusk critiquait l’ex-chancelière allemande, Angela Merkel, lui reprochant une “vague de migration trop forte pour ne pas être stoppée”. Il appelait déjà, cette année-là, à mettre fin à l’immigration irrégulière, dénonçant “l’hypocrisie et le cynisme” des 27, qui s’adonnaient alors, estimait-il, au “jeu du blâme”.
L’ancien chef du Conseil européen, qui doit tout de même obtenir l’aval de l’UE pour appliquer une telle décision, estime que “la Pologne doit être un pays sûr” et sa population “en sécurité et libre dans son propre pays”. Reprochant à ses prédécesseurs “l’absence de contrôle réel et le chaos de la politique migratoire”, il a annoncé que la prochaine politique sera contrôlée par l’État. “L'État est là pour veiller à ce que viennent en Pologne des personnes qui veulent y travailler honnêtement, payer des impôts, s'intégrer dans la société polonaise et y étudier”, a-t-il ajouté.
Varsovie et Prague remettent en cause la politique UE
“Nous n'allons respecter ou appliquer aucune idée européenne qui (...) enfreigne notre sécurité, et je pense ici au pacte sur la migration”, adopté en mai dernier malgré le “non” de la Hongrie et la Pologne.
Mais Varsovie ne fait pas cavalier seul. Trois jours avant son annonce, la Pologne et la Tchéquie ont appelé à un durcissement de la politique européenne avec une “version plus stricte et différente” du pacte, dont l’entrée en vigueur est prévue pour la mi-2026. Les deux pays limitrophes entendent réclamer à Bruxelles “un débat très sérieux, politique, sur les migrations” dès la prochaine réunion du Conseil européen, le 17 et 18 du mois en cours.
La déclaration de Donald Tusk intervient environ un mois après la demande des Pays-Bas d’obtenir une clause de non-participation (opt-out) au système d’immigration et d’asile de l’UE. Amsterdam a exprimé sa volonté de mener “sa propre politique d’asile” mais la Commission européenne a vite écarté cette demande.
Quelques jours auparavant, l’Allemagne instaurait un contrôle sur l’ensemble de ses frontières pour lutter contre l’immigration illégale, la criminalité et le terrorisme islamiste. La décision, que le gouvernement Scholz justifie par un attentat au couteau à Solingen qui a coûté la vie à trois personnes, il a provoqué l’ire de nombreux pays européens qui ont reproché à Berlin de faire cavalier seul tout en contredisant les accords européens de Schengen ainsi que le tout récent pacte européen sur la migration. De nombreux pays, dont la Pologne, ont critiqué l’Allemagne.
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