La Norvège met fin à l’octroi de l’asile automatique aux réfugiés Ukrainiens
La Norvège a annoncé vendredi 27 septembre 2024 la fin de l’asile automatique à tous les Ukrainiens, instauré immédiatement après l’invasion russe. Oslo traitera désormais les demandes au cas par cas, en privilégiant des réfugiés éloignés du front. Ce pays nordique, qui rappelle avoir déjà accueilli plus d’Ukrainiens que ses voisins, apporte ce changement significatif à sa politique migratoire au moment où le sujet suscite des frictions parmi les 27 de l’UE.
En 2022, Oslo a décidé de fournir une “protection collective” aux réfugiés ukrainiens peu après l’invasion de l’Ukraine par la Russie. La Norvège a ainsi mis en place un système d’octroi automatique de l’asile aux ressortissants de ce pays. L’objectif, d’une part, était de répondre à ses obligations en sa qualité de l'Espace économique européen (EEE), ainsi que de l'espace Schengen, et d’autre part, tirer profit de la main-d’œuvre ukrainienne pour épauler les travailleurs locaux. Le pays a durci, au fil des mois, les conditions d’accueil dans l’espoir de réduire les arrivées et inciter les Ukrainiens déjà présents à s’intégrer en trouvant un travail. Mais leur nombre devenait conséquent.
Des hommes aptes à combattre parmi les réfugiés
Près de trois ans plus tard, Oslo dénombre ainsi environ 85 000 réfugiés ukrainiens. Un chiffre bien supérieur à celui de ses voisins nordiques. La Norvège a réagi en annonçant vendredi dernier sa décision : l’octroi de l’asile automatique à tous les Ukrainiens cesse ce même jour avec effet immédiat.
Désormais, chaque demande sera étudiée au cas par cas. Et pas n’importe quel Ukrainien pourra en bénéficier. La Norvège explique privilégier les réfugiés issus de l’ouest de l’Ukraine, éloignés du front et considérés, de ce fait, “plus sûrs”. Il s’agit essentiellement de Lviv, Volhynie, Transcarpatie, Ivano-Frankivsk, Ternopil et Rivne.
A en croire la ministre norvégienne de la Justice, Emilie Enger Mehl, qui a communiqué l’information aux journalistes lors d’une conférence de presse, cette décision se justifie par de nombreuses raisons. La première est l’impact de cet afflux de réfugiés sur le logement, les services de santé ainsi que sur les établissements scolaires. En outre, la responsable norvégienne a fait remarquer qu’un nombre “croissant” de ces réfugiés étaient “des hommes, dont beaucoup en âge de combattre”. Ces hommes se voient ainsi octroyer un asile par Oslo au moment où Kiev semble avoir du mal à recruter des soldats pour son armée.
"Nous ne pouvons pas accueillir une part disproportionnée de personnes déplacées par rapport aux pays comparables, tels que les pays nordiques", a-t-elle ajouté. Selon le site de l'UE, la Suède a accueilli, jusqu'à janvier dernier, quelque 43 000 réfugiés tandis que la Finlande a octroyé l'asile à environ 63 000 Ukrainiens.
Un véritable casse-tête
La politique migratoire faisait déjà l’objet d’un débat en Norvège depuis de nombreux mois. En 2023, le pays, d’une population de 5,5 millions, comptait un peu plus de 877 000 migrants. Face à un afflux important de migrants, aggravé par la guerre en Ukraine, cinq pays nordiques, le Danemark et l’Islande compris, s’étaient mis d’accord fin 2023 sur trois mesures visant à faciliter l’expulsion des migrants en situation irrégulière vers leur pays d’origine.
La situation migratoire en Europe reste un sujet de tensions et de débats intenses. Depuis l’adoption en avril 2024 du nouveau Pacte sur la migration et l'asile, de plus en plus de pays se montrent critiques ou rejettent la politique européenne. La Hongrie, condamnée en juin par la Cour de justice de l'Union européenne (CJUE) à payer une amende de 200 millions d'euros pour non-respect des règles de l’UE sur l’asile, a sans cesse défendu, par la voix de son Premier ministre Viktor Orban, une gestion nationale de l’immigration.
Amsterdam, bien plus collaboratif, a néanmoins soumis une demande à la Commission européenne pour obtenir une clause de non-participation au système d’immigration et d’asile de l’UE. Les Pays-Bas, qui souhaitent appliquer leur propre politique, se sont vus rejeter leur demande, après l’instauration, par l’Allemagne, du contrôle à ses frontières. Autant d’événements et de décisions qui viennent remettre en cause les accords européens et intensifier un débat déjà tendu depuis environ une décennie.
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