L'Europe fantasmée d'Emmanuel Macron : "science libre", démocratie transparente... et réinvention

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FranceSoir
Publié le 10 mai 2022 - 18:08
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Emmanuel Macron, Ursula von der Leyen, Roberta Metsola et Antonio Costa
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LUDOVIC MARIN / POOL / AFP
Emmanuel Macron, Ursula von der Leyen, Roberta Metsola et António Costa au Parlement européen, le 9 mai 2022.
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À l'occasion de la journée de l'Europe, Emmanuel Macron a prononcé hier à Strasbourg son premier discours sur l’Europe depuis sa réélection. Paraphrasant Robert Schuman devant l’hémicycle du Parlement européen, il a fait l'éloge de la gestion sanitaire européenne, s'est déclaré favorable à une révision des traités européens et a proposé l’idée d’une "confédération européenne", tout en réaffirmant son soutien à l’Ukraine. 

Une danse improvisée au sein de l’hémicycle du Parlement européen

À l’occasion de la journée de l’Europe organisée hier, des dizaines de jeunes ont interprété une danse "pour l’Europe" à l’intérieur du Parlement européen. Il s'agissait d'une "chorégraphie participative imaginée pour la présidence française du Conseil de l’Union européenne", du Français Angelin Preljocaj sur une musique de Jeanne Added. Des danseurs du Centre chorégraphique national - Ballet de Lorraine et des jeunes du collège de La Providence de Strasbourg se sont ainsi produits dans les travées du Parlement :

On y voit donc ces danseurs bouger les membres de leur corps au rythme des paroles dont voici quelques extraits : "tes mains se détachent et vont tranquillement tourner autour de ta tête" ou encore "détends tes mains, ferme les yeux". Cette prestation incongrue dans un tel lieu a été jugé embarrassante ou désolante par beaucoup.

Démocratie, science et efficacité : vers une révision des traités européens ?

C’est ensuite qu’Emmanuel Macron a pris la parole. Il a tout d’abord appelé de ses vœux "une Europe de l’indépendance et de l’efficacité sans lesquelles il n’y a pas de légitimité de nos démocraties". Le président réélu a également mis l’accent sur la défense européenne, soulignant qu’il fallait "nous préparer aux nouvelles formes de conflictualité, qu’il s’agisse du spatial, du cyber, du maritime".

Le second temps fort de son discours est intervenu lorsque le chef de l’État s’est montré favorable à la proposition du Parlement européen qui vise à réformer les traités : "Il faudra réformer nos textes. L’une des voies de cette réforme est la convocation d’une convention de révision des traités”. Il déclarait également vouloir “généraliser le vote à la majorité qualifiée pour nos principales politiques publiques”, en opposition au vote à l’unanimité, aujourd’hui règle majeure de l’Union européenne. En définitive, Emmanuel Macron vante le caractère démocratique des 27... et considère "en même temps" qu'un vote à l'unanimité est obsolète.

Dans la suite de son discours, il a comparé le Parlement européen à un "syndicat de copropriété". Face aux crises successives, d’abord l’épidémie du Covid, la guerre en Ukraine et ses conséquences financières, le président de la République affirme pourtant avec fierté : "Nous avons bâti une réponse inédite face à cette pandémie, de science, de démocratie et d’efficacité". Emmanuel Macron s'est également félicité d'une Europe guidée par "science libre, ouverte" et des "processus démocratiques transparents".

Une déclaration entre en contradiction totale avec la gestion sanitaire française, ont relevé plusieurs voix, comme celle d'Hélène Banoun, scandalisée par cette réécriture de l'histoire :

En présence de Roberta Metsola, la présidente du Parlement européen, et d’Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne, le chef de l’État a fièrement affiché une forme de revanche : "Tant et tant dans nos opinions publiques qui nous expliquaient qu’il valait bien mieux être une puissance autoritaire pour répondre à la pandémie (…) que des vaccins russe ou chinois allaient nous sauver".

Vantant les principes démocratiques européens, il salue le travail et l’engagement de la Commission, sous le regard d'Ursula von der Leyen, grâce à "une Europe s’inventant elle-même puissance sanitaire". Pour Emmanuel Macron, l’Union européenne a réussi à mettre en place une stratégie de lutte contre l’épidémie sur son sol. Il a même déclaré à ce propos que l’Europe est devenue "la première puissance de solidarité vaccinale".

Vers une "communauté politique européenne" et pour une adhésion de l’Ukraine au sein de l’UE ?

La situation en Ukraine est au cœur des discussions européennes, et Emmanuel Macron a voulu réaffirmer son soutien à Volodymyr Zelensky devant l’hémicycle du Parlement européen. Condamnant "les crimes inqualifiables commis par la Russie", le chef de l’État plaide pour une "confédération européenne" dans laquelle il désire discuter d’une intégration éventuelle de l’Ukraine au sein de l’UE.

Voir aussi : Macron douche les espoirs d'adhésion rapide de l'Ukraine à l'UE

Jugeant que le processus d’adhésion pourrait prendre des décennies, le chef de l’État propose en parallèle une "organisation européenne nouvelle", qui "permettrait aux nations européennes démocratiques adhérant à notre socle de valeurs, de trouver un nouvel espace de coopération politique, de sécurité, de coopération".

"Face à la guerre, nous avons décidé de mobiliser la facilité de paix européenne pour aider l’Ukraine à se défendre et à se battre", affirme le président. Tandis que l’UE a émis la proposition d’un embargo sur le pétrole russe, créant des désaccords entre les États-membres comme la Hongrie, fortement dépendante des hydrocarbures vendus par la Russie, Emmanuel Macron affirme que la paix sur le sol européen devra se construire sans "humilier" la Russie.

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