Novak Djokovic, le mauvais feuilleton : son visa annulé à quatre jours du tournoi

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FranceSoir
Publié le 14 janvier 2022 - 16:34
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WILLIAM WEST / AFP
Novak Djokovic, vainqueur de neuf tournois de l'Open d'Australie
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Le numéro 1 mondial de tennis est toujours bloqué avant les premiers matchs de l’Open d’Australie, un des quatre tournois du Grand Chelem. Cette nuit, le ministre de l’Immigration australien, Alex Hawke, a arbitrairement, et en opposition aux décisions de justice prises ces derniers jours, annulé le visa de Novak Djokovic.

Lundi dernier, un juge avait pourtant ordonné la libération du Serbe, observant que l’annulation du visa du joueur, lui permettant l’entrée dans le pays, n’était pas légale.

Le 4 janvier dernier, Novak Djokovic a annoncé son départ vers le tournoi qu'il a remporté neuf fois depuis 2008 :

Le lendemain, le Serbe se retrouve arrêté à l’aéroport de Melbourne, la police aux frontières le retient pour un problème de visa.

Un "schéma vaccinal complet" était demandé pour participer à l’Open d’Australie 2022, une décision annoncée fin novembre 2021, une première pour un tournoi de tennis professionnel. Le joueur n’avait jamais rendu public son statut vaccinal. Son visa a été annulé une première fois le 5 janvier par les autorités fédérales, malgré le certificat de rétablissement au Covid-19 du joueur. En effet, Novak Djokovic avait été testé positif au virus, sans présenter de symptôme.

Le 6 janvier, le Serbe a déposé un recours en justice contre l’annulation de son visa. Le 10 janvier la justice australienne lève sa détention : l’annulation du visa par les autorités fédérales ne serait pas légale, les avocats du joueur avaient fait savoir que la Fédération australienne de tennis et l’État de Victoria avait donné une dérogation vaccinale au joueur du fait de sa présentation d’un certificat de rétablissement.

Le joueur a reconnu ces derniers jours que sa déclaration d’entrée dans le pays a été mal faite, pointant du doigt une « erreur humaine, certainement pas délibérée » de son agent responsable d’avoir rempli le document, a-t-il expliqué dans un communiqué diffusé sur Instagram. Autre élément fragilisant sa défense : aperçu en public deux jours après la date annoncée de son test positif, le tennisman n'aurait pas respecté les règles d’isolement.

Le journal allemand Spiegel a également enquêté sur une éventuelle falsification de la date du test positif. Certificat de complaisance ? Problème de saisie ? Si certains éléments troublants jettent un doute : y aura-t-il des griefs plus probants ?

Désavouant la décision de justice de son pays, le ministre de l’Immigration, Alex Hawke a donc annulé lui-même le visa du joueur, utilisant son pouvoir discrétionnaire et prétextant que ses concitoyens avaient dû faire de lourds efforts pour lutter contre le covid-19 : « Aujourd’hui, j’ai exercé mon pouvoir […] sur des bases sanitaires et de respect de l’ordre, au motif qu’il était dans l’intérêt général de le faire ». Avant de poursuivre « Les Australiens ont fait de nombreux sacrifices pendant cette pandémie et souhaitent à juste titre que le résultat de ces sacrifices soit protégé ».

Voir aussi : "Australie : depuis le début de la vaccination, près de trois fois plus de morts signalées après vaccin qu'attribuées à la covid-19".

80% des Australiens ont reçu au moins une dose d'injection anti-Covid. La vaccination a été rendue obligatoire pour certains corps de métier et les entreprises pouvaient la rendre eux-mêmes obligatoire dans leur organisation.

Novak Djokovic dont le but est de participer au tournoi, qui démarre ce lundi, peut encore faire appel.
 

Héros du "monde libre" et cible des scientistes

Malgré une cote de sympathie certaine, "Nole" était jusqu'ici le mal-aimé relatif du trio des géants du tennis qui écrasent le circuit mondial depuis une quinzaine d'années, n'atteignant pas la popularité de Federer ou de Nadal. Son catapultage à la une de l'actualité pour des raisons extra-sportives en a fait un héros pour les uns, une cible à abattre pour les autres.

"Novax" - son nouveau surnom - est devenu une figure du "monde libre", se sont emballés les défenseurs de la liberté vaccinale. Alors qu'on frôlait l'incident diplomatique entre son pays et l'Australie, son père a même déclaré : "le monde libre tout entier doit se lever avec la Serbie, ce n'est pas une bataille pour la Serbie ou Novak, c'est une bataille pour 7 milliards de personnes".

Les personnalités et médias qui soutiennent avec ferveur la vaccination de masse (ou la contrainte... ou les deux !) en ont à l'inverse fait une cible : on reproche au joueur nombre de croyances, son adhésion à des thèses "pseudo-scientifiques" et autres thérapies alternatives. L'ensemble est mis en lien avec ses positions contre les vaccins contre la Covid-19. Ainsi la journaliste du Point Géraldine Woessner s'est-elle exclamée sur le plateau de "24h Pujadas" : "Je nous trouve bien complaisants avec Monsieur Djokovic. Je trouve que la réaction de l’Australie est remarquable". Elle ne s'est pas privée de rappeler qu'il "professait des croyances dangereuses" et adhérait à la "télékinésie", entre autres, et de l'accuser de "faire le bonheur des charlatans".

Des sujets sur lesquels le joueur est plutôt discret, même s'il a parfois évoqué sa vision de la santé ou encore sa spiritualité : « J’essaie de trouver les moyens à l’intérieur de moi pour rendre ma vie meilleure, de me concentrer sur ce qui est le plus important pour mon existence, ce que je fais ici, la paix intérieure, ma croissance spirituelle, la compréhension de ce que je suis et mon rapport à mon entourage, ma famille. »

S'il est adepte de développement personnel et de croyances contestables pour certaines, en faire un parangon de "l'anti-science" et un "danger" est pourtant aussi excessif que déplacé. C'est méconnaître aussi qu'on ne peut dominer durablement un tel sport - dans lequel la dimension physique s'est exacerbée sous son joug - sans un suivi médical très pointu. Tous les joueurs du top niveau mondial ont un staff médical et paramédical fourni et très compétent - à un niveau d'enjeu et d'intensité où les frontières entre surmédicalisation et dopage ne sont d'ailleurs pas toujours très nettes... Quoi qu'il en soit, Djokovic, comme ses rivaux, bénéficie d'un suivi de pointe et sur mesure de sa santé, et le présenter comme un original adepte de théories farfelues témoigne moins d'une connaissance réelle de sa situation que d'une caricaturale instrumentalisation pour une croisade idéologique.

Le tacle du Pr Raoult

Interrogé mardi dans l'émission d'André Bercoff sur Sud Radio, le professeur Raoult n'a pas mâché ses mots :

Des propos dans la même veine que ceux qu'il tenait sur sa chaîne, rappelant le lien entre vaccination et de masse et développement de l'épidémie : « l’Australie c’est un bon exemple, ce sont les plus acharnés sur le vaccin. C’est une réaction paradoxale, ils y croient tellement parce qu’ils ont tellement forcé les gens à se vacciner. Depuis qu’ils ont fait cette campagne massive, en un mois ils ont eu 800 000 cas, ce qui représente 80% des cas qu’ils ont eus depuis le début de l’épidémie. Il faut vous réveiller, si vous regardez ça et que vous croyez que ça marche (la vaccination massive), c’est que vous avez un problème. »

Les enjeux sportifs sont énormes pour le Serbe 

Au cours d'une saison 2021 exceptionnelle, il a remporté trois des quatre Grands chelems, perdant seulement en finale de l'US Open. Le joueur de 34 ans peut devenir le premier joueur de l’histoire à remporter quatre Open d’Australie consécutifs (depuis que le tournoi est devenu un Open, en 1968) et accéder au rang mythique de joueur le plus titré de l’histoire en Grand Chelem sous l’ère Open, s’il parvient à remporter un 21ème tournoi majeur. Il dépasserait alors Roger Federer et Rafael Nadal : les trois joueurs archi-dominants du jeu au XXIème siècle sont pour l'heure tous à égalité avec 20 victoires chacun.

Le natif de Belgrade doit affronter un autre joueur serbe, Miomir Kecmanovic, au premier tour.

Voir aussi :

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