"Panama papers" : plusieurs pays ouvrent des enquêtes pour blanchiment de fraude fiscale

Auteur(s)
La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 05 avril 2016 - 11:33
Image
Mossack Fonseca logo gros plan panama papers
Crédits
©Rodrigo Arangua/AFP
Plusieurs pays ont ouvert des enquêtes pour blanchiment dans la foulée des révélations de l'opération "Panama papers".
©Rodrigo Arangua/AFP
Plusieurs pays ont ouvert des enquêtes pour blanchiment dans la foulée des révélations de l'opération "Panama papers", qui lève le voile sur un vaste système d'évasion fiscale impliquant hauts responsables politiques, sportifs ou milliardaires.

Séisme politique en Islande, lancement d'enquêtes en France, en Espagne et en Australie, indignation de la Russie, démentis en cascade: les répercussions de la divulgation par une centaine de journaux dans le monde de quelque 11,5 millions de documents provenant du cabinet d'avocats panaméen Mossack Fonseca ont été immédiates.

La justice panaméenne a annoncé lundi 4 au soir l'ouverture d'une enquête sur les "faits décrits sous l'appellation +Panama papers+", qui devra établir si des infractions ont été commises, par qui, et identifier les éventuels dommages financiers. Le gouvernement de ce pays, régulièrement mis en cause pour l'opacité de son système financier, avait assuré dimanche qu'il "coopérerait vigoureusement" avec la justice.

Des noms de l' entourage des présidents russe Vladimir Poutine, chinois Xi Jinping, syrien Bachar al-Assad ou du roi marocain Mohammed VI, apparaissent dans ces documents, ainsi que ceux de sportifs célèbres comme Michel Platini ou Lionel Messi.

Ce dernier, réfutant des "accusations injurieuses", a démenti toute évasion fiscale, affirmant que la société panaméenne créée par d'anciens conseillers fiscaux de sa famille n'avait même jamais eu de fonds.

A Moscou, la réplique a été cinglante, visant directement les Etats-Unis: l'enquête a été menée notamment par des "anciens employés du département d'Etat, de la CIA et des services secrets" et compte plein d'"inventions", a accusé un porte-parole.

La "cible principale" de l'enquête, selon laquelle des proches de Vladimir Poutine auraient détourné jusqu'à 2 milliards de dollars, serait la Russie et son président dans le but de "déstabiliser" le pays, a-t-il assuré.

Le Premier ministre islandais Sigmundur David Gunnlaugsson, qui aurait créé une société dans les îles Vierges britanniques pour y cacher des millions, est aussi dans la tourmente: il a exclu de démissionner, malgré les milliers de manifestants à Reykjavik lundi soir. Une motion de censure a été déposée par l'opposition, qui sera soumise au vote à une date indéterminée.

Alors que recourir à des sociétés "offshore" n'est pas illégal en soi, plusieurs personnalités évoquées dans les "Panama papers" ont tenté de se dédouaner.

En Ukraine, sans nier l'existence de comptes aux îles Vierges Britanniques, le président Petro Porochenko a ainsi assuré respecter la loi à la lettre.

En Argentine, le président Mauricio Macri, cité comme directeur d'une entreprise basée aux Bahamas, a lui aussi nié toute irrégularité.

Également mise en cause pour des biens immobiliers à Londres gérés via le cabinet panaméen, la famille du Premier ministre pakistanais Nawaz Sharif s'est défendue de tout acte illégal.

Plusieurs gouvernements ont déjà engagé des procédures. La justice française a ouvert une enquête pour "blanchiment de fraudes fiscales aggravées", les pratiques dévoilées étant "susceptibles de concerner des résidents fiscaux français".

En Espagne, la justice mais aussi le fisc ont ouvert des enquêtes, et le fisc néerlandais promet de s'intéresser aux possibles cas d'évasion fiscale. L'Australie a lancé des investigations sur 800 clients de Mossack Fonseca.

Près d'une trentaine de banques allemandes, parmi lesquelles Deutsche Bank et Commerzbank, auraient eu recours aux services de Mossack Fonseca, selon le Süddeutsche Zeitung, le quotidien qui a obtenu le premier les documents cryptés, transmis par un lanceur d'alerte dont l'identité est secrète.

Plusieurs ONG anti-corruption ont appelé à l'interdiction pure et simple des sociétés écrans anonymes, à l'instar de Transparency International pour qui elles représentent "le côté obscur du système financier mondial". Les journaux promettent d'égrener les révélations au fil des jours.

Sur la liste hétéroclite du Consortium international des journalistes d'investigation (ICIJ), au-delà des responsables politiques, figurent aussi des célébrités comme l'acteur hong-kongais Jackie Chan, le cinéaste espagnol Pedro Almodovar, des personnalités du sport comme le golfeur Nick Faldo et même un membre de la commission d'éthique de la Fifa. Le quotidien Le Monde s'est engagé à divulguer le nom d'un "grand parti politique français".

L'émission télévisée française Cash Investigation promet aussi de dévoiler des informations sur plusieurs personnalités, dont l'homme d'affaires Patrick Drahi, mais aussi sur les pratiques de la banque Société Générale.

A travers le monde, plus de 214.000 entités offshore sont impliquées dans les opérations financières dans plus de 200 pays et territoires selon les révélations du consortium, qui couvrent une période de près de 40 ans allant de 1977 à 2015. Pour le cabinet d'avocats Mossack Fonseca, leur publication est un "crime" et une "attaque" contre le Panama.

 

À LIRE AUSSI

Image
Impôt-déclaration
Paradis fiscaux : l'opération "Panama Papers" provoque une onde de choc
Hommes politiques, stars du sport ou du cinéma mais aussi cabinets d'avocats... Le scandale "Panama papers" révélé par la presse internationale dimanche a créé une ond...
04 avril 2016 - 16:00
Politique
Image
Vladimir Poutine le 4 février 2015.
"Panama papers" : Vladimir Poutine est la "cible principale" de l'enquête journalistique
Une enquête planétaire réalisée par une centaine de journaux sur 11,5 millions de documents a révélé des avoirs dans les paradis fiscaux de 140 responsables politiques...
04 avril 2016 - 16:28
Politique
Image
François Hollande.
"Panama papers" : Hollande promet des "enquêtes" du fisc et des "procédures judiciaires"
François Hollande a annoncé ce lundi que "toutes les informations qui seront livrées donneront lieu à des enquêtes des services fiscaux" ainsi qu'à des "procédures jud...
04 avril 2016 - 14:11
Politique

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Les dessins d'ARA

Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.