Sans être présent, Donald Trump s’accapare l’attention au Forum de Davos et appelle les patrons à investir aux États-Unis pour ne pas “payer des droits de douanes”
Un mot sur toutes les lèvres : Trump à Davos en Suisse, où se déroule le Forum économique mondial (WEF) depuis lundi dernier, le retour de Donald Trump à la Maison Blanche, les promesses du républicain, son allocution lors de son investiture, la série de décrets signés dès sa prise de fonction, ainsi que ses promesses monopolisent les discussions. Cette nouvelle mouture du WEF a beau se tenir sous la thématique de la “collaboration à l'ère de l'intelligence", les Européens cherchent surtout les assurances des Américains et les dirigeants prennent la parole pour s’adresser au 47ᵉ président américain. Donald Trump a pris à son tour la parole hier jeudi, pour réaffirmer ses intentions géopolitiques.
Les dirigeants présents à cette nouvelle édition du Forum de Davos se comptent, comme chaque année, par milliers. Il est officiellement question de 3 000 dirigeants venus de plus 130 pays, dont 350 dirigeants gouvernementaux, 60 chefs d’État et de gouvernement de toutes les régions. Le WEF a listé l’IA, la croissance, la protection de la planète ou encore “l’incertitude géoéconomique” dans “l’ordre du jour”.
L’allocution tant attendue de Trump éclipse les débats
Mais le WEF s’est justement ouvert lundi, le jour même de l’investiture de Donald Trump. Forcément, les discours se sont enchaînés, s’adressant, le plus souvent, au président républicain. L’un des premiers est celui de la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, qui a évoqué, sans le nommer, le milliardaire new-yorkais.
Après avoir alerté contre un “second choc chinois”, en référence à la “surproduction chinoise” et le rôle de Pékin dans la subvention de plusieurs secteurs, Ursula von der Leyen a souhaité rappeler l’enjeu des relations commerciales entre Washington et Bruxelles.
“Aucune autre économie au monde n’est aussi intégrée que la nôtre”, a-t-elle déclaré. “Les entreprises européennes emploient aux États-Unis 3,5 millions d’Américains, et un autre million d’emplois américains dépendent directement du commerce avec l’Europe”, a-t-elle ajouté.
Se montrant plus précise, elle affirme que “l’Europe importe deux fois plus de services numériques des États-Unis que de toute la région Asie-Pacifique. Les deux tiers des actifs américains à l’étranger se trouvent en Europe. Et les États-Unis fournissent plus de 50 % de notre GN”, poursuit la présidente de la Commission européenne. Von der Leyen a insisté sur les “enjeux considérables”, révélant que “notre première priorité sera donc de nous engager rapidement, de discuter des intérêts communs et d’être prêts à négocier”.
Bien avant sa victoire aux dernières présidentielles de novembre, Donald Trump avait émis des menaces de surtaxes douanières contre le Mexique, le Canada, l'Union européenne ou la Chine. Dès sa prise de fonction, il a officialisé le retrait des États-Unis de l'Organisation mondiale de la Santé ou de l'accord de Paris sur le climat.
Quelques semaines avant, il affichait ouvertement sa volonté de "reprendre" le canal de Panama, lançant sans cesse des piques aux Canadiens et à leur ex-Premier ministre Young Global Leader Justin Trudeau. Il est tout à fait normal que son allocution par visioconférence soit attendue par tout le monde, suscitant un enthousiasme mêlé à de l’inquiétude parmi les entrepreneurs ou les dirigeants politiques, la société civile comme les médias internationaux.
“Venez en Amérique, ou payez des droits de douane”
Pour sa seconde participation depuis son élection, le président argentin Javier Milei, fidèle à lui-même, ne s’est pas directement adressé à son homologue américain, mais s’est fait l’écho de certaines positions du républicain ou de son entourage. Il a dénoncé hier le “cancer woke” et le “virus mental qu’est cette idéologie”, tout en prenant la défense du patron de Tesla et de X, Elon Musk, ce “cher ami” dont le “geste innocent” lui vaut comme accusations d’avoir fait un “salut nazi”. Il n’a toutefois pas manqué de louer “l’âge d’or” que promet le 47ᵉ président pour son pays, "une lumière pour le monde entier".
Côté chinois, c’est le vice-Premier ministre chinois Ding Xuexiang qui a pris la parole pour évoquer les projets économiques de Trump, rappelant tant à l’Europe qu’aux États-Unis que "Le protectionnisme ne mène nulle part, et qu’il n'y a pas de vainqueur dans les guerres commerciales".
Quant au président du Panama José Raul Mulino il a répondu à l’homme de Mar-a-Lago que le canal n'avait pas été "un cadeau" de Washington.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a, lui, exhorté l'Europe à ne pas se contenter d'un rôle secondaire dans le soutien à l'Ukraine, soulignant que les batailles sont plus proches de Davos que de la Russie ou de la Corée du Nord. "Nous devons tous comprendre que Poutine ne veut pas mettre fin à la guerre (...) le président Trump fera-t-il même attention à l'Europe ?", s’est-il interrogé.
Côté patrons, l’une des présences les plus notables est celle de Patrick Pouyanné, PDG de TotalEnergies, qui entend dialoguer avec le président américain. Ce dernier ayant pris la parole hier pour adresser un message (très) clair à la sphère industrielle.
“Venez fabriquer vos produits en Amérique ou préparez-vous à payer des droits de douane”, a-t-il déclaré. Pas de quoi rassurer ... "Mon message pour toutes les entreprises du monde est simple : venez fabriquer vos produits en Amérique et vous bénéficierez des impôts parmi les plus bas au monde", promet-il.
"Mais si vous ne les produisez pas aux États-Unis, ce qui est votre droit, alors, très simplement, vous devrez payer des droits de douane", a-t-il ajouté. Rappelant ses objectifs de baisser les taxes et réduire l’immigration illégale, il a par la suite invité l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) à “baisser le coût du pétrole”, reliant le prix de cet hydrocarbure au conflit ukrainien. "Si le prix était plus bas, la guerre en Ukraine serait aussitôt terminée", a-t-il affirmé, en référence, éventuellement, aux revenus générés par ce marché à Moscou.
"Même si des taxes douanières sont annoncées, s'il vous plaît, gardez votre calme", plaidait jeudi Ngozi Okonjo-Iweala, patronne de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), avant l’allocution de Donald Trump.
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