Tentative de coup d'Etat en Turquie : au moins 60 morts, des centaines de militaires arrêtés
La situation est encore floue en Turquie ce samedi 15 matin, suite à la tentative de coup d'Etat qui a fait au moins 60 morts selon un premier bilan provisoire. D'après un responsable turc, les forces de sécurité ont arrêté 336 personnes, pour la plupart des militaires, en lien avec cette action. L'agence de presse gouvernementale Anadolu évoque de son côté 754 militaires arrêtés. Cinq généraux et colonels ont par ailleurs été démis de leurs fonctions sur ordre du ministre de l'Intérieur Efkan Ala. Qualifiant la tentative de coup d'Etat "d'idiote" et l'estimant "vouée à l'échec et largement sous contrôle", le Premier ministre turc Binali Yildirim a quant à lui nommé un nouveau chef d'état-major par intérim pour remplacer le général Hulusi Akar, prisonnier des putschistes. Mais si le Premier ministre se montre sûr de lui, les rebelles semblent pour autant bien déterminer à poursuivre leur combat, selon un courrier électronique portant l'adresse du service de presse de l'état-major des armées.
Au grand dam de la communauté internationale, très inquiète de l'évolution de la situation. Dans la nuit, le ministre des Affaires étrangères français, Jean-Marc Ayrault a demandé à ses ressortissants en Turquie de ne pas sortir, tandis que la responsable de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, appelait à la "retenue" et au "respect des institutions démocratiques" dans le pays. Dans un communiqué, le président américain Barack Obama a quant à lui demandé de soutenir le gouvernement turc "démocratiquement élu" et à "éviter violence et bain de sang". En Russie, enfin, le chef de la diplomatie Sergueï Lavrov a appelé a éviter "tout affrontement meurtrier".
Vendredi soir, des militaires putschistes ont investi les ponts et les chaînes de télévisions en Turquie, bloquant même les aéroports de la capitale Ankara et d'Istanbul. Via un communiqué lu par un présentateur de la chaîne publique, ils ont annoncé que le gouvernement avait été renversé et que la loi martiale et un couvre-feu avaient été instaurés. Le putsch a été mené "afin d'assurer et de restaurer l'ordre constitutionnel, la démocratie, les droits de l'homme et les libertés, et laisser la loi suprême du pays prévaloir", était-il précisé.
Un peu plus tard, vers 23h30, heure française, le président Erdogan s'est exprimé pour la première fois dans une allocution diffusée sur la chaîne d'information CNN-Türk via l'application de visioconférence FaceTime et a demandé aux Turcs de descendre dans la rue pour résister aux putschistes. "Je ne pense absolument pas que ces putschistes réussiront", a-t-il déclaré, promettant "une riposte très forte". "C'est un soulèvement dans lequel l'Etat parallèle a également une part", a-t-il également affirmé, en référence au mouvement de son ennemi juré Fethullah Gülen, exilé aux Etats-Unis. Les adeptes de ce dernier condamneront pourtant dans la nuit "dans les termes les plus forts" la tentative de coup d'Etat, qualifiant au passage les commentaires du président turc d'"irresponsables".
Dans le même temps, un avion a largué une bombe près du palais présidentiel à Ankara et des avions de chasse F-16 ont bombardé des chars de rebelles. Des témoins ont également pu voir des chars de l'armée déployés autour du Parlement turc. Vers 1h du matin, le Premier ministre turc a annoncé que la situation était sous contrôle, appelant à son tour les citoyens à descendre dans la rue. Trois heures plus tard, cernés par la police, une trentaine de militaires putschistes ont déposé les armes place Taksim, au centre d'Istanbul, selon un journaliste présent sur place. Ils ont été emmenés dans des fourgons tandis qu'un avion de chasse continuait de survoler la ville à basse altitude. Trente soldats rebelles qui avaient investi l'un des ponts enjambant le Bosphore à Istanbul se sont ensuite rendus à leur tour aux forces de sécurité. Ce samedi au petit matin, des coups de feu sporadiques étaient toujours audibles dans plusieurs quartiers d'Ankara et d'Istanbul.
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