L'Union européenne veut priver la Hongrie de ses fonds pour non-respect de l'État de droit
La Commission européenne a décidé de lancer une procédure inédite contre la Hongrie. L'idée, c'est de suspendre le versement de fonds européens en cas de violations de l'État de droit, a annoncé Ursula von der Leyen, hier.
En vigueur depuis janvier 2021, mais encore jamais utilisée, cette procédure intervient seulement deux jours après la quatrième victoire électorale d’affilée du parti Fidesz de Viktor Orban, président de la Hongrie (qui recueillait 53,35 % des voix après le dépouillement de 93 % des bulletins). Le commissaire européen au budget, Johannes Hahn, "a parlé aujourd’hui avec les autorités hongroises et les a informées que nous allions maintenant envoyer la lettre de mise en demeure pour activer le mécanisme. Cela déclenche une procédure comportant des échéances précises", expliquait mardi Ursula von der Leyen, devant le Parlement européen, qui a accueilli cette décision avec des applaudissements.
Ce mécanisme concerne les fonds versés dans le cadre du budget européen, ainsi que les plans relance post-Covid. Notons qu’une suspension ou une réduction des paiements doit être proposée par la Commission et endossée par au moins 15 États membres.
En outre, dans un précédent courrier envoyé en novembre à Budapest, la Commission avait exprimé ses inquiétudes à propos de problèmes de passation de marchés publics, de conflits d'intérêts et de corruption. Elle estimait la lutte contre la corruption insuffisante. C'est pourquoi le plan de relance hongrois, d'un montant de 7,2 milliards d'euros de subventions européennes, bat de l'aile.
La Hongrie, de son côté, condamne fermement cette décision de l’Union européenne. Sa ministre de la Justice, Judit Varga, dénonce un "nouveau moyen de pression" sur Budapest, estimant que ce jugement était lié à la loi sur l'homosexualité adoptée cet été. Cette dernière visait à interdire toute référence à l’homosexualité ainsi qu’à la transsexualité au sein des contenus éducatifs et culturels accessibles aux mineurs, et a été très contestée et critiquée au sein de l'Union européenne. "La pornographie et les contenus qui représentent la sexualité ou promeuvent la déviation de l'identité de genre, le changement de sexe et l'homosexualité ne doivent pas être accessibles aux moins de 18 ans", spécifie le texte. Ursula van der Leyen l'a vigoureusement condamnée, car cette loi va selon elle "à l'encontre de toutes les valeurs fondamentales de l'UE".
En réponse, Gergely Gulyas, le chef de cabinet du Premier ministre Viktor Orban, a "demandé à la Commission européenne de ne pas punir les électeurs hongrois pour ne pas avoir exprimé une opinion au goût de Bruxelles".
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