Pour l'auteur américain Giridharadas, "il faudrait mettre fin à Davos"

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Par Alex PIGMAN - Davos (Suisse) (AFP)
Publié le 22 janvier 2019 - 08:37
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L'auteur américain Anand Giridharadas à San Francisco le 14 octobre 2018
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© Matt Winkelmeyer / GETTY IMAGES NORTH AMERICA/AFP/Archives
L'auteur américain Anand Giridharadas à San Francisco le 14 octobre 2018
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"Il faudrait mettre fin à Davos", affirme l'Américain Anand Giridharadas, ancien consultant du cabinet de conseil McKinsey et fervent critique de cette réunion en Suisse de l'élite économique et politique mondiale, dans un entretien téléphonique avec l'AFP.

Il est l'auteur du livre "Winners Take All: The Elite Charade Of Changing The World" (que l'on peut traduire par "Les gagnants ramassent la mise: la mascarade de l'élite pour changer le monde").

Q: Qu'est-ce que Davos?

R: Il s'agit essentiellement de faire du lobbying sous couvert d'une conférence. Vous devez faire la fête ensemble, faire des connaissances, participer à des débats. Je connais de nombreux journalistes, de politiciens et bien d'autres participants qui s'y sont rendus pendant des années, et qui ont baissé la garde après être tombés sous le charme des milliardaires qui s'y trouvent. Le Forum est devenu le lieu parfait pour que les riches et les puissants présentent leurs intérêts sous la forme de valeurs communes à tous.

Les discussions de Davos ne servent pas à savoir comment vous augmentez votre part de marché en Chine. Si c'était le cas, je respecterais beaucoup plus ce Forum. Ce rendez-vous est devenu épuisant, car on demande à l'élite de Davos de s'occuper du bien commun, alors qu'ils n'en ont ni la compétence ni l'intérêt, ou s'ils ont un intérêt, il est contraire à celui du reste du monde.

Q: Qui se rend à Davos ?

R: Un éventail qui va des plus naïfs aux plus rusés. Je ne crois pas que quelqu'un chez Goldman Sachs pense réellement que sa banque s'efforce de rendre le monde meilleur. Ils comprennent qu'ils travaillent pour une banque et que leur rôle c'est de faire de l'argent pour les actionnaires. Afficher un peu de responsabilité face à l'opinion publique est nécessaire, pour que les politiciens restent de leur côté et pour éviter également que les hauts responsables soient mis en prison après une crise financière. D'une certaine manière, je les respecte parce qu'ils ne font pas semblant de ne pas être une banque.

Voilà pour les rusés. Mais ensuite vous vous tournez vers Silicon Valley et voilà des types comme Zuckerberg, dont je ne pense pas qu'il soit cynique, ces gens croient (...) que s'ils partagent leurs outils d'émancipation avec le plus grand nombre, ils vont rendre le nombre meilleur. Ils s'illusionnent au point de ne pas comprendre du tout qu'ils font partie du problème plutôt que de la solution.

Q: Que devrait devenir Davos ?

R: Je pense qu'il faudrait mettre fin à Davos. Le seul moyen d'avancer pour l'élite de Davos en cette période de colère est d'entrer dans une véritable période de réflexion et de se corriger soi-même. La chose la plus importante qui doit se produire dans le monde est que les personnes qui se réunissent à Davos renoncent à leur influence au bénéfice des politiques publiques et qu'ils arrêtent également de fausser le débat sur la manière de régler les grands problèmes que nous partageons.

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