Rixe à Orly : un an avec sursis requis contre les rappeurs Booba et Kaaris

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Par Alexandra DEL PERAL, Romain FONSEGRIVES - Créteil (AFP)
Publié le 07 septembre 2018 - 02:13
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Au tribunal comme en garde à vue, ils se sont rejeté la faute. Un mois après la bataille rangée entre Booba et Kaaris à l'aéroport d'Orly, le procureur a requis jeudi un an avec sursis contre les deux rappeurs ennemis.

Le tribunal correctionnel de Créteil rendra son jugement le 9 octobre.

D'ici-là, Booba pourra rentrer en famille à Miami: l'interdiction de quitter la France, imposée à tous les prévenus, a été levée.

Ils sont "tous deux responsables" de la rixe du 1er août, où ils ont "perdu toute lucidité", a estimé le procureur. Ils ont "entraîné leurs gardes rapprochées" dans la bagarre, a dénoncé le magistrat.

Pour les neuf autres belligérants, le procureur a échelonné ses réquisitions selon la gravité des violences et leurs antécédents judiciaires: relaxe pour un membre du clan Booba resté à l'écart, entre six mois d'emprisonnement avec sursis et huit mois ferme pour les autres.

Le représentant du parquet a renvoyé les deux leaders dos à dos: Booba "porte le premier coup de pied", mais c'est Kaaris "qui se lève et va au contact".

L'audience-marathon a fait salle comble. Dehors, derrière le cordon de police, des dizaines de fans affichaient "team Booba" ou "team Kaaris".

Passés quelques regards appuyés, Booba, Elie Yaffa à l'état civil, et Gnakouri Okou, alias Kaaris, chacun trois semaines de détention provisoire, sont restés calmes.

Volontiers goguenard en chemise à carreaux, l'autoproclamé "duc de Boulogne" s'est permis des messes basses avec la dessinatrice de presse et a parfois rabroué sèchement les avocats adverses. Son rival de Sevran, chemise blanche, a joué "l'apaisement" et présenté d'emblée ses "excuses".

- "C'est pas ma faute" -

Le tribunal devait juger la bagarre d'Orly, il a aussi assisté à celle des avocats, qui se sont écharpés lors de l'examen des différentes vidéos de la rixe, chacun criant pour imposer son interprétation des images.

La scène est connue: à sept contre quatre le clan Booba affronte celui de Kaaris. Les bouteilles de parfum de la boutique duty free servent d'armes ou de projectiles. Bilan: des blessés légers dans chaque camp, plusieurs vols retardés et plus de 50.000 euros de casse.

"N'y avait-il pas moyen que cela se termine autrement?", a soupiré la présidente.

"J'aurais bien aimé", a répliqué Booba. "Je me suis défendu, tout simplement."

S'il a donné le premier coup de pied, c'est parce qu'il se sentait "encerclé" et "menacé" par Kaaris et son groupe, qu'il a "essayé d'éviter". Il tente ensuite "un coup d'intimidation".

"C'est vraiment pas ma faute, j'avais pas le choix madame", s'est justifié Kaaris. "J'ai agi par légitime défense du début jusqu'à la fin", a juré le rappeur de Sevran. Selon lui, Booba lui aurait lancé: "lève-toi, salope !"

"Je me lève, c'est une erreur. Mais je me lève parce que prendre des coups assis, c'est plus grave que prendre des coups debout", a-t-il avancé.

- "Risée d'internet" -

Chaque rappeur devait embarquer dans le même avion pour Barcelone, mais l'enquête ne permet pas de démontrer un quelconque guet-apens, selon le parquet. Loin du coup marketing, "cette rencontre est fortuite", a estimé le procureur.

"Sous le regard des passagers et des réseaux sociaux, cette rencontre ne pouvait que se conclure par une confrontation physique", a regretté le magistrat. À force de "clashs" publics, Booba et Kaaris "se sont créé des personnages forts, puissants, violents, excessifs et déterminés", a-t-il décrit.

Dans ce contexte, "baisser les yeux, détourner le regard, ignorer l'autre, c'est déjà perdre la face", a résumé le procureur. Il a fustigé deux hommes qui "ont perdu toute lucidité", mus par la peur de devenir "la risée d'internet". Et les a renvoyés à "leurs responsabilités" de "chefs d'entreprise", mais aussi de "pères de familles".

"C'est tellement simple de dire tous coupables, tous responsables", a réagi l'avocat de Kaaris, David-Olivier Kaminski.

"Où est la violence dans le geste de se lever et de se placer devant quelqu'un?", s'est-il indigné. "Quand on se fait attaquer, il faudrait ne rien faire?"

La légitime défense "ne tient ni pour les uns, ni pour les autres", a rebondi l'avocat de Booba, Yann Le Bras. Mais avant l'embarquement, "qui passe le message d'apaisement? Qui dit +ignorons nous+? C'est le clan Booba".

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