Savoie : enquête après la diffusion d'un clip provoquant de détenus
Une enquête pour détention illégale de téléphone portable en prison a été diligentée après la diffusion sur les réseaux sociaux d'un clip de rap provoquant de détenus d'Aiton (Savoie), a-t-on appris vendredi auprès du parquet d'Albertville.
La vidéo, qui fait le buzz sur internet depuis lundi, met en scène une quinzaine de détenus joviaux rassemblés autour d'un buffet dans une partie commune du centre de détention (peines supérieures à 1 an) de la prison, pour partager un goûter avec gâteaux et sodas.
D'autres séquences en montrent faisant des pompes, jouant à la console ou roulant des cigarettes, avec des paroles de chanson disant, entre autres, "la taule est à nous".
"La seule infraction pénale est la détention d'objet prohibé, en l'occurrence un téléphone portable. Une infraction passible de 5 ans d'emprisonnement", a déclaré à l'AFP Jean-Pascal Violet, procureur de la République.
Il a donc diligenté une "enquête préliminaire" afin de déterminer qui était le détenteur du téléphone, rappelant que son tribunal examinait "toutes les semaines des cas de détention illégale d'objets en prison", ce dont "souffrent tous les établissements pénitentiaires" du pays.
Selon l'administration pénitentiaire, 19.339 téléphones et accessoires (puces, chargeurs etc.) ont été découverts en détention au premier semestre. Ces objets entrent d'abord par les parloirs mais aussi par des projections depuis l'extérieur.
"Tourner une vidéo et la diffuser n'est pas interdit au sens pénal, d'autant que ceux qui y apparaissent ont l'air tous consentants", a poursuivi le magistrat, relevant que les différents plans montés n'avaient pas du être tournés au même moment, certains détenus ayant été libérés avant la diffusion du clip.
Cette prison applique dans certaines de ses parties le régime d'ouverture des cellules en journée. En revanche, les rassemblements y sont interdits par le règlement intérieur et une enquête interne pourra déboucher sur des "sanctions disciplinaires", éventuellement assorties "de retrait de crédits de réduction de peine", pour les détenus qui apparaissent à visage découvert.
Pour le secrétaire général adjoint de l'UFAP-UNSA (surveillants de prison) David Calogine, cette vidéo, dont il souhaite le retrait de YouTube, est "inacceptable": "Il y a à Aiton une concentration de détenus aguerris. Les personnels pénitentiaires sont un peu abandonnés et ça se voit sur la vidéo", a-t-il déploré auprès de l'AFP.
"Il y a une recrudescence de l'utilisation des réseaux sociaux par les personnes détenues", a souligné Christopher Dorangeville, secrétaire général CGT pénitentiaire. "Dans les conditions actuelles, c'est incontrôlable. Nous manquons de moyens humains et de moyens législatifs, depuis la suppression des fouilles systématiques au parloir", a-t-il estimé.
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