Crise énergétique : entre freins à la consommation et protestations

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FranceSoir
Publié le 27 juin 2022 - 15:30
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Crise énergétique et guerre en Ukraine, les décisions ubuesques
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Jean-Christophe Verhaegen / AFP
"Ce choc (économique) est aggravé par une recrudescence des restrictions au commerce des denrées alimentaires, du carburant et des engrais", selon Indemit Gill.
Jean-Christophe Verhaegen / AFP

Depuis quelque temps, les nombreuses sanctions appliquées à la Russie se retournent contre l'Occident. Certains économistes alertent quant aux conséquences que cela pourrait avoir à moyen et long terme, notamment sur le pouvoir d'achat : hausse des prix, stagflation, endettement... tout ceci s’ajoutant à système économique brinquebalant dû à la crise sanitaire. Comme en Équateur, la situation européenne pourrait bien dégénérer, si gouvernements et groupes énergétiques ne prennent pas les bonnes décisions.

Guerre en Ukraine, sanctions et hausse des prix

La flambée durable des prix des matières premières n’est plus un "simple" scénario alarmiste. Bien que le conflit russo-ukrainien ait débuté en 2014, c'est l’invasion russe du 24 février dernier qui a poussé les pays européens à multiplier les sanctions envers le pays de Vladimir Poutine.

Voir aussi : Crise financière mondiale : les sanctions occidentales sont une chance pour la Russie

Deux camps semblent s'affronter : d'un côté, les États-Unis de Joe Biden et l'Europe d'Ursula von der Leyen. De l'autre, la Chine et la Russie. Un conflit à grande échelle dont l'impact économique et social ne cesse de croître. Selon Antonio Guterres, le chef de l'Organisation des Nations Unies, "l’impact de la guerre sur la sécurité alimentaire, l’énergie et les finances est systémique, grave et s’accélère"

Dernièrement, le Royaume-Uni, les États-Unis, le Canada, et le Japon ont unanimement décidé d’interdire les importations d’or russe, comme le souligne Les Échos. Si les sanctions vont bon train, les conséquences économiques aussi. Comme l’écrit Indermit Gill, vice-président de la Banque mondiale pour le pôle Croissance équitable, le spectre de la stagflation commence à planer au-dessus du monde. Ce phénomène combine à la fois une situation économique faible et une forte inflation, car "ce choc (économique) est aggravé par une recrudescence des restrictions au commerce des denrées alimentaires, du carburant et des engrais".

Cette crise économique amène ainsi le gouvernement à considérer d'autres pistes, dites "exceptionnelles", qui étaient passées sous la trappe en raison des dégâts environnementaux engendrés.

Vers une réouverture des centrales à charbon ?

Il n’est plus question d'environnement quand le contexte est celui de la guerre. Pour faire face à la crise mondiale de l’énergie, le gouvernement français envisage de redémarrer la centrale à charbon de Saint-Avold (Moselle) afin d’anticiper l’hiver prochain. Fermée depuis le 31 mars, la centrale à charbon va donc prochainement reprendre son activité.

Actant cette décision dans l'article 13 du futur projet de loi sur le pouvoir d'achat, l'exécutif souhaite ainsi freiner notre dépendance au gaz russe et compenser le ralentissement du parc nucléaire. Le texte en question prévoit la réembauche de 71 anciens salariés. Selon RTL, ils pourront dont être réembauchés sur la base du volontariat, "à compter du 1er juillet 2022 et jusqu’au 31 décembre 2023", en contrats à durée déterminée ou en contrats de mission, à titre exceptionnel.

Une décision qui fait écho à celles de nos voisins européens (Allemagne, Autriche, Pays-Bas), qui ont relancé les centrales à charbon la semaine dernière. Si "le charbon, c'est l'ennemi numéro 1 du climat", comme l'affirmait sur France Info Barbara Pompili, l'ex-ministre de la Transition Écologique, un problème à la fois...

Voir aussi : Faute de gaz russe, l’Allemagne, l’Autriche et les Pays-Bas relancent les centrales à charbon

Les Français doivent-ils réduire leur consommation d'électricité ?

De leur côté, les trois énergéticiens EDF, TotalEnergies et Engie appellent les Français à réduire "massivement" leur consommation d’électricité, de gaz, et de pétrole. "L'effort doit être immédiat, collectif et massif", s’alarment Patrick Pouyanné (TotalEnergies), Jean-Bernard Levy (EDF) et Catherine MacGregor (Engie) dans une tribune commune publiée dans le Journal du dimanche. Et de conclure : "Chaque geste compte". Bien qu’il ne s’agisse pas d’une consigne sanitaire, les trois énergéticiens veulent anticiper les risques de pénuries et de flambée des prix qui pourraient menacer, selon eux, la "cohésion sociale" de l’hiver prochain.

"La meilleure énergie reste celle que nous ne consommons pas", affirment les dirigeants. Et d'ajouter : "Nous devons, collectivement, agir sur la demande en énergie en réduisant notre consommation pour nous redonner des marges de manœuvre". Les groupes énergétiques estiment que les Français doivent avoir une "prise de conscience" et "une action collective et individuelle ", pour que "chaque consommateur, chaque entreprise – change ses comportements et limite immédiatement ses consommations énergétiques, électriques, gazières et de produits pétroliers".

De nombreux Français s’inquiètent des conséquences énergétiques, car l’hiver prochain pourrait s’annoncer difficile. "Nous nous trouvons en effet dans une période charnière, marquée par une série d'événements à gérer : la fermeture des centrales au fioul et à charbon, celle de Fessenheim, mais aussi du retard quant au développement d’autres modes de production", souligne RTE auprès de Tf1Info.

Lire aussi : Coût de la vie : les ménages français pâtissent tandis que le gouvernement vante son bilan

En somme, les restrictions ne sont plus d’ordre sanitaire, mais énergétique. En revanche, elles sont toujours controversées. De l’autre côté du globe, les contestations face à la hausse des prix font plier le président de l’Équateur.

Équateur : contestation indigène et baisse des prix

Après deux semaines de manifestations et de blocages, le président équatorien Guillermo Lasso a concédé une baisse du prix des carburants, ce 26 juin : "J’ai décidé de réduire le prix de l’essence de 10 cents [de dollar] par gallon [3,78 litres] et le prix du diesel également de 10 cents le gallon".

Après le violent soulèvement d'octobre 2019, gravé dans les esprits des Équatoriens, les répercussions économiques post-covid et les tensions géopolitiques du Golfe et de l’Ukraine ont attisé la colère des populations indigènes, mais aussi des collectifs d’étudiants et de travailleurs.

Depuis plusieurs mois, les prix du pétrole sont repartis à la hausse. "En moins d’un an, le prix du diesel a grimpé de 90 % (à 1,90 dollar) et celui de l’essence de 46 % (à 2,55 dollars)", constate Le Monde. Face aux pénuries de production de pétrole signalées, les habitants de Quito ont décidé de paralyser la capitale, mais aussi de bloquer les barrages routiers de dix-neuf provinces du pays. La journée du 13 juin, date de début des contestations, a fait cinq morts et des dizaines de blessés, selon les autorités.

Les facteurs externes sur le prix du pétrole (envolée des cours, perturbations de l'offre, tensions géopolitiques) ont amené à une explosion du coût du baril. Or, il s'agit du premier produit d’exportation du pays. En réponse aux manifestants, le ministère de l’Énergie a prévenu que la production de pétrole du pays cessera d'ici à quarante-huit heures si les contestations se poursuivent. Il va donc falloir faire un choix...

Finalement, alors que les pénuries énergétiques et alimentaires, couplées à la hausse des prix inquiètent les économistes, la colère qui grogne en Équateur pourrait bien voir le jour en Europe.

Voir aussi : Hausse des taux : vers un krach obligataire?

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