Perrier : plus de 150 ans, et toujours aussi fou (VIDEO)
Ce sont encore les chiffres qui en parlent le mieux. Perrier, c’est près d’un milliard de bouteilles produites par an, sorties de l’usine de Vergèze, dans le Gard (Nîmes est à quinze kilomètres), là où se trouve sa source, là aussi où s’activent un millier d’employés. Perrier, ce sont également 50% de ventes à l’export. Un triomphe planétaire: en témoigne, par exemple, le fait qu’Andy Warhol a accepté de personnaliser la bouteille en 1983.
A l’occasion des 150 ans de la marque, en 2013, les sérigraphies de l’artiste américain protéiforme, incarnation du pop art, se retrouvaient sur le millésime de l'année. D’autres éditions de prestige avaient vu le jour, signées Dita von Teese ou Agnès B. L’art de rester branché en toutes circonstances. L’art, aussi, de cultiver sa propre histoire, qui appartient à la légende.
Hannibal Ier adorait les petites bulles
Selon Nestlé Waters, géant qui possède Perrier depuis 1992 (mais aussi Vittel, Contrex, Hépar ou San Pellegrino), la saga Perrier démarre véritablement il y a 120 millions d'années. C’est alors, selon la marque, que "l'eau de pluie s'infiltre lentement sous terre alors que le gaz d'origine volcanique remonte à la surface. L'eau et le gaz se sont rencontrés et se sont frayé un chemin au gré des fissures ouvertes dans les roches calcaires. La présence de failles perméables a permis à l'eau de poursuivre son ascension et de jaillir en surface avec un aspect bouillonnant lié au dégagement de gaz carbonique. De là est né le nom du lieu-dit, Les Bouillens".
La suite se dessine en 218 avant Jésus-Christ avec, qui l’eut cru, Hannibal Ier reconverti en fan des petites bulles. Parti depuis l’Espagne avec son armée pour conquérir Rome, le stratège militaire choisit de faire une halte au bord de ce qui deviendra bien plus tard le lieu-dit "Les Bouillens", à Vergèze. Il y trouve le lieu idoine, ses fiers soldats prenant un plaisir rafraîchissant à se désaltérer à l'eau d'une source gazeuse.
Le Dr Perrier propriétaire de la source en 1898
Plus tard, nommé proconsul des Gaules, Jules César récompense ses soldats en leur distribuant des terres dans la plaine du Languedoc. Les Romains sont les premiers à édifier un bassin de pierre et quelques constructions autour de la source.
S’opère ensuite un immense bon en avant puisque après Jules César, la légende suivante se nomme Alphone Granier. Qui ça? Alphonse Granier, qui s’intéresse à la source, le domaine des Bouillens étant la propriété de sa famille depuis 1769. Son exploitation commence avec le décret signé en 1863 par Napoléon III. L’eau de la source est reconnue eau minérale naturelle. "Grâce à de nombreux scientifiques qui mettent en évidence les propriétés thérapeutiques de l'eau gazeuse, le domaine voit arriver les premiers curistes", précise Perrier.
Mais six ans plus tard, un incendie ravage les installations de Vergèze. Il faut attendre 1898 et que Louis-Eugène Perrier devienne propriétaire de la source pour que ce médecin et homme politique esquisse les contours du futur. Il achète également l’établissement thermal de Vergèze tandis que, pour conditionner et transporter une eau qui contient trois fois son volume de gaz, il élabore une bouteille en verre dont le bouchage est hermétique.
Un lord anglais révolutionnaire
La rencontre de Perrier avec Sir John Harmsworth en 1903 agit comme un accélérateur. Le lord anglais rachète les parts du docteur et donne le nom de son ami à la source. Il s’inspire par ailleurs des massues indiennes, qu'il utilise pour entretenir sa forme, afin de donner à la bouteille sa forme iconique.
Dès lors, tout s’emballe: deux ans plus tard, l’eau de Perrier est bue à Buckingham, avec le titre de fournisseur breveté de sa Majesté le Roi d'Angleterre! En 1933, année du décès d’Harmsworth, la source Perrier est déclarée d'intérêt public et produit 19 millions de bouteilles.
Gustave Leven, en 1947, relance la marque. L’agent de change a le coup de cœur pour la source et la rachète. Il fera pétiller Perrier durant de longues années, la faisant entrer de plain-pied dans l’ère industrielle, la production passant ainsi de 30 à 150 millions de bouteilles.
Autre intuition de Leven: confier à Jean Davray, auteur de romans et de pièces de théâtre, l’essor publicitaire. Une saga à elle tout seule, avec notamment le mythique slogan "Perrier c’est fou" signé Jean Davray en 1976 ou des spots réalisés par Serge Gainsbourg ou Jean-Paul Goude notamment.
Même la crise du benzène ne l’atteint pas
Lorsque Gustave Leven quitte la présidence de Perrier en 1990, elle est la première eau minérale dans le monde, même si la crise du benzène marque les esprits, entraînant notamment le retrait global des bouteilles après que des traces de cet hydrocarbure eurent été découvertes par un laboratoire américain dans treize bouteilles.
Depuis, la marque poursuit sa marche en avant, vendue dans 140 pays, continuant ainsi les innovations, telle la bouteille en plastique de 50 centilitres (2001) ou l’Eau de Perrier, deux ans plus tard. Autre bonne nouvelle: les effectifs sont repartis à la hausse en 2012 et trois lignes d'embouteillage nouvelles ont été installées.
Réalisant 45% de son chiffre d'affaires en France où il est leader sur le marché de l’eau gazeuse (27% de part de marché en valeur), Perrier veut cependant se développer à l'étranger et surtout auprès des jeunes, segment de la population sur lequel les dirigeants reconnaissent un "déficit de consommation". L'objectif pour la petite bouteille verte est de doubler sa production d'ici 2020.
Une des armes de la marque –et notamment auprès des jeunes– reste ses spots publicitaires qui sortent de l'ordinaire (voir l'ensemble de ces vidéos sur le compte YouTube de la marque, ici). Le tout dernier spot, particulier réussi (à voir ci-dessous), lancé sous le slogan "Extraordinaire Perrier", a été présenté le 7 juin lors de la finale de Roland-Garros, dont Perrier est partenaire depuis 1978.
(Voir ci-dessous le dernier spot publicitaire Perrier):
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