Emploi : de plus en plus de candidats disparaissent en plein recrutement
Selon une enquête menée par « Les Échos Start », les cadres sont de plus en plus nombreux à ne plus donner signe de vie après avoir été recrutés.
Une banalisation du ghosting professionnel
C’est une déconvenue que connaissent bon nombre de candidats : ne plus avoir de nouvelles du recruteur après avoir passé un, voire plusieurs entretiens d’embauche. Mais la tendance serait aussi à la hausse chez les cadres, de plus en plus enclins à faire les fantômes envers un potentiel employeur, alors que le process de recrutement est déjà bien entamé. C’est ce que met en lumière une enquête menée par Les Échos Start auprès d’entreprises, de cabinets de conseils et d’experts RH. « Les recruteurs constatent une banalisation de cette pratique, analyse ainsi Ruthes Cernes, DG de Monster France. Comme on se fait "ghoster" sur Tinder, on trouve normal de faire ça à un recruteur. »
De plus en plus de cadres concernés
Alors qu’auparavant, la pratique du « ghosting » existait principalement sur des postes précaires, elle se généralise aujourd’hui chez les profils cadres, qui acceptent le poste en attendant la réponse d’un autre recruteur qui correspond mieux à leurs attentes. « Un recruteur ne s'attend pas à ce type de comportement chez des candidats censés avoir un certain niveau d’éducation et de responsabilités », souligne Nicole Degbo, ancienne chasseuse de têtes et fondatrice de la Cabrik, un cabinet de conseil en gouvernance d'entreprise.
Comment expliquer ce changement de comportement ? Pour Gonzague Lefebvre, cofondateur de la start-up RH CleverConnect, un marché dynamique pour les cadres et « une pénurie de talents sur des profils très experts » profitent aux candidats qui s'évanouissent dans la nature, également confortés par une évolution des rapports avec le travail. « On est passé d’une entreprise toute-puissante à celle qui doit essayer de convaincre les talents », analyse Ruth Cernes.
Une pratique risquée
Attention, toutefois, à celles et ceux qui seraient tentés d’ignorer une boîte après avoir obtenu un accord de principe pour un poste, car ils jouent peut-être malgré eux leur réputation et leur avenir professionnel. « Les grands groupes laissent couler, mais j’ai déjà vu des PME et des startups qui ont "affiché" des candidats sur les réseaux sociaux », affirme ainsi Gonzague Lefebvre. Ils peuvent aussi se faire "blacklister" par les cabinets de recrutement, comme l’a déjà fait Nicole Degbo avec une candidate fantôme. « Je ne pouvais pas prendre le risque de la présenter à d’autres employeurs. Et ce, même si elle s’est excusée tardivement. »
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