En Chine, les jeunes de la génération Z ne veulent plus faire d’heures supplémentaires
En France, le mouvement du “détravail” fait des émules chez les jeunes. Ce phénomène est global, mais il prend des formes différentes selon les régions du monde. En Chine, par exemple, les jeunes nés après les années 1995 font partie des premières générations à ne pas connaître les pénuries des époques passées, et pour eux, contrairement à leurs parents, faire des heures supplémentaires n’est plus synonyme de sécurité et de bonne situation professionnelle. On observe donc un phénomène appelé “lying flat” (“rester couché” en anglais) : les jeunes chinois privilégient le temps du repos (couché) à celui du travail, après des décennies de tradition de sacrifice au travail.
Plus qu’une vague de paresse, une philosophie contestataire du modèle consumériste
Selon le South China Morning Post, les travailleurs de la génération Z se sont, surtout suite à la pandémie, révoltés contre les philosophies de travail des géants du numérique comme Alibaba, créé par Jack Ma, qui défendait une culture du travail connue sous le nom de "996" pour décrire le fait de travailler avec plaisir de 9 h à 21 h, six jours par semaine. Ils remettent en cause l’éthique traditionnelle du travail en Chine, en refusant de faire des heures supplémentaires, en fournissant un travail de qualité médiocre, allant fréquemment et longtemps aux toilettes, en jouant avec leurs téléphones portables, ou en lisant des romans au travail. Ces jeunes se rebellent contre le modèle construit et établi pendant des dizaines d’années en Chine. Pour CNBC, ce mouvement n’est pas seulement une vague de paresse, mais une révolte du travail, menée par des philosophies anti-matérialistes et anti-consuméristes. Des slogans et manifestes circulent sur les réseaux sociaux, et ses partisans se baptisent eux-mêmes les "restés couchés”, par opposition aux modèles de travail excessif imposés par la société de consommation.
Une tendance qui ne plaît pas au gouvernement
Le président Xi Jinping ne voit pas ce mouvement d’un bon œil. Il l’a critiqué vertement en reprochant à cette tendance de bloquer les canaux de mobilité sociale ascendante et d’empêcher la création d’opportunités pour que davantage de personnes deviennent riches, ce qui finirait par profiter à toute la nation. Ce mouvement est, en effet, en conflit direct avec le « rêve chinois » ou le « grand rajeunissement de la nation chinoise » dont le gouvernement fait la promotion avec sa politique actuelle.
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