Agriculture urbaine : les parkings et bâtiments abandonnés seront-ils bientôt transformés en fermes pour produire l’alimentation du futur ?

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FranceSoir
Publié le 06 janvier 2021 - 13:36
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Potager sur un rond-point
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Facebook/Groupe Gilets jaunes Hauteville
Il suffirait de convertir 10 % des jardins privés et autres espaces verts d'une ville pour fournir 15 % des besoins de la population locale en fruits et légumes frais
Facebook/Groupe Gilets jaunes Hauteville

On entend souvent dire qu’on ne sait plus ce que l’on mange, ou que les enfants ne savent plus d'où viennent leurs aliments. Pour manger plus sain, il est indispensable de comprendre la nature des aliments, d’où ils viennent et comment ils sont produits. Depuis quelques années, les jardins urbains se développent pour ces raisons, et se veulent des instruments de sensibilisation pour mieux comprendre le rapport à la terre, à l'environnement, et à l'alimentation.
La crise sanitaire a mis en évidence l’importance de la sécurité de la chaîne alimentaire et les limitations de déplacement ont incité les gens à se rapprocher des circuits de production locaux, des fermes à la campagne mais aussi en ville. Des initiatives ont vu le jour pour transformer des terrains abandonnés ou parkings en jardins et fermes urbaines, une tendance en forte croissance.

Transformation verte et envie d’une alimentation plus consciente

Pour L’Anru,  l’agence nationale de rénovation urbaine, l’agriculture urbaine a de nombreux bénéfices:  “Elle permet de favoriser un lien social entre les habitants, sensibilise aux enjeux écologiques et alimentaires et améliore le cadre de vie en apportant un poumon vert dans la ville”. Les fermes urbaines sont aussi souvent un outil d’insertion économique, qui permet de former et d'employer des habitants éloignés de l’emploi et redonnent vie à de nombreux espaces vides (friches temporaires générées par les travaux et démolitions, bunkers, parkings, etc) en les végétalisant et en les aménagements en zones de culture ou d’élevage.
Mais se nourrir durablement des légumes cultivés dans un jardin urbain est-il réellement possible? Selon une étude britannique parue en mars 2020 dans la revue scientifique Nature, qui analyse le potentiel de l'agriculture urbaine, il suffirait de convertir 10 % des jardins privés et autres espaces verts d'une ville pour fournir 15 % des besoins de la population locale en fruits et légumes frais.

Des parkings et bunkers aménagés pour cultiver en ville toute l'année

En effet, les villes comptent de très nombreux espaces facilement transformables en ferme urbaine, et encore plus avec la transformation des villes en villes du quart d’heure (villes de proximité). Les villes de Paris, Bordeaux et Strasbourg donnent l’exemple et transforment des espaces urbains vides en fermes à champignons, endives ou autres légumes bio.
Les Strasbourgeois de la startup Cycloponics   ont commencé en 2017 en aménageant des bunkers à Strasbourg et ont continué avec des parkings vides à Paris auparavant squattés par consommateurs et dealers de crack.

Les quartiers populaires peuvent aussi manger bio et vivre mieux

Grâce à un appel à projets de l’Anru, les jardins urbains ne sont pas réservés à des grandes villes et aux classes les plus favorisées comme déclarait le président de l’Anru, Olivier Klein, lors de la présentation de l’appel à projets « Quartiers Fertiles », le 24 janvier. Les quartiers populaires peuvent, au contraire, être des modèles  : « Tout ne s’arrête pas aux démolitions et reconstructions. Les quartiers populaires peuvent servir d’exemple aux autres sur les thèmes du bien manger et du vivre mieux, qui ne concernent pas que les bobos ». Cest le cas du quartier populaire de La Savine, à Marseille, “un ensemble de blocs de béton juché au sommet d’une colline sur laquelle serpente une route”  qui  s’est lancé dans l’aventure des fermes urbaines. Une chèvrerie de 100 à 150 bêtes, et un jardin partagé devrait être doté de terrasses, de jeux pour enfants, d’agrès sportifs, de cheminement doux et de belvédères pour être au centre d’une ville plus saine pour les habitants du quartier. 

Pas besoin de terrain grâce aux nouvelles technologies

En plus d’un retour à la nature en ville, les fermes et jardins urbains sont aussi un vecteur d’emploi. Certaines villes ou quartiers, faute d’espaces libres pour végétaliser, pourront même se lancer, à l'aide des nouvelles technologies dans l'agriculture verticale, qui se répand aussi de plus en plus.
À  la Courneuve, la start-up Agricool, par exemple, utilise des conteneurs pour cultiver des fruits et des légumes. Cette expérimentation, même si elle semble futuriste, partage les principes déjà utilisés dans les zones agricoles, et même chez les particuliers. Grâce aux capteurs et aux nouvelles technologies, les conteneurs s’adaptent au suivi des conditions (température, lumière, humidité) pour contrôler à distance les aliments tout en optimisant le rendement.
Mais ces fermes verticales sont-elles aussi écologiques? Selon Anders Riemann , concepteur de la ferme verticale la plus grande d’Europe, "Une ferme verticale est caractérisée par l'absence de nuisance à l'environnement, en recyclant toute l'eau, les nutriments ou les engrais". Taastrup, inauguré a Copenhague en décembre 2020, dit utiliser 100 % de l'énergie produite par les éoliennes, ce qui rend l’exploitation neutre en termes de CO2. En outre, avec ce système de culture urbaine,  les émissions CO2 liées aux trajets de distribution entre la campagne et la ville sont réduites considérablement. 
Autre bénéfice de l’agriculture urbaine rappelé par M. Riemann: elle pourrait contribuer à la reforestation de terres aujourd’hui exploitées par la monoculture.

 

 

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