L'aquaculture restaurative pour contrer les dégâts de la surpêche

En Polynésie française, la surpêche - entre autres menaces - a conduit à une diminution alarmante des espèces de poissons herbivores, provoquant un déséquilibre écologique connu sous le nom de « shift algal ». C'est-à-dire que les algues dominent petit à petit l'écosystème, nuisant à la biodiversité corallienne. La mise en place des aires marines protégées ne suffisant pas à leur restauration, on développe désormais l'aquaculture restaurative.

Pour contrer cette dégradation des fonds marins liée au manque de poissons herbivores, des aires marines protégées, appelées « rahui » en tahitien, ont été mises en place. Toutefois, comme on l'apprend dans un article de The Conversation, des études montrent que ces mesures sont souvent insuffisantes pour rétablir ces populations essentielles. Et, c'est là qu'intervient l'aquaculture restaurative, une méthode innovante visant à réensemencer les espèces herbivores directement dans leur habitat.

À Tahiti, des initiatives de réensemencement ont déjà été menées, comme en 2017, lorsque deux mille poissons-lapins (Siganus argenteus) ont été relâchés dans le lagon de Vairao. Les résultats ont rapidement été jugés prometteurs, puisque les chercheurs de la Direction des ressources marines (DRM) et la Coopérative des aquaculteurs de la Polynésie française (CAPF) ont observé une réduction significative des algues en quelques jours. Actuellement, des recherches se poursuivent pour maîtriser l’élevage de diverses espèces herbivores, dont des oursins, afin de produire des individus en quantité suffisante pour ces projets de réensemencement.

Evidemment, bien que ces les retours de ces expériences soient de bonnes nouvelles, tout ceci n'est qu'un pansement. Pour assurer l’efficacité à long terme de l’aquaculture restaurative, il est crucial d'adopter d'allier au réensemencement des mesures visant à traiter la source du problème : sensibiliser les acteurs locaux et favoriser une pêche durable sont des étapes indispensables pour garantir la résilience des écosystèmes coralliens et, par conséquent, le bien-être des communautés qui en dépendent.