Laisser intacte la forêt sans l'exploiter accroît les émissions de gaz à effet de serre
La conservation des arbres est dans l’imaginaire commun un élément clé de la lutte contre le réchauffement climatique. Cependant, selon un rapport suédois, ne pas couper les arbres a aussi un impact négatif sur les émissions de gaz à effet de serre, car, sans une industrie circulaire qui utilise le bois, on fait appel à d’autres matières plus polluantes. La réflexion sur la nécessité de bien exploiter les arbres visent à élargir le débat forestier actuel, qui montre du doigt la Suède comme un pays négligeant ses forêts, car l’exploitation des arbres y est importante.
La Suède remplace le plastique par le bois et cela émet moins de CO2 que laisser les forêts intactes
Alors que les États membres de l’UE se sont mis d’accord pour atteindre la neutralité climatique d’ici à 2050 et pour augmenter leurs ambitions pour 2030, Frans Timmermans, vice-président de la Commission européenne chargé du Pacte vert pour l’Europe, déclarait en février dernier que l'état des forêts suédoises empirait. Pour la Fédération des industries du bois en Suède, la perspective actuelle concernant la réduction des émissions de CO2 en préservant la forêt, est une vision étroite du secteur forestier. Par exemple, elle ne tient pas compte de la chaîne de valeur du bois. Moins d’exploitation des forêts signifie moins de produits à base de bois, ce qui signifie que plus de matériaux fossiles seront utilisés à la place. En évitant l'extraction d'autres matières premières grâce au bois, les émissions de dioxyde de carbone restent plus faibles qu’en gardant les forêts intactes.
La question du reboisement toujours épineuse
Avec ses produits à base de bois, papier et carton, la Suède a été moins dépendante aux combustibles fossiles (comme le pétrole) au cours des dernières décennies. En effet, en Suède, pays densément boisé, les arbres capturent, dans l'ensemble, plus de dioxyde de carbone qu'ils n'en libèrent, soutient le rapport. L'industrie défend que le calcul européen de la dette carbone est absurde dans une forêt gérée de manière durable, comme en Suède, où l’industrie forestière est engagé dans le reboisement, et où le volume des forêts est restitué (au contraire des forêts tropicales pour les plantations de palmiers à huile). Cependant, l'Union européenne veut réglementer les activités durables car les arbres récemment plantés ne deviennent pas immédiatement neutres en carbone. Selon Frédéric Amiel, chercheur à l’Institut du développement durable et des relations internationales, pour que les forêts puissent jouer leurs rôles de puits de carbone, il faut les laisser tranquilles pendant des centaines d’années. Des forêts coupées trop régulièrement ne stockent pas de carbone, mais en rejetteraient. Pour éviter qu'un arbre libère du CO2 stocké à l’heure de le découper, Frédéric Amiel estime que la reconstitution de la forêt doit être naturelle. Et le débat ne s’arrête pas là, car pour Henrik Sjolund, PDG de Holmen AB, un producteur de bois suédois, si on laisse un arbre trop longtemps sans le couper, il mourra et rejettera aussi le carbone dans l'atmosphère.
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