Le reboisement pour compenser les émissions de CO2 : du greenwashing ?
La stratégie de la plantation d'arbres pour compenser les émissions de carbone est souvent critiquée, à cause de ses nombreuses faiblesses. La plus évidente est le fait que les arbres plantés aujourd’hui n'absorbent pas les émissions de CO2 actuelles, puisqu’il faut attendre de nombreuses années avant qu’ils ne soient efficaces. À ce premier constat s’ajoutent d’autres effets pervers, comme le fait que la reforestation pourrait faire grimper les prix des denrées alimentaires de 80 % d'ici 2050, selon un nouveau rapport Oxfam.
Reboisement : du greenwashing plutôt qu’une mesure efficace pour le climat
De nombreux gouvernements et entreprises adoptent des objectifs climatiques pour convaincre leurs citoyens et leurs consommateurs de leurs bonnes intentions pour la planète. Parmi toutes ces stratégies, l’une d’entre elles, le reboisement, pose problème, car elle ne compense pas les émissions de CO2. Les actions de plantation d'arbres ne deviennent pas immédiatement neutres en carbone. Pour Oxfam, ces initiatives de reboisement pourraient même être une “distraction dangereuse” par rapport à des mesures plus efficaces qui pourraient réduire rapidement les émissions dans les pays et les entreprises à fortes émissions. Pire, le reboisement pourrait conduire à une explosion de la demande de terres, ce qui pourrait perturber l'accès aux terres agricoles et à l'alimentation.
Planter des arbres pour compenser les émissions de CO2 : d'où vont venir les terrains ?
Alors que la population mondiale atteindra les 10 milliards en 2050, la demande alimentaire globale devrait augmenter de plus de 50 % par rapport à 2010. Selon le World Resources Institute (cellule de réflexion américaine spécialisée dans les questions environnementales) il existe donc un écart entre la superficie agricole mondiale actuelle et l’expansion agricole à prévoir d’ici 2050 pour alimenter la population. Selon Oxfam, pour atteindre le bilan zéro carbone, il faudrait planter des arbres sur une surface d’au moins 1,6 milliard d'hectares. Cette surface est équivalente à la taille de l’Inde, soit l'équivalent de toutes les terres actuellement cultivées sur la planète, ce qui donne une idée de l’ampleur des besoins en terrains pour la plantation d’arbres.
Les prix des denrées alimentaires pourraient augmenter de 80 % d'ici 2050, selon certaines estimations
Dans un monde où certaines régions sont touchées par la famine, la plantation de nouvelles forêts pourrait mettre en danger la sécurité alimentaire. Pour éviter cela, Nafkote Dabi, responsable de la politique climatique chez Oxfam et co-auteur du rapport, a expliqué au Guardian que le reboisement doit ne doit pas être utilisé à grande échelle et doit être combiné avec d'autres méthodes telles que l'agroforesterie, c’est-à-dire la pratique qui consiste à combiner les cultures ou les pâturages avec la croissance des arbres, ainsi que la gestion des pâturages et la gestion des sols dans les terres cultivées. Ceux-ci permettraient aux gens d'utiliser la terre pour se nourrir tout en capturant du carbone.
Réduire considérablement leurs émissions plutôt que compter sur des compensations
Selon Oxfam, les grandes entreprises ne peuvent pas se concentrer sur la plantation d’arbres pour réduire leurs émissions, car elles auraient besoin de terres grandes comme la taille du Costa Rica. Au contraire, Oxfam encourage les gouvernements et les entreprises à se focaliser sur une stratégie de réduction drastique de leurs émissions au lieu d’une compensation irréaliste.
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