Le recyclage du plastique : un des principaux dangers pour l’avenir des océans
La pollution des océans par les déchets plastiques est aujourd’hui bien connue. Les masques, le matériel de pêche, les crèmes solaires, et des milliers d’autres déchets plastiques se retrouvent dans les océans. Mais en plus de cela, il semble maintenant évident que le secteur du recyclage des déchets plastiques est lui aussi responsable d’une pollution importante des océans et de l'environnement. La récente catastrophe du cargo X-Press Pear en est la preuve : l’exportation des déchets plastiques pour leur recyclage peut provoquer des désastres environnementaux sans précédent.
Le naufrage d’un cargo au Sri Lanka montre le danger
Le 20 mai dernier, le cargo singapourien X-Press Pear a pris feu, et deux semaines plus tard, le mercredi 2 juin, il a fini par couler, en relâchant plusieurs tonnes de billes de plastique dans l'eau. 78 tonnes métriques de la matière première utilisée pour fabriquer la plupart des types de produits en plastique ont été déversées sur les plages idylliques à proximité. Ces billes sont issues du recyclage du plastique, et doivent en théorie être utilisées. Déversées dans les océans, elles ont un impact désastreux. La vie marine a bien sûr aussi absorbé ces boulettes de plastique, amplifiant ainsi la catastrophe environnementale. Le navire transportait aussi des produits chimiques dangereux, dont 25 tonnes d'acide nitrique et 350 tonnes de fioul.
Un problème de santé pour la faune, pour la vie marine, mais aussi pour l’homme
Ces petits microplastiques flottants qui se déplacent très facilement avec les courants, le vent et les vagues pénètrent dans tous les coins et recoins, explique Asha de Vos, biologiste marine experte de cette zone. Étant très petites, d’une taille inférieure à cinq millimètres, les microbilles se confondent avec le sable et leur ramassage devient très difficile. Ces microplastiques contiennent des additifs et des polluants persistants, pour la plupart connus comme des perturbateurs endocriniens. Agnès Le Rouzic, de Greenpeace Canada explique que ces microplastiques et nanoplastiques posent problème aux animaux marins qui finissent par les ingérer. Les animaux marins qui sont pour la plupart destinés à la consommation humaine sont aussi consommés par d’autres animaux marins, impactant ainsi l’ensemble de la chaîne alimentaire.
Un tel naufrage a aussi des conséquences économiques
À cause de cette catastrophe, les pêcheurs sont bloqués à quai pour le moment, et les plages, très importantes pour l’industrie touristique locale, sont elles aussi polluées. En plus de cela, le Sri Lanka est aujourd’hui confiné, et ne peut pas faire appel à des volontaires sur les plages pour aider au nettoyage.
Dix millions de tonnes de déchets plastiques exportées chaque année
Selon le principe dit du « gagnant-gagnant » chaque année, environ dix millions de tonnes de déchets plastiques circulent par bateau sur les océans de notre planète. Emballages alimentaires, sacs, bouteilles de plastiques sont envoyés depuis l’Europe, les États-Unis, le Canada et le Japon, vers la Malaisie ou l’Indonésie, le Vietnam, la Thaïlande et les Philippines. Une part se dirige également vers le continent africain, vers la Turquie et la Tunisie, le Nigéria, le Ghana, la Côte d'Ivoire et le Bénin. Pour Charlotte Nithart, de l’association de défense de l’environnement Robin des Bois, il se peut aussi que ces déchets importés ne soient pas du tout réutilisés, réemployés, retraités, et qu’ils finissent dans des décharges à ciel ouvert, “sans aucune protection du milieu naturel, avec une pollution de l’eau, y compris de l’eau potable et de l’eau agricole utilisées par les populations locales”. Pour éviter ces catastrophes et reprendre en main la traçabilité du recyclage, les ONG plaident en faveur de filières de recyclage de proximité, ce qui correspond aussi à une volonté grandissante des pays émergents de ne plus être “la poubelle du monde”.
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