Une expérimentation à Paris pour composter les couches des bébés, est ce hygiénique ?
Vous faites peut-être partie des gens qui tentent de faire des choix plus “responsables” au quotidien, pour contribuer un peu moins au à la catastrophe écologique. Pour les couches des bébés par exemple, qui représentent des tonnes de déchets jetés tous les jours à la poubelle, qui prennent plus de 400 ans à dégrader, quelles sont les alternatives? Il y a les couches réutilisables, des couches écologiques avec des produits naturels ou bio… Maintenant place aux couches compostables et fertiles ! À Paris, une expérimentation vise à prouver que le compostage des couches est possible.
Comment fonctionne le compostage de couches à Paris?
La loi de transition énergétique prévoit que d’ici 2025, "toutes les communes seront obligées de mettre en place des solutions de compostage". Les collectivités ont donc intérêt à s’approprier cette pratique, et pourquoi pas, à l'élargir à des déchets aujourd'hui considérés comme “non recyclables”. Grâce à un programme de recherche soutenu par l’ADEME, et à l'aide de partenaires scientifiques, la jeune entreprise Les Alchimistes a étudié les risques sanitaires et environnementaux liés au compostage de couches-bébé pour proposer des “couches fertiles”. L’entreprise collecte ainsi trois fois par semaine les couches de onze crèches parisiennes et les livre à son composteur situé à Pantin. Le processus permet de convertir ces couches en terreau fertile en deux mois et demi.
Un compostage hors-la-loi ?
Aujourd’hui, la réglementation française classe toujours les composants des couches comme non recyclables, leur compostage est donc non réutilisable. Les Alchimistes espèrent donc que leur expérimentation permettra de changer la loi. La vente de ce compost issu des couches de bébé est pour l’instant interdite, la norme n’autorise pas le compostage de déchets humains pour des raisons sanitaires. Il existe un risque que les selles humaines véhiculent des pathogènes qui se retrouveraient dans la nature. Des chercheurs du CNRS et des instituts techniques travaillent depuis le début du projet, il y a trois ans, pour lever ces freins. Selon Maïwen Mollet, responsable du projet "Les Couches fertiles", cette barrière réglementaire pourrait bientôt être levée : "Ce sera plus simple quand on aura clôturé notre projet de recherche et qu'on aura toutes les réponses qui rassureront les décideurs".
Alexandre Guilluy, cofondateur et président des Alchimistes, se montrait optimiste il y a deux ans: « L'Italie vient de l'autoriser, les lignes bougent car la technologie existe ».
Deuxième étape du projet : les couches 100% biodégradables
Toutes les couches ne sont évidemment pas compostables, car il faut exclure celles qui présentent des composants chimiques. Avant de les mettre au compost, il faut aussi, pour les couches biodégradables, isoler les matières non compostables, comme les scratchs en plastique. Les Alchimistes sont arrivés à la conclusion, après ces années de réflexion, qu’une couche 100% biodégradable faciliterait la tâche. Suite à un premier appel à destination des industries, un partenariat avec l'entreprise Celluloses de Brocéliande du groupe Intermarché a été lancé en octobre.
Le projet avance à grands pas et les producteurs de la région peuvent déjà bénéficier de ce compost, qui selon les chercheurs, n’est pas nocif pour les cultures.
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