Bonbonnes de gaz à Paris : des connexions entre le commando et d'autres djihadistes
Une voiture chargée de bonbonnes de gaz en plein Paris, un commando de femmes "téléguidées" par le groupe État islamique (EI) en connexion avec d'autres jihadistes français et déterminées à commettre un autre attentat imminent: les autorités affirment avoir démantelé un nouveau réseau "terroriste". Un commando "composé de jeunes femmes totalement réceptives à l'idéologie mortifère de Daech (l'acronyme arabe de l'EI, NDLR) a été démantelé", a déclaré vendredi 9 le procureur de Paris François Molins, à la tête du parquet antiterroriste. Ce commando a été "téléguidé" par des djihadistes de l'EI depuis la Syrie, a-t-il ajouté. "Un groupe a été annihilé, mais il y en a d'autres", avait souligné un peu plus tôt François Hollande, alors que la France est confrontée depuis début 2015 à une série inédite d'attaques djihadistes, dont plusieurs attentats de masse.
Tout démarre avec la découverte dans la nuit de samedi 3 à dimanche 4, à quelques centaines de mètres de Notre-Dame-de-Paris, d'une voiture avec cinq bonbonnes pleines de gaz, feux de détresse allumés et sans plaque d'immatriculation. Selon les enquêteurs, elle devait servir à un attentat, manqué pour une raison encore indéterminée. L'enquête a rapidement permis, selon les autorités, de déjouer un autre projet d'attaque "imminente", en suivant la piste de la fille du propriétaire de la voiture, Inès Madani, 19 ans, fichée "S" pour des velléités de départ en Syrie. Inès Madani a ainsi été interpellée jeudi 8 au soir avec deux complices présumées, Sarah H., 23 ans, également fichée "S", et Amel S., 39 ans.
Selon la télévision belge RTBF, Inès Madani entretenait aussi des contacts avec des Belges radicalisés et apparaissait dans une enquête ouverte dans ce pays. Elle a été blessée par balle après s'être jetée, un couteau à la main, sur l'un des policiers venus les arrêter à Boussy-Saint-Antoine (Essonne), à 25 km au sud-est de Paris. Mohamed Lamine A., 22 ans, compagnon de Sarah H., et la fille d'Amel S., 15 ans, ont aussi été placés en garde à vue. L'enquête a mis en lumière des liens avec les auteurs de récents attentats.
Sarah H. était "l'ancienne promise" de Larossi Abballa, qui a tué un policier et sa compagne le 13 juin à Magnanville (Yvelines), puis d'Adel Kermiche, l'un des deux auteurs de l'attaque du 26 juillet dans l'église de Saint-Étienne-du-Rouvray (Seine-Maritime), a détaillé le procureur. Le frère de son compagnon actuel est incarcéré pour ses liens avec Abballa. Le dessein de ces trois femmes, décrites comme "fanatisées" par le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve et entrées en contact selon les enquêteurs via la messagerie privée Telegram, "était clairement de commettre un attentat", a estimé François Molins.
Un message d'alerte sur un risque d'attentat dans les gares parisiennes et en Essonne avait été envoyé jeudi aux policiers. Le réseau préparait un attentat pour ce jour-là, selon une source policière, même si, a précisé une source proche du dossier, les moyens d'action envisagés étaient "assez artisanaux". Les enquêteurs poursuivent parallèlement leurs investigations sur la voiture pleine de bouteilles de gaz. Une "cigarette à peine consumée" et une couverture avec "des traces d'hydrocarbures" ont été retrouvées dans le coffre près des bonbonnes et de trois bouteilles de gasoil, a précisé le procureur. Si l'incendie avait pris, "il aurait suffit à entraîner à lui seul la destruction de l'ensemble du véhicule".
Le propriétaire de la voiture, connu pour des faits anciens de prosélytisme islamiste, avait été remis en liberté mardi 6 au soir à l'issue de sa garde à vue. Deux couples avaient aussi été arrêtés mardi et mercredi dans le sud de la France et dans le Loiret, mais le second a été relâché vendredi. Au sein du premier couple, toujours en garde à vue, Ornella G., 29 ans, également fichée pour des velléités de départ en Syrie et dont les empreintes ont été trouvées dans le véhicule, devrait être présentée ce samedi 10 à un juge antiterroriste. Le patron de la DGSI, Patrick Calvar, avait mis en garde en mai contre le danger de "dépôt d'engins explosifs" dans des lieux rassemblant une foule importante.
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