Des dizaines de personnes jugées dans l’enquête entourant la messagerie cryptée de narcotrafiquants Sky ECC
Deux juges d’instructions français ont tranché en estimant que la messagerie cryptée Sky ECC a été créée par la société canadienne Sky Global « principalement » et même « exclusivement » à destination des narcotrafiquants. L’entreprise décrite comme un réseau de communication et un fournisseur de services ne ferait pas la fine bouche pour satisfaire la demande. Un client est un client.
Lors d’une cour d’assises spéciale de Paris, trente personnes parmi lesquelles des responsables de la société, des distributeurs, revendeurs ou encore intermédiaires du circuit de financement seront sur le banc des accusés. L’ordonnance de mise en accusation a pu être consultée par l’AFP, qui signale que celle-ci comporte pas moins de 685 pages.
Selon les magistrats, toutes les personnes impliquées « savaient, ou ne pouvaient raisonnablement ignorer à tout le moins, que ce produit était susceptible d'attirer la convoitise des organisations criminelles opérant dans les divers trafics de stupéfiants extrêmement prolifiques ».
L’avocat du dirigeant Jean-François Eap réagit quant à lui en affirmant auprès de l’agence de presse que « Sky ECC n'a jamais été ni pensé, ni imaginé, ni commercialisé pour un usage criminel ».
Développé depuis 2013 par Sky Global, l’application de messagerie cryptée Sky ECC était installée sur des téléphones classiques mais dont le commerce se faisait en sous-main. Achetés en espèces ou en cryptomonnaies, les tarifs montaient à plus de 2 000 euros pour six mois seulement d’utilisation. Le système de chiffrement de la solution téléphonique permettait alors d’échanger en tout anonymat.
Pour empêcher l’accès aux services de police, aucune information n’était stockée sur le serveur. Cependant, des enquêteurs venus de Belgique, des Pays-Bas et de la France ont pu remonter jusqu’au pot aux roses en 2019. À partir de là, la France est parvenue à ouvrir une information judiciaire pour association de malfaiteurs.
Entre 2017 et 2021, l’un des commerciaux en charge dans ce projet aurait revendu pour a minima 850 000 dollars de téléphones et abonnements. De nouvelles enquêtes s’ouvrent quant à elles en Belgique, aux Pays-Bas et dans les Balkans afin de démanteler les cartels de trafiquants sur le territoire européen. Un vaste réseau qui n’a pas fini de faire parler de lui.
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