Le château de l"'Ogre des Ardennes" vendu à des pharmaciens

Auteur(s)
Thibaut Chevillard
Publié le 02 février 2012 - 18:48
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Le château du Sautou, près de Sedan
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©AP/Stevens Frederic
Le château du Sautou, près de Sedan.
©AP/Stevens Frederic

Toute la semaine, France-Soir vous fait découvrir ce que sont devenues les « maisons de l'horreur », ces lieux qui, un jour, ont été le théâtre de crimes atroces. Quatrième étape, le Château du Sautou, l'autre demeure de Michel Fourniret.

Samedi 3 juillet 2004. Un impressionnant cortège de voitures de gendarmerie pénètre dans le domaine du Sautou, à Donchery, près de Sedan. Assis à l'arrière de l'une d'elles, menottés, Michel Fourniret et sa troisième femme, Monique Olivier. Les véhicules s'immobilisent au bout d'une allée, devant un petit château à la façade ocre, haut de trois étages, encadré par deux tourelles. Il a été édifié en 1971 pour l'ancien maire de Charleville-Mézières et député radical-socialiste de la IIIe République, Georges Corneau, qui voulait en faire un rendez-vous de chasse. Le château, situé au cœur d'une propriété d'une quinzaine d'hectares, à la frontalière belge, a appartenu au « couple diabolique », entre 1989 et 1991. Pour son acquisition, ils avaient payé 1,2 million de francs (183.000 euros), versés en liquide à un notaire sedanais.

Le trésor des Postiches

D'où provenait tout cet argent ? Fourniret avait mis la main sur une partie du butin du « gang des postiches » grâce à Jean-Pierre Hellegouarche, son ancien compagnon de cellule à Fleury-Mérogis. Ce dernier avait appris, par l'un des proches des célèbres braqueurs, que des lingots d’or leur appartenant avaient été cachés dans un cimetière à Fontenay-en-Parisis, dans le Val d'Oise. En 1988, toujours incarcéré, Hellegouarche demande à sa compagne, Farida Hamiche, de récupérer cet or avec Fourniret, qui venait d'être libéré. Mais ce dernier, peu scrupuleux, récupère le magot, tue Farida Hamiche, vend l'or à Bruxelles et achète une maison  qu'il retape à Floing, dans les Ardennes. Puis le château du Sautou, à quelques kilomètres de là.

Deux coprs enterrés

Ce samedi 3 février 2004, à Donchery, ce n'est pas un trésor que sont venus déterrer les enquêteurs, mais les corps de deux victimes de « l'Ogre des Ardennes ». Arrêté quelques mois plus tôt en Belgique après avoir essayé d'enlever une adolescente, il avait été remis aux autorités Françaises et avait confessé les crimes de Jeanne-marie Desramault, 22 ans, et d'Elisabeth Brichet, 12 ans. Vers 18 heures, leurs corps sont enfin retrouvés grâce aux indications du tueur. La première victime avait disparue à Charleville-Mézières, le 18 mars 1989. La seconde avait été enlevée près de Namur, le 20 décembre 1989. Michel Fourniret sera condamné, le 28 mai 2008, par la cour d'assises de Charleville-Mézières à la réclusion criminelle à perpétuité pour cinq meurtres et deux assassinats de jeunes filles en France et en Belgique.

Une ''maison de campagne''

« L'Ogre des Ardennes » avait revendu son château en 1991, quelques mois après les enlèvements des filles. Il craignait d'être retrouvé, non pas par la justice... mais par Jean-Pierre Hellegouarch. Cinq ans plus tard, le petit manoir a été aménagé en gite de luxe par un couple d'Ardennais. Revendu en 2003, il est depuis occupé par ses nouveaux propriétaires, un couple de pharmaciens belges originaires de Namur. « C'est leur maison de campagne, ils viennent s'y reposer plusieurs fois par an. Entre leurs enfants, leurs petits enfants, il est habité tout au long de l'année », nous confie au téléphone un employé de la mairie de Donchery. Malgré la sinistre réputation du lieu, il n'a jamais été question de démolir le château. « Le raser ne servirait à rien. Ce qui s'est passé appartient à l'histoire des lieux ». Une histoire dont les gens de la région ne parlent pas trop. « Ils l'ont enfouirent au fond d'eux même. »

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