Lycée Bergson : 6 mois avec sursis requis contre le policier qui avait violemment frappé un élève (VIDEO)

Auteur(s)
La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 11 novembre 2016 - 16:26
Image
Le policier frappant le jeune homme.
Crédits
©Capture d'écran YouTube
Dans son réquisitoire, le procureur a étrillé la "volonté de ne rien dire de la part des fonctionnaires qui étaient présents".
©Capture d'écran YouTube
Le parquet à requis jeudi six mois de prison avec sursis contre le policier qui avait violemment frappé un élève du lycée Bergson, en mars dernier, suscitant une vague d'indignation. "Ce n'est pas tous les jours qu'on voit un fonctionnaire de police frapper un enfant", a rappelé l'avocat de la jeune victime pendant le procès.

Le parquet a requis jeudi 10 six mois de prison avec sursis contre un policier jugé pour avoir porté un violent coup de poing à un élève de 15 ans du lycée Bergson à Paris un jour de mobilisation contre la loi Travail.

La vidéo de la scène, le 24 mars, avait été largement diffusée et choqué le ministre de l'Intérieur. Elle a aussi choqué lors de sa diffusion devant le tribunal correctionnel de Paris, notamment les parents du jeune homme, à qui le visionnage a semblé particulièrement pénible.

L'élève de seconde est à terre, entouré de policiers. "Lève toi! Lève toi!!!", lui lance l'un des policiers, casqué, avant de lui porter un violent coup de poing au visage.

Sous l'effet du coup, il bascule et chute.

Face aux juges, le gardien de la paix, en costume cravate, s'exprime posément. Il invoque un "malheureux concours de circonstances". Ce jour-là, les lycéens organisent un nouveau blocus de leur établissement. Les policiers évoquent des jets d'œufs, de farine, quelques uns des jets de pierres, de pavés, de bouteilles.

A la barre, le gardien de la paix, prénommé Sofiane, assure que lorsque les policiers ont relevé le jeune homme juste après l'avoir interpellé, il a senti "comme des doigts au niveau de la jugulaire" de son casque. "Je me suis senti en danger", dit-il.

Il voulait lui porter un coup au niveau du plexus, un geste "proportionné" au vu de la situation, estime-t-il, mais "l'appui sur la nuque" du jeune homme, que tenait l'un de ses collègues, "l'a fait se baisser". "En aucun cas il n'y a eu de volonté de le toucher au visage", assure le policier, "je ne me serais jamais permis" d'exercer des violences "sachant qu'on est filmés en permanence".

"A quoi sert votre geste?", étant donné qu'un autre policier immobilise l'adolescent, demande la présidente. "Je ne l'ai pas vu", répond le fonctionnaire, qui invoque "l'effet tunnel": "focalisé sur une action, vous ne faites pas forcément attention à ce qui se passe autour de vous".

L'adolescent raconte devant le tribunal que le policier le "frappe par terre", puis une fois debout, "me donne un coup de poing dans la tête".

La présidente souligne que pendant l'enquête, le fonctionnaire a "largement modifié" sa version après avoir vu les images. Celles-ci sont bien loin de confirmer la présence d'une "foule hostile" au moment où part le coup. En revanche, elles correspondent parfaitement aux déclarations de l'adolescent.

Le policier regrette, pour la victime, mais regrette aussi "que l'image de la police nationale ait été ternie". "Ce n'est pas tous les jours qu'on voit un fonctionnaire de police frapper un enfant", plaide l'avocat de la victime, maître Arié Alimi, pour qui "c'est bien le visage qui est visé".

"Il n'y a aucune impunité envers les fonctionnaires de police", souligne le procureur dans son réquisitoire, étrillant au passage la "volonté de ne rien dire de la part des fonctionnaires qui étaient présents". Qu'il ait visé le plexus ou le visage, le geste du policier est d'une "illégitimité absolue", selon le magistrat.

Sur la vidéo, on voit un "fonctionnaire de police qui a perdu ses nerfs sur un gamin, après avoir passé un mauvais moment" en ayant subi des jets d'œufs, poursuit-il. Cependant, le procureur a "envie de croire" que le fonctionnaire est "conscient de la gravité de son geste". Il a donc proposé au tribunal de ne pas inscrire sa condamnation à son casier judiciaire.

Insistant sur le manque de formation de son client en matière de maintien de l'ordre, l'avocat du policier a demandé au tribunal de considérer ces violences comme involontaires.

Jugement le 23 novembre.

(Voir ci-dessous la vidéo du coup porté à l'élève par le policier)

 

À LIRE AUSSI

Image
Le policier frappant le jeune homme.
Violences policières : début du procès du policier accusé d'avoir frappé un lycéen (VIDEO)
Un policier avait été filmé en train de frapper un lycéen, le 24 mars dernier lors d'une manifestation contre la loi du Travail. Il est jugé ce jeudi au tribunal corre...
10 novembre 2016 - 16:34
Société
Image
Le policier frappant le jeune homme.
Le policier filmé frappant un lycéen sera jugé en novembre (VIDEO)
Le procès du policier qui a frappé un lycéen lors d'une manifestation contre la loi Travail a été reporté jeudi au 10 novembre prochain. Des soutiens de la victime et...
12 mai 2016 - 19:19
Société
Image
Une charge de CRS lors d'une manifestation.
Violences policières contre les manifestants : 68 réclamations au Défenseur des droits
Un collectif contre les violences policières, notamment pendant la contestation de la loi Travail, a annoncé ce mercredi avoir adressé près de 70 réclamations au Défen...
14 septembre 2016 - 12:48
Société

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Dessin de la semaine

Portrait craché

Image
ARA
Décès de ARA, Alain Renaudin, dessinateur de France-Soir
Il était avant toute chose notre ami… avant même d’être ce joyeux gribouilleur comme je l’appelais, qui avec ce talent magnifique croquait à la demande l’actualité, ou...
07 novembre 2024 - 22:25
Portraits
Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.