Nordahl Lelandais : aux origines d'un tueur
Nordahl Lelandais est il un pédophile, un tueur en série, ou un pervers répondant à ses pulsions après une vie d'échecs et de frustrations? Chaque avancée de l'enquête rend perplexe sur la manière donc ce trentenaire habitant chez ses parents et n'ayant fait parler de lui que pour des faits mineurs a pu sombrer dans une série criminelle dont les contours ne sont pas encore bien définis, mais qui a fait au moins deux victimes.
L'homme qui habite avec ses parents à Domessin, une paisible commune de Savoie, a connu une enfance apparemment sans histoire. Même si plusieurs évocations d'une atteinte sexuelle lors d'un parcours en sport-étude dont il aurait été victime ont été faites, sans que l'on puisse cependant confirmer ou infirmer ces faits. A 19 ans en 2002, sans perspective scolaire, il s'engage dans l'armée pour concilier activité professionnelle et l'une de ses passions: les chiens. Il devient en effet maître-chien au 132e bataillon cynophile de l'armée de terre à Suippes dans la Marne.
L'expérience sera un échec, émaillé de problèmes comportementaux, dont la consommation de stupéfiants et un manque de conformité avec les exigences de l'armée. Nordahl Lelandais n'est pas renouvelé et est rendu à la vie civile. Il ne parviendra jamais à s'insérer professionnellement, entre un une entreprise dressage canin qui ne tiendra pas un an, et une succession d'emplois de courte durée et peu qualifiés. Certains employeurs ont décrit un homme au comportement parfois menaçant tandis que parmi les habitants de Pont-de-Beauvoisin, proche de son domicile, il est plutôt présenté comme quelqu'un d'un peu solitaire, sans être marginal. Cette succession d'échecs minera sans doute son moral puisque Nordahl Lelandais sera traité pour des des symptômes de dépression de 2012 à 2013 dans un centre à Bassens, à proximité de Chambéry. C'est justement en 2012 que disparaît du même établissement Lucie Roux, qui avait rencontré Nordahl Lelandais peu de temps auparavant.
C'est du côté de sa vie amoureuse que les éléments les plus troublants vont émerger. Ayant visiblement un développement "normal" à l'adolescence (TF1 proposera même le témoignage d'une petite amie qui l'a décrit comme doux et jamais violent), les choses vont se corser une fois à l'âge adulte. Plusieurs de ses compagnes vont décrire un homme gros consommateur de pornographie et qui aimait filmer ses ébats sexuels (parfois sans le consentement de sa partenaire) pour parfois les diffuser en ligne. Le jeune homme était également du genre à mal accepter les ruptures et plusieurs femmes ont témoigné d'explications "musclées" imposées par l'ancien militaire voire de comportements pouvant s'apparenter à du harcèlement.
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Nordahl Lelandais semble ensuite diversifier ses pratiques en fréquentant assidument des sites de rencontres gays, comme l'ont démontré les analyses de son téléphone portable et de son oridnateur. Les enquêteurs se penchent sur cette piste pour voir si ces réseaux n'auraient pas servi au suspect à se trouver des victimes potentielles, sans aucune certitude pour le moment. Un témoignage confirmera d'ailleurs que le trentenaire a déjà eu un comportement menaçant après des avances refusées dans une boîte de nuit (voir ici).
Aux difficultés professionnelles et à l'errance sentimentale se rajouteront les premiers ennuis judiciaires. Consommateur et revendeur occasionnel de cocaïne, Nordahl Lelandais franchira la ligne rouge en 2008 en incendiant un restaurant à Paladru (Isère) avec deux complices. Il écopera d'un an de prison ferme. La peine sera aménagée par le port d'un bracelet électronique.
Le trentenaire n'a par contre jamais été impliqué dans des faits délictueux ou criminels en lien avec les enfants. Jusqu'à la révélation ce mercredi 6 d'un abus sexuel qui aurait été perpétré à son domicile sur une petit cousine âgée d'à peine sept ans. C'était en août 2017. Quelques jours plus tard, Nordahl Lelandais fait monter dans sa voiture Maëlys de Araujo avant de lui fracturer la mâchoire (mais sans la violer) et d'abandonner son cadavre dans un lieu accidenté entre Saint-Franc et Attignat-Oncin en Savoie. Il mettra six mois à avouer son geste, commis quatre mois après avoir tué Arthur Noyer, mort dans des circonstances mal définies dans les environs de Chambéry, après être monté dans la voiture de l'ancien militaire. La même dont Maëlys n'est pas ressortie vivante.
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