Dépistage du cancer du col de l'utérus : il serait recommandé d'espacer les frottis après le vaccin
Et si un dépistage du cancer du col de l'utérus tous les cinq à dix ans au lieu de trois actuellement suffisait? Et si les femmes vaccinées contre les papillomavirus pouvaient réaliser des frottis plus tard? D'après une étude américaine parue lundi 17 dans le Journal of the National Cancer Institute, un dépistage trop régulier ou effectué trop tôt serait à la fois inefficace et peu rentable.
Les scientifiques ont étudié les bénéfices pour la santé et l'économie des trois types de vaccins utilisés actuellement, dont deux depuis 2006 afin d'identifier la stratégie de dépistage la plus intelligente. Conclusion: "nous avons constaté avec nos modèles que le fait de continuer un dépistage intensif tous les trois ans parmi les femmes vaccinées entraînait des coûts excessifs et des effets néfastes pour la santé et ce avec peu, voire aucun avantage pour la santé", explique le docteur Jane Kim, chercheuse à Harvard qui a réalisé une modélisation économique sur le sujet. D'autant plus que le risque d'un résultat faussement positif augmente fortement quand le dépistage est trop régulier, font valoir les scientifiques.
Ces derniers recommandent donc aux femmes qui ont reçu les versions les plus anciennes (les PVH-2 et PVH-4) du vaccin ne ciblant que 70 % des types de papillomavirus responsables du cancer de l'utérus, de se faire dépister tous les cinq ans à partir de 25 ou 30 ans. Celles qui ont reçu une injection du nouveau vaccin Gardasil 9, qui protège contre sept types de virus responsables de près 90% des cancers du col de l'utérus, peuvent en revanche réaliser l'examen une fois toutes les décennies à partir de 30 ou 35 ans.
"Mais l'équipe américaine omet un détail", alerte Pourquoi Docteur. En effet, en France seules 62% des femmes réalisent pour l'heure un frottis à intervalles recommandées. "Je pense qu'il est trop tôt pour envisager la question de la stratégie la plus coût-efficace. La couverture par le dépistage est trop faible", explique le Pr Olivier Graesslin, secrétaire général du Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF), au site spécialisé. Aussi, avant de penser à assouplir les règles de dépistage encore faudrait-il convaincre du bien-fondé d'une telle opération.
Plus grave encore, le manque de couverture vaccinale. En effet, le vaccin contre les papillomavirus, recommandé aux Françaises entre 11 et 14 ans, est boycotté par la plupart. "Le vaccin existe en France depuis 2007, or aujourd'hui le taux de la population française qui est vaccinée est de l'ordre de 17% alors qu'au Portugal c'est 87%, en Angleterre c'est 86%, en Italie 71%... Partout en Europe, le taux de couverture du vaccin est extrêmement important sauf en France", expliquait ainsi le Docteur Jean-Luc Mergui, président de la Société Française de Colposcopie et de Pathologie Cervico-vaginale (SFCPCV), à FranceSoir il y a quelques mois. Et d'ajouter: "ce n'est pas parce que le vaccin n'est pas remboursé ou disponible mais parce qu'il y a eu une grande campagne de dénigrement ces dernières années où on criait au scandale sanitaire en disant que le vaccin était dangereux. Or toutes les études publiées dans le monde ont montré que le vaccin n'augmentait pas le risque de maladie inflammatoire chronique, notamment de sclérose en plaque".
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