Face à la pénurie de médecins, la télémédecine s’impose dans les maisons de retraite
Alors que de plus en plus de territoires deviennent des déserts médicaux, de plus en plus d’Ehpad se laissent tenter par la télémédecine. Un dispositif qui a l'air de satisfaire résidents et personnels des établissements.
Une alternative aux visites en établissement
Dans les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad), en plus de leur médecin coordinateur, les résidents sont désormais habitués à voir arriver dans leur chambre des chariots équipés de stéthoscopes ou de tensiomètres connectés qui servent à assurer des téléconsultations.
Alors que 7,4 millions de personnes (11,1 % de la population) vivent dans une commune où l'accès à un médecin généraliste est limité, la généralisation de la télémédecine est en bonne voie dans les maisons de retraite.
Plus besoin pour les résidents d’attendre des jours avant de pouvoir parler de leurs symptômes à un médecin ou pour faire renouveler leur ordonnance. Ils peuvent désormais le faire depuis leur chambre, via un écran, tout en étant accompagnés par un aide-soignant et en bénéficiant de la même qualité de soins, comme l’explique une enquête de Capital. « Nous utilisons la télémédecine depuis mars 2020 suite au départ de notre médecin coordinateur qui était aussi le médecin traitant de résidents, explique Carine Legrand, directrice de l’Ehpad du groupe Korian Rive de Sélune au Teilleul dans la Manche. Nous sommes dans un désert médical et il fallait assurer la prise en charge de nos 70 résidents. »
Des délais de consultation plus rapides
Grâce à la télémédecine, les résidents peuvent aussi consulter rapidement des spécialistes, comme des ORL ou des cardiologues. Le groupe Korian, qui gère 169 établissements en France, est particulièrement à la pointe sur le développement des téléconsultations. « Nous avons actuellement des téléconsultations de médecine générale pour l’ensemble des Ehpads du groupe de maisons de retraite Korian et nous développons d’ores et déjà les téléconsultations de gérontopsychiatrie pour lesquelles nous avons une région pilote », détaille Julie Michelet, directrice du pôle médical Sud Korian.
Au sein du groupe, des créneaux de téléconsultation gérés par des médecins sont ouverts chaque jour pour les résidents, week-ends et jours fériés inclus. « La télémédecine apporte une solution alternative si le résident n’a pas de médecin traitant ou si celui-ci est indisponible, souligne Julie Michelet. Elle apporte un confort évident au résident en évitant le passage aux urgences dans des situations gérables autrement. »
Une pratique en plein essor
Le groupe Korian n’est pas le seul à avoir compris l’intérêt de la télémédecine pour ses résidents. Si ce dernier développe cette pratique en interne, d’autres établissements ont lancé des appels à projet. Qu’ils s’agissent de faire appel à des prestataires pour fournir les chariots utilisés dans les téléconsultations, ou souhaitent proposer l’accompagnement d’un infirmier, ils peuvent bénéficier du financement de l’Agence régionale de santé (ARS).
Ce qui compte, pour que le projet aboutisse, c’est que celui-ci soit « ajusté aux attentes de toutes les catégories d’utilisateurs potentiels », rappelle le sociologue Alexandre Mathieu-Fritz, qui s’est intéressé à la télémédecine. « Tout le monde doit être d’accord à tous les niveaux, de la directrice de l’établissement à l’aide-soignante qui accompagne le patient, c'est-à-dire tous ceux qui sont censés utiliser le dispositif. »
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