Perturbateurs endocriniens : les scientifiques montent au créneau contre les lobbies
Les perturbateurs endocriniens (pesticides, phtalates, bisphénol A, parabènes, etc.) sont partout: dans l'alimentation, les textiles ou encore les cosmétiques. Face à l'importance des dangers qu'ils représentent pour la santé et l'environnement, une centaine de scientifiques ont signé une tribune publiée mardi 29 dans les colonnes du Monde dans laquelle ils dénoncent les pressions de l’industrie pour maintenir le flou autour de ces substances.
Selon eux, les lobbies ne cessent de balayer les preuves scientifiques pour empêcher l'Europe de lutter contre les perturbateurs endocriniens. "Des individus dans le déni de la science ou financés par des intérêts industriels déforment délibérément des preuves scientifiques afin de créer une fausse impression de controverse. Cette manufacture du doute a retardé des actions préventives et eu de graves conséquences pour la santé des populations et l’environnement", ont-ils écrit.
Et d'ajouter: "jamais l'humanité n'a été confrontée à un fardeau aussi important de maladies en lien avec le système hormonal: cancers du sein, du testicule, de l'ovaire ou de la prostate, troubles du développement du cerveau, diabète, obésité, non-descente des testicules à la naissance, malformations du pénis et détérioration de la qualité spermatique". Par conséquent, face à ce constat des plus alarmants, les scientifiques appellent à limiter l'exposition de la population à ces substances nocives en réglementant strictement leur utilisation.
Chose dite, chose faite car cette tribune intervient alors que la Commission européenne s’apprête à mettre en place "la première réglementation au monde sur le sujet". Seulement voilà: l'organisme aurait basé son projet d'encadrement sur la conclusion d'un avis de l'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) de 2013: "les perturbateurs endocriniens et leurs effets nocifs devraient être traités comme tout autre produit chimique préoccupant pour la santé humaine ou l'environnement".
Mais pour les scientifiques, cette phrase n'est pas à la hauteur des espérances souhaitées car si la Commission venait à définir les perturbateurs endocriniens comme "des produits chimiques comme les autres", elle ne favoriserait pas leur interdiction. Ils seraient donc traités au cas par cas si des problèmes se présentent après leur mise sur le marché. En parallèle, Le Monde a révélé que "cette phrase clé sur laquelle repose l’édifice réglementaire proposé par la Commission a été rédigée avant même que l’expertise scientifique ait véritablement commencé".
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