Publicis Health paiera 350 millions de dollars pour son implication dans la crise des opioïdes
SANTE - Suite à un accord scellé, jeudi 1er février, entre Publicis Health, filiale américaine de Publicis, et Letitia James, procureure de l’Etat de New York, le géant français de la publicité va payer aux Etats-Unis 350 millions de dollars (environ 320 millions d’euros) pour son implication dans la crise des opioïdes.
Dans les années 1990, les médecins américains ont largement été incités à prescrire des opioïdes pour soulager les douleurs de leurs patients. Parmi ces médicaments, l’OxyContin, antalgique produit par le laboratoire Purdue Pharma, est considéré comme étant le déclencheur de la crise des opioïdes aux Etats-Unis. Conséquence de cette "surprescription", des millions d'Américains sont devenus dépendants à cette substance. Selon Angus Deaton, prix Nobel d’économie, les Américains représentaient, en 2017, 5 % de la population mondiale, mais 80 % de la consommation totale d'opioïdes. La procureure de l’Etat de New York estime que Publicis aurait aidé les fabricants d’opioïdes comme Purdue Pharma à convaincre les médecins de prescrire plus d’opioïdes que de raison en développant des stratégies de marketing prédatrices et trompeuses. Selon elle, l'agence de publicité a créé des prospectus décrivant l'OxyContin comme un traitement ”sûr et incapable d'entraîner un usage abusif”.
Une crise qui a fait plus de 280 000 morts entre 1999 et 2021
Les centres de prévention et de lutte contre les maladies (CDC) estiment que plus de 280 000 personnes ont succombé entre 1999 et 2021 à une overdose liée à la prise d’opioïdes obtenus sur ordonnance. Le nombre de décès dépasse les 645 000 si on y inclut la consommation illicite. Selon une étude de l'Institute for Computational Medicine de la Johns Hopkins University, l'espérance de vie à la naissance de la population américaine a été réduite de 0,65 année en 2021 du seul fait des opioïdes. Un rapport du Sénat américain estime que le coût économique de cette crise serait de près de 1,5 milliard de dollars pour la seule année 2020. Face à ce fléau, des Etats comme la Californie ont investi massivement dans la naloxone, l'antidote spécifique des opioïdes.
"Un accord mais pas une reconnaissance de faute ni de responsabilité"
Dans un communiqué, Publicis Health a indiqué que cet accord ne représentait pas une reconnaissance de faute ni de responsabilité. La filiale du géant français n'est pas la première entreprise à mettre la main à la poche. Le cabinet McKinsey, qui a conseillé les laboratoires Purdue Pharma, a également accepté, en 2021, de verser 573 millions de dollars pour solder les poursuites judiciaires lancées contre lui pour avoir contribué à la crise des opioïdes. De grands distributeurs de médicaments comme les chaînes CVS, Walgreens et Walmart ont aussi été poursuivis. Ils ont été condamnés à verser plus de 650 millions d'euros par un juge fédéral. Malgré ce nouvel accord et cette importante somme d’argent versée aux Etats, rien ne pourra compenser les vies perdues et les dépendances subies...
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