Résistance aux antibiotiques : 12.500 morts par an
Le recours massif aux antibiotiques, voire leur abus, entraîne une résistance de plus en plus grande des bactéries. En France, chaque année, 158.000 personnes développent ainsi une infection liée à une bactérie multirésistante, et 12.500 en meurent, selon un rapport remis jeudi 23 au ministre de la Santé Marisol Touraine.
Celle-ci, en commentant ces chiffres, a annoncé "la mobilisation complète des pouvoirs publics pour lutter contre ce phénomène et réduire significativement le nombre de victimes". Et elle s'est fixé deux objectifs: "réduire de 25% la consommation globale d’antibiotiques, et faire passer la mortalité liée à l’antibiorésistance au-dessous de la barre des 10.000 décès par an d’ici 2017".
Le rapport est le résultat d'un groupe de travail dirigé par le Dr Jean Carlet. Ses auteurs y soulignent qu'"aujourd’hui, la résistance bactérienne aux antibiotiques (antibiorésistance) est un grave problème de santé publique mondial qui progresse très rapidement".
"Malgré la mobilisation de l’Organisation Mondiale de Santé, le nombre de victimes (mortalité, morbidité) ne cesse d’augmenter, avec des prévisions de plus en plus pessimistes. Face à l’urgence de trouver de nouvelles thérapies, de préserver les antibiotiques existants et de limiter la progression des résistances dans l’environnement, de nombreux pays ont récemment lancé des plans ambitieux, en particulier les États-Unis et le Royaume-Uni".
Mais les Français continuent de consommer trop d'antibiotiques, soulignent les auteurs du rapport: "Mauvais élève européen, la France dépense entre 71 millions (par rapport à la moyenne européenne) et 441 millions d’euros (par rapport à la moyenne des pays les plus vertueux) de plus que ses voisins en antibiothérapie en ville".
Les auteurs du rapport dénoncent notamment la surconsommation d'antibiotiques "tant en médecine humaine qu’animale" et dans des usages non sanitaires comme dans l’élevage intensif. A cela s’ajoutent des effets écologiques liés à la dispersion de résidus d’antibiotiques dans l’environnement. La pollution (anti-infectieux, métaux lourds, intrants agricoles chimiques, etc.) favorise également la résistance de bactéries aux antibiotiques, qui n'ont désormais plus d'effet sur elles.
"La prévalence croissante, et pas seulement à l’hôpital, de bactéries résistantes à la quasi-totalité des classes d’antibiotiques connues est inquiétante. Le risque, c’est d’entrer dans une ère post-antibiotique", a souligné de son côté Marisol Touraine, qui souhaite que l'action des pouvoirs publics pour réduire cette consommation d'antibiotiques soit également menée au niveau international, et notamment européen.
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