Selon une étude américaine publiée dans la revue Science Advances, les émanations de tabac froid entraîneraient un tabagisme « ultra-passif » présentant des risques pour la santé.
Peu agréable, l’odeur de tabac froid qui imprègne les vêtements d’un fumeur serait également dangereuse pour les personnes qui partagent le même espace que lui. C’est ce que prouve une étude menée par des scientifiques de l’Université de Yale et publiée le 4 mars dans la revue Science Advances.
Les résidus présents dans la fumée de tabac peuvent infiltrer des pièces, même bien ventilées, en se déposant sur les vêtements, la peau et les cheveux des individus, puis ils s'évaporent lentement, dans un processus appelé « dégagement gazeux », détaille l’étude. Ces résidus de fumée, appelés « fumée tertiaire » (thirdhand smoke, en anglais) occasionneraient un tabagisme ultra-passif qui préoccupe les auteurs de l’étude.
Des résidus dangereux dans un cinéma non-fumeur depuis 15 ans
Pour mener à bien leur étude, les chercheurs ont placé un dispositif d’analyse dans les conduits d'évacuation d'air d'un cinéma allemand, dans lequel il était interdit de fumer depuis 15 ans. Sur quatre jours, les niveaux de 35 produits chimiques liés au tabac ont augmenté lorsque des spectateurs entraient dans le cinéma. Parmi eux : des cancérogènes avérés comme le benzène et le formaldéhyde.
Les scientifiques ont établi que la fumée tertiaire exposait les spectateurs à un tabagisme ultra-passif, correspondant à entre 1 et 10 cigarettes, selon les substances. « Nos travaux établissent qu'il y a un dépôt substantiel de composants de "fumée tertiaire" par des personnes au sein d'un vrai environnement intérieur non-fumeur », a explique Drew Gentner, l’un des auteurs de l’étude.
Le phénomène était particulièrement frappant lors de la projection de films réservé à un public adulte comme Resident Evil, ce que les auteurs de l’étude expliquent par le fait que ces films attirent un public plus âgé, donc plus exposé à de la fumée de tabac.
Les risques du tabagisme ultra-passif sont à déterminer
Drew Gentner a cependant avoué ne pas pouvoir se prononcer sur le niveau précis de risques sanitaires présenté par ce tabagisme ultra-passif. Ce risque peut dépendre d’un ensemble de facteurs, notamment la fréquence de l'exposition aux produits chimiques et la proximité des personnes avec la source d'émission de ces polluants, a précisé le chercheur.
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